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Les séances de l'atelier d'écriture de Sciences Po
8 février 2013

Séance virtuelle n° 6 du 07/01/13 [07/02/13

Séance virtuelle n° 6 du 07/01/13

 

   

 

[07/02/13 21:00:49] Olivier Bleys: Bonsoir à toutes et à tous !

[07/02/13 21:01:50] victoire stahl: bonsoir !

[07/02/13 21:01:58] Olivier Bleys: Je dois vous prévenir : ce soir, je ne dispose que d'une connection " publique " (point d'accès mobile), donc il y a un risque non nul que ça coupe à un moment ou à un autre ! Si cela arrivait, j'essaierai de me reconnecter tout de suite !

[07/02/13 21:02:31] Bertille Hollebecque: bonsoir!

[07/02/13 21:02:33] Florian Baroghel: Bonsoir ! Il n'y a pas de soucis, j'ai connu ces conditions pendant plus d'un an, on ne sera pas étonnés !

[07/02/13 21:04:53] Olivier Bleys: Merci !

[07/02/13 21:05:18] Olivier Bleys: Et merci aussi pour les textes reçus. Nous en allons en lire quelques-uns, ce soir.

[07/02/13 21:03:40] emma rouan: Bonsoir!

[07/02/13 21:05:08] Camille: bonsoir

[07/02/13 21:05:22] Bertille Hollebecque: ah on dirait que les problèmes de connexion commencent ^^

[07/02/13 21:06:58] Olivier Bleys: En effet !

[07/02/13 21:07:06] Olivier Bleys: Désolé, ça a coupé un moment.

[07/02/13 21:07:09] Bertille Hollebecque: pour info, la vente de nourriture de l'atelier écriture aura lieu le 27 février, en partenariat avec la couture

[07/02/13 21:09:19] Olivier Bleys: C'est noté. A cette date-là, malheureusement, je serai à Paris. Mon agenda est mis sens dessus-dessous par la promotion de mon roman. J'ai beaucoup d'interviews, de déplacements, de salons, de voyages, etc. Un métier à temps plein !

[07/02/13 21:09:37] Olivier Bleys: Quand se déroule la " nuit des ateliers " ?

[07/02/13 21:09:41] Olivier Bleys: Le 27 / 02 aussi ?

[07/02/13 21:09:47] Bertille Hollebecque: en fait cette information concerne surtout les membres, je profitais du souci de connexion :)

[07/02/13 21:09:57] Olivier Bleys: Hum hum, futé ! ;-)

[07/02/13 21:10:19] Bertille Hollebecque: la nuit de la création est le 28/02, d'ailleurs l'atelier arts plastiques a commencé le travail sur les haïkus et ils ont l'air satisfaits

[07/02/13 21:10:19] Nadin: Nadin a quitté la conversation

[07/02/13 21:10:55] Olivier Bleys: Décidément, je la manquerai encore cette année, la nuit de la création……… Dommage. J'espère qu'il y aura un archivage filmé !

[07/02/13 21:11:05] Bertille Hollebecque: pensez d'ailleurs à prendre vos billets suffisamment à l'avance, il y aura deux fois moins de places que pour l'apéro-concert

[07/02/13 21:11:18] Bertille Hollebecque: il faudra voir ça avec les petits courts ;)

[07/02/13 21:12:19] Olivier Bleys: Bien, voici un premier texte parmi ceux que j'ai reçus, sur le thème, je vous le rappelle, de la contemplation.

[07/02/13 21:12:40] Olivier Bleys: Il est assez long. Voyons s'il est possible de l'afficher intégralement.

[07/02/13 21:12:44] Olivier Bleys: Texte 1 :

[07/02/13 21:12:47] Olivier Bleys: Le bruit de l'horloge résonne familièrement,  symbole du retour dans la réalité scolaire. Deux semaines sans l'entendre n'ont rien changé et je reste persuadée que même des années ne parviendraient à dissoudre le sentiment qu'elle fait naitre. Ce bruit a toujours été présent, plus ou moins fort selon la taille de la salle et la qualité du mécanisme, mais sans jamais cesser de marquer les secondes qui nous rapprochaient de la libération. Aujourd'hui, elle résonne d'autant plus fort que la petite salle est pleine de vide, le bruit peut ainsi s'étendre, se mêlant au ronronnement discret mais bien présent du chauffage et au bruit des feuilles qu'utilisent les rares personnes présentes. Une pièce si vide fait naitre un sentiment assez désagréable, je sens autour de moi l'absence de la chaleur humaine habituellement présente dans une salle de classe, quand on peut deviner la présence de ses voisins simplement par la chaleur qui émane d'eux, rependant dans la salle un sentiment de solidarité commun. 

