Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les séances de l'atelier d'écriture de Sciences Po
4 janvier 2013

Séance virtuelle n° 5 du 03/01/13 [03/01/13

Séance virtuelle n° 5 du 03/01/13

 

 
 

 

[03/01/13 21:03:17] Olivier Bleys: Bonsoir !

[03/01/13 21:03:30] Bertille Hollebecque: Bonsoir!

[03/01/13 21:03:35] Florian Baroghel: Bonsoir et bonne année !!

[03/01/13 21:03:44] Olivier Bleys: Merci ! Tous mes vœux également !

[03/01/13 21:03:45] Bertille Hollebecque: Bonne année à tous

[03/01/13 21:04:39] Olivier Bleys: Petite séance, ce soir. En complément de la précédente, pour achever de commenter les haïkus que vous avez écrits.

[03/01/13 21:05:16] Екатерина: Bonsoir a tous) Bonne année a tous!

[03/01/13 21:05:24] Olivier Bleys: Bonsoir et bonne année !

[03/01/13 21:05:57] Olivier Bleys: Pour celles et celui qui voudraient s'y reporter, la dernière séance se trouve ici :

[03/01/13 21:05:59] Olivier Bleys: http://eplosionseances.canalblog.com/archives/2012/12/28/26007223.html

[03/01/13 21:06:19] Екатерина: Je dois prevenir que je pourrai pas assister plus que 30 minutes parce que c'est deja minuit a Moscou.

[03/01/13 21:06:51] Flo: bonsoir :)

[03/01/13 21:07:13] Olivier Bleys: @Flo : bonsoir !

[03/01/13 21:09:02] Olivier Bleys: Nous avons déjà relu ensemble un choix d'haïkus de Florian (Dans le bar enfumé…) et de Camille (Dans le ciel céruléen…).

[03/01/13 21:10:27] Olivier Bleys: Je vous propose de travailler sur celui-ci, produit lors de la