Ni froid ni chaleur aujourd'hui, la pièce semble morte sans ses nombreux et bruyants habituels habitants. Les rares occupants, trop concentrés, semblent ne pas être réellement présents et seule la sensation de fraicheur émanant de la table en bois me persuade que je suis réellement là, dans un univers matériel. Le silence est seulement tranché par quelques éclats de voix provenant d'une pièce voisine, bruits étouffés par les murs qui renforcent mon impression d'être plongée dans un demi-sommeil. 

Mes yeux à-demi fermés par la torpeur qui m'occupe sont obstrués par des mèches de cheveux dont le voile me laisse juste entrevoir les défauts du mur, et je me retrouve à l'époque des examens, quand mon esprit cherchait dans les rainures et défauts de peinture l'idée salvatrice qui me permettrait de remplir ma copie blanche.

Je n'ai pas de copie blanche aujourd'hui, à la différence de mes camarades. Les touches bruyantes de mon clavier forment une sorte de concurrence au tic-tac régulier de l'horloge. Sous mes avant-bras, la table se réchauffe et cesse de me faire frissonner, mon regard s'attarde sur les reflets des néons qui mettent en lumière les nœuds de la planche, trop régulier pour qu'on puisse s'imaginer qu'ils sont naturels. Seules les marques qui les recouvrent leur donnent un semblant de personnalité, héritage des milliers de coups de stylos qui ont écrit des mots sur cette surface, retranscrivant l'écriture nerveuse d'élèves stressés dont la seule volonté était de se retrouver dehors au plus vite.

Dehors ce n'est pas l'endroit où j'aimerais me trouver maintenant. Si la température impersonnelle de la pièce est inconfortable, je la préfère à celle que la couleur du ciel et le mouvement des branches laissent deviner quand je laisse mon regard couler vers la fenêtre. J'entends le tram passer, comme une longue respiration, un soupir fatigué qui fait écho à mes pensées cotonneuses. Il va bientôt falloir que je retrouve ce monstre de métal rempli de bruit et d'agitation qui ne parviendront pas à me toucher immédiatement mais qui finiront bien par me ramener à la réalité du monde, loin de cette salle vide et silencieuse où même l'air ne semble pas être réel.

[07/02/13 21:12:55] Olivier Bleys: Je vous laisse en prendre connaissance.

[07/02/13 21:16:23] Bertille Hollebecque: j'aime beaucoup l'évocation des marques sur la table, il y a une sorte de nostalgie que, je pense, tous les étudiants ont ressentie un jour

[07/02/13 21:16:52] Florian Baroghel: Si je devais résumer en un mot l'impression que me laisse ce texte, je dirais : "seuil". On a l'impression que l'auteur se pose en spectateur regardant des deux côtés d'un voile placé entre le monde matériel du toucher et de l'odeur, et le monde fantômatique de la vue et de l'ouïe

[07/02/13 21:18:00] Florian Baroghel: fantomatique... ou plutôt fantasmagorique !

[07/02/13 21:18:39] Olivier Bleys: Vos deux remarques sont assez vraies. Le passage des encoches sur la table m'a fait également une impression assez forte, dès la première lecture. Ce n'est pas le seul détail matériel qui est livré sur l'environnement de l'auteur, au contraire le texte fourmille de détails précis et évocateurs, mais, j'ignore pourquoi, c'est celui qui fait le mieux relief.

[07/02/13 21:19:44] Olivier Bleys: Il y a un équilibre réussi entre les évocations sensorielles (tous les sens sont présents, même s'ils ne sont pas à égalité) et la retrancription d'états d'âme intérieurs.

[07/02/13 21:20:34] Olivier Bleys: On dirait que le texte fonctionne par spirale : on ne cesse d'aller et venir entre le dedans, le dehors (de soi, de la pièce) ; le dessous, le dessus ; le présent, le futur.

[07/02/13 21:21:18] Olivier Bleys: Le désir de fuir, qu'il soit celui de l'auteur ou celui qu'il suppose à d'autres étudiants, crée des alertes récurrentes dans le récit.

[07/02/13 21:22:28] Bertille Hollebecque: D'une manière générale, peut-être à cause de l'évocation des tables, je trouve que la relation au temps est assez forte, que ce soit par le biais des étudiants qui se succèdent promo après promo ou sont pressés de finir leur devoir pour sortir, ou encore de l'horloge

[07/02/13 21:22:59] Olivier Bleys: Je parlais de spirale, mais le mot de balancement semble plus juste, car il n'y a pas l'idée de progression verticale que suppose la spirale. Au contraire, on fait du sur-place.

[07/02/13 21:23:11] Florian Baroghel: Oui, il y a comme une superposition du temps, qui s'écoule de la même manière à plusieurs jours, mois ou années, d'intervalle

[07/02/13 21:25:01] Olivier Bleys: @Bertille, Florian : en effet, la notion de temps est centrale. C'est un texte assez proustien ! Le passé, le présent aux contours indécis et le futur fusionnent. On a le sentiment que le temps ne passe pas, mais qu'un cycle est à l'œuvre, et qu'on revient sans cesse à une expérience déjà connue, qu'elle soit la sienne ou celle d'autres élèves.

[07/02/13 21:26:17] Olivier Bleys: L'irréalité — soulignée par la dernière phrase — revêt également une grande importance.

[07/02/13 21:26:58] Olivier Bleys: Ce texte pourrait s'intituler " LIMBES ", ou " LOST IN TRANSLATION " (!), car on se situe dans un entre-deux, dans un entre-mondes.

[07/02/13 21:29:34] Olivier Bleys: Pour l'améliorer, je pense que l'auteur aurait pu faire un peu plus court, plus ramassé. Certes, son étendue participe de l'impression d'égarement temporel et spatial, mais elle génère un peu de lassitude, aussi — en tout cas, le risque est présent.

[07/02/13 21:30:35] Olivier Bleys: A la lecture, vous a-t-il semblé long ?

[07/02/13 21:31:42] Bertille Hollebecque: il m'a paru relativement long, mais pas forcément trop, étant donné que la longueur participe aussi de l'ambiance en demi-teinte

[07/02/13 21:32:37] Florian Baroghel: Non, il ne m'a pas semblé long, puisque les différentes parties s'enchaînent de façon logique. Peut-être le dernier paragraphe est-il un peu en décalage par rapport au reste, mais ça ne laisse pas vraiment une impression de longueur

[07/02/13 21:34:08] Olivier Bleys: @Bertille : ambiance en demi-teinte, cela m'évoque un terme de peinture, SFUMATO ; dixit le Robert : " Modelé vaporeux (en peinture). Le sfumato de Vinci, du Corrège. " Je crois que nous y sommes !

[07/02/13 21:34:10] victoire stahl: il ne m'a pas semblé long non plus, il est très fluide et l'impression d'égarement se fait sans que les idées se répètent forcément

[07/02/13 21:36:09] Olivier Bleys: En tout cas c'est un texte régulier, constant, qui ne dévie pas de son sujet et reste de la première à la dernière ligne — sauf peut-être, comme le signale Florian, dans le dernier paragraphe — fidèle aux mêmes impressions, au même lexique ; d'où l'impression générale d'unité

[07/02/13 21:36:17] Olivier Bleys: Je vous soumets un autre texte

[07/02/13 21:36:39] Olivier Bleys: Texte 2 :

[07/02/13 21:36:40] Olivier Bleys: La couverture sur mes épaules me réchauffe pauvrement et mon ordinateur a trouvé un équilibre précaire sur mes jambes croisées. Le mal de crâne, la démangeaison sur ma jambe due à mon récent tatouage, mes inquiétudes diverses menacent sans cesse de me distraire. Heureusement je ne suis troublée que par peu de bruit. Le vrombissement d'un camion de la voirie dans la rue, le fracas de quelques poubelles qu'on vide et qu'on repose, et c'est fini. L'odeur de ma crème hydratante entre en conflit avec le gout de yaourt à la vanille qui reste au fond de ma bouche et m'inflige une légère nausée. Le froid attaque cruellement le bout de mon nez et mes mains mais je dois laisser ces dernières sur le clavier. La lumière, le rouge écarlate de ma table et le désordre incroyable de mon appartement agresse mes yeux que je dois garder bien ouverts et fixés sur mon travail d'écriture. Une multitude d'objets hétéroclites parsèment mon plancher et mes meubles suédois bon marché : verres, papiers, bouteilles, livres, vêtements, coussins et bibelots divers. Certains sont bien à leur place, la peluche de maitre Yoda me souris paisiblement sur son étagère, les photos, posters et cartes postales qui décorent les murs blancs amènent les souvenirs agréable de mes proches, de mes voyages et de mes films préférés. D'autres témoignent d'une terrible incapacité à ranger régulièrement : que font ce collant, cette petite cuillère et cette vieille dissertation de culture générale sur mon canapé ?

[07/02/13 21:39:06] Bertille Hollebecque: Je trouve qu'ici on a plus une ambiance plus terre-à-terre, les détails évoqués sont plus précis

[07/02/13 21:40:01] Camille: C'ets vrai que les détails sont plus précis, on est moins dans le vague. je trouve bien qu'il y ait l'ensemble des différents sens, ainsi que les précoccupations de la personne

[07/02/13 21:41:24] Florian Baroghel: Cette fois, mon mot serait "conflit" ! Le texte semble se séparer en deux parties opposées : le début témoigne d'une situation désagréable, déséquilibrée, face à une fin plus rassurante et familière. Et, au sein de la première partie, il y a comme un rythme binaire (le camion et les poubelles ; la crème et le yaourt ; lumière et désordre) qui sonne, à mon sens, comme une friction constante

[07/02/13 21:42:17] Olivier Bleys: Ce texte est très fidèle à l'énoncé de l'exercice ; il constitue un inventaire très détaillé, très précis en effet, d'un instant figé dans l'écoulement du temps — l'instant de l'écriture.

[07/02/13 21:44:15] Olivier Bleys: Il est curieux d'observer que les deux textes lus jusqu'ici traduisent des impressions désagréables. Même ici, dans une situation a priori confortable (on écrit chez soi, bien au chaud), les notations de gêne, voire de douleur, abondent : " mal de crâne ", " démangeaison ", " inquiétude diverse ", " légère nausée "…

[07/02/13 21:45:26] Olivier Bleys: Ce qui me semble en jeu, c'est l'attention, la concentration de l'auteur qui menacent à chaque instant de se disperser, sous l'influence d'éléments extérieurs.

[07/02/13 21:48:21] Olivier Bleys: Pour améliorer le texte, je pense qu'on pourrait, d'une part, varier un peu le mode de construction des phrases dont beaucoup obéissent au même modèle (le style descriptif tend à les fondre dans le même moule) et, d'autre part, les réordonner pour introduire une progression logique. Car l'attention de l'auteur, telle qu'elle s'exprime ici, semble partir dans toutes les directions : il ou elle s'intéresse à des sensations, puis aux camions dans la rue, puis de nouveau aux saveurs dans sa bouche, etc. Cela donne le sentiment d'une accumulation un peu désordonnée.

[07/02/13 21:49:32] Olivier Bleys: Finir par une question est une très bonne idée. Le léger effet de surprise qui en découle est bienvenu, on brise la linéarité intéressante mais un peu fade des propositions qui précèdent.

[07/02/13 21:51:25] Olivier Bleys: Peut-être aussi les ressentis de l'auteur mériteraient-ils d'avoir une plus grande place, car elle est réduite, ici. Les objets, leur évocation matérielle sont assez envahissants, au détriment peut-être du regard porté sur eux.

[07/02/13 21:52:39] Bertille Hollebecque: le côté désordonné ne m'a personnellement pas gênée, je trouve que cela donne l'impression que les éléments sont évoqués au moment où l'auteure en prend conscience

[07/02/13 21:52:55] Olivier Bleys: Je pense que c'est exactement le cas.

[07/02/13 21:53:43] Olivier Bleys: Mais, pour ma part, il en a résulté un côté " bric-à-brac " qui empêchait d'avoir une idée complète, intégrale de la scène. Certes, ça peut être un parti-pris.

[07/02/13 21:53:49] Olivier Bleys: En avant pour le texte 3 ?

[07/02/13 21:53:55] Olivier Bleys: Texte 3

[07/02/13 21:53:57] Olivier Bleys: Dans la salle, les chaises et les tables sont alignées, comme si elles attendaient l’être qui allait venir leur imposer sa présence. Le ciel gris au-dehors, et le brouillard qui se lève, évoquent un hiver froid et sec. C’est un décor irréel, on le dirait suspendu dans le temps, puisque le silence, bien que discrètement perturbé par le crissement de la plume ou le claquement du clavier, emplit l’espace. On a l’impression d’être Persée affrontant Méduse au centre de son jardin de statues de pierre. La nature à l’extérieur est immobile, le vent ne souffle que légèrement. La température en sera plus supportable une fois dehors.

Le temps reprend enfin son cours car, par-dessus les faibles sons à peine audibles, l’horloge et son aiguille résonnent soudain de façon assourdissante à mes oreilles. Le décor ne change pas pour autant. Le tableau n’a pas été effleuré par la craie aujourd’hui et aucune trace n’y apparaît. L’attention se tourne vers les sons. C’est un homme, portant des chaussures de ville, qui passe dans le couloir derrière moi. Dans le rythme saccadé de l’écriture s’intercalent désormais quatre respirations, formant ainsi une mélodie plus harmonieuse. De nouveau, le regard se tourne vers l’extérieur où le brouillard a progressé. La lumière des néons encastrés dans le plafond met en valeur la grisaille extérieure et le déclin du jour.

Ce qui m’étonne, c’est à quel point mon regard et mes pensées préfèrent s’égarer au loin plutôt que de détailler mon environnement proche. La vision mène à l’évasion mais les sons nous recentrent. Finalement, le silence est définitivement rompu par le bruit sourd de la pluie s’abattant avec violence sur le sol, au-dehors. On voit les gouttes perler des branches des arbres, comme s’ils pleuraient.

[07/02/13 21:55:42] Bertille Hollebecque: De nouveau, je trouve qu'on a une sensation d'irréalité. Peut-être est-ce lié à l'iep ? ^^

[07/02/13 21:55:55] Olivier Bleys: ah, ah, ah !

[07/02/13 21:56:15] Camille: effectivement, les gens dans la salle ont l'air d'avoir eu le même ressenti

[07/02/13 21:56:59] Olivier Bleys: D'une certaine façon, examiner avec autant de minutie et d'attention un instant de votre vie, comme un papillon épinglé sur une plaque de liège, c'est assez peu réaliste. L'exercice lui-même est une contorsion de la réalité.

[07/02/13 22:00:07] Olivier Bleys: Il y a un certain mimétisme, que vous avez relevé, entre ce texte et le premier que nous avons abordé. De nouveau, nous allons et venons entre différents espaces, entre le dedans et le dehors, et le temps paraît lui-même sujet à quelques ondoiements.

[07/02/13 22:02:36] Bertille Hollebecque: Il semblerait que les gens soient plus enclins à regarder par la fenêtre à l'iep que chez eux... Une habitude contractée en cours?

[07/02/13 22:02:53] Florian Baroghel: Ne se prononce pas !

[07/02/13 22:05:45] Bertille Hollebecque: ^^

[07/02/13 22:06:05] Olivier Bleys: A travers ces trois textes, on voit différentes " stratégies ", conscientes ou non, adoptées par l'auteur pour suivre l'énoncé de l'exercice. Comment les qualifier ? Je dirais que nous avons rencontré la stratégie de la juxtaposition (des objets saisis et décrits dans n'importe quel ordre, comme les trouvait l'attention papillonnante de l'auteur) et celle de l'ondulation (un va-et-vient nauséeux entre des impressions répétitives)

[07/02/13 22:08:47] Olivier Bleys: Jusqu'à présent, la stratégie d'une évocation ordonnée, partant par exemple d'un infime détail — le stylo courant sur le papier — pour aboutir à un cadre très large (l'univers, le ciel déployé au-dessus des bâtiments de l'IEP !) n'a pas été utilisée. Ce peut être une piste de travail pour vous, ou une idée pour d'autres textes : en dresser le plan mentalement, pour que les phrases se présentent dans une succession naturelle. Ce n'est pas obligatoire, mais cela peut contribuer au confort du lecteur.

[07/02/13 22:11:38] Olivier Bleys: A noter, dans le troisième texte, que le " je " est rarement utilisé, et seulement dans la seconde partie. Au début, c'est un " on " anonyme qui s'exprime.

[07/02/13 22:11:50] Olivier Bleys: L'auteur s'efface derrière son sujet.

[07/02/13 22:12:15] Florian Baroghel: Il est vrai que souvent, il est plus facile de lire un texte dans lequel la dimension temporelle est claire, ou logique, mais j'ai personnellement trouvé plus intéressant d'écrire un texte dans lequel le temps est aussi aléatoire que les événements... Alors, d'abord le plaisir du lecteur ou de l'auteur ? :)

[07/02/13 22:14:52] Camille: je pense qu'un plan de texte, c'est sans doute confortable pour le lecteur, mais il doit vite avoir l'impression de toujours lire la même chose

[07/02/13 22:15:34] Olivier Bleys: Débat très intéressant ! Pour ma part, j'ai tendance à croire que le plaisir de l'auteur est contagieux, qu'il contamine naturellement le lecteur. Je ne sais pas s'il existe d'écrit produit dans l'effort ou l'ennui qui, par la suite, ravisse un lecteur. Ça me paraît difficile. D'après mon expérience personnelle, je peux témoigner que les chapitres ou les passages qu'on a eu le plus de plaisir — et donc d'aisance — à écrire sont ceux qui rencontrent le plus d'adhésion chez le lecteur.

[07/02/13 22:15:48] Olivier Bleys: (c'était pour répondre à Florian)

[07/02/13 22:16:15] Olivier Bleys: Donc… privilégiez votre plaisir.

[07/02/13 22:16:34] Florian Baroghel: Ce sera fait !

[07/02/13 22:20:18] Olivier Bleys: @Camille : par " plan de texte ", je ne voulais pas dire un plan général s'appliquant à l'ouvrage entier, ni même à de longs chapitres, mais une stratégie de détail concernant de courtes sections (comme ici, une vingtaine de lignes). Avant qu'un plan différent le remplace. Je crois très important, lorsqu'on raconte une histoire, de varier les effets, de surprendre par des approches qui ne soient jamais les mêmes. L'ennui résulte de la répétition, oui. Mais sur 20 - 30 lignes, il n'a pas le temps de germer.

[07/02/13 22:20:55] Olivier Bleys: Le dernier texte, ce soir !

[07/02/13 22:21:16] Olivier Bleys: Texte 4 :

[07/02/13 22:21:19] Olivier Bleys: Un courant d’air vif entre dans le salon par la fenêtre ouverte, amenant avec lui la rumeur de la rue : marteau-piqueur, bribes de conversations, talons heurtant le pavé à un rythme régulier… Malgré cela je me sens presque somnolente, bercée par le grincement discret de mon fauteuil d’osier, réchauffée par mon pull marin,  avec la présence furtive de mon amie à côté, à peine signalée par quelques bruits de feuilles froissées. Mon ordinateur ronronne devant moi, attendant que je lui confie d’autres tâches, peu troublé par la table légèrement bancale sur laquelle il est installé. Je m’étire, respire l’odeur mêlée du linge propre qui sèche à côté et du café qui m’attend dans la cuisine. Mes cheveux mouillés, les bruits lointains de la ville et la lumière claire me rappellent que la journée commence. Elle commence même plutôt bien.

[07/02/13 22:22:26] Florian Baroghel: Un texte optimiste, et même joyeux ! Ca, c'est nouveau !

[07/02/13 22:22:33] Olivier Bleys: Exactement !

[07/02/13 22:23:11] Olivier Bleys: Comme quoi, la vie d'étudiants n'est pas tissée seulement de moments d'ennui et de rêvasserie morose !  ;)

[07/02/13 22:24:08] Camille: plus joyeux oui, je trouve qu'il laisse la même impression de rêveries que les précédents textes

[07/02/13 22:24:24] Camille: j'aime beaucoup la personnalisation de l'ordinateur

[07/02/13 22:25:08] Florian Baroghel: Ce que je trouve très riche dans ce texte, c'est la facilité avec laquelle on peut se glisser dans la peau de l'auteur ! Je pense que tout le monde a déjà ressenti cette calme satisfaction de se lever en étant bien réveillé, et enthousiaste (même si c'est assez rare en hiver !)

[07/02/13 22:25:37] Olivier Bleys: C'est l'un des textes où le narrateur existe le mieux. " Je me sens presque somnolente " : dès cette phrase, la deuxième, le personnage existe complètement, dotée d'une humeur, d'une attitude, d'une réalité physique encore ténue mais qui épaissira.

[07/02/13 22:28:02] Olivier Bleys: Ta remarque rejoint la mienne, Florian : il y a une identification facile, rapide, et même immédiate. Cela tient selon moi à la simplicité et au naturel de cette note, " je me sens presque somnolente ", qui ressemble à une ligne de journal intime — ou à un tweet ! — et qui fait exister le narrateur.

[07/02/13 22:28:18] Olivier Bleys: Il suffit donc de peu !

[07/02/13 22:29:29] Olivier Bleys: La peinture du quotidien est réussie, à travers là encore des gestes ou des attitudes que chacun a eus ou peut avoir : je m'étire, je respire les odeurs, j'ai les cheveux mouillés, etc.

[07/02/13 22:30:55] Olivier Bleys: Si je devais qualifier ce texte, j'emploierais l'adjectif : impressionniste. On a le sentiment d'un décor, et même d'un récit, construit par petites touches de couleurs posées côte à côte, dont le sens général nous échappe tout d'abord, puis se révèle quand le travail est achevé.

[07/02/13 22:31:42] Olivier Bleys: C'est une façon d'écrire très juste et très plaisante. Puisqu'il s'agit d'un commencement, précisément, on voudrait connaître la suite. N'avez-vous pas eu cette sensation, cette attente après la dernière phrase ?

[07/02/13 22:35:26] Florian Baroghel: A vrai dire, j'aurais peur d'être déçu par la suite, dans le sens où l'impression racontée dans ce texte est tellement agréable, qu'une suite ne pourrait narrer que des événements qui terniraient cette joie ! Et la dernière phrase "Elle commence même plutôt bien." a un côté aventureux / aventurier, qui, pour ma part, me lance de moi-même dans une rêverie quant à la suite de la journée, ce qui en fait une excellente conclusion !

[07/02/13 22:36:15] Olivier Bleys: C'est vrai, la suite peut être décevante, car c'est un texte délicat et l'on craint qu'en prolongeant le récit, ce sentiment très juste et très fin ne soit abîmé.

[07/02/13 22:36:33] Olivier Bleys: Chers amis, il se fait tard. Je vais devoir vous quitter. Merci pour vos textes, chacun à votre façon vous avez parfaitement rempli l'objectif que je vous avais assigné — il s'agissait rien moins que de suspendre le temps !

[07/02/13 22:36:59] Olivier Bleys: J'ai commencé d'entamer les discussions avec l'IEP pour notre publication commune. Je vous dirai très bientôt ce qu'il en est.

[07/02/13 22:38:02] Olivier Bleys: Vous pouvez d'ores et déjà réfléchir à des documents (photos, dessins…) dont vous seriez l'auteur, et qui pourraient accompagner la publication de vos textes. Ce serait plus intéressant que des illustrations anonymes.

[07/02/13 22:38:20] Bertille Hollebecque: En principe l'atelier a un budget de départ de 200€, plus les recettes de ventes de nourriture

[07/02/13 22:38:52] Olivier Bleys: Par exemple, le thème de " nuit bleue " qui a inspiré vos haïkus… peut-être avez-vous, ou pouvez-vous faire des photos assorties ? Nous en reparlerons.

[07/02/13 22:39:10] Olivier Bleys: @Bertille : pardon, nos billets se sont croisés.

[07/02/13 22:39:31] Olivier Bleys: J'ignorais même que l'atelier avait un budget !!!!!? Il faudra que tu m'en parles plus en détail.

[07/02/13 22:39:40] Olivier Bleys: Je vous laisse, bonne nuit à toutes et à tous !

[07/02/13 22:39:46] Bertille Hollebecque: Bonne nuit!

[07/02/13 22:39:53] Camille: bonne soirée !

[07/02/13 22:39:53] Florian Baroghel: Merci ! Bonne nuit / soirée à toutes et à tous !

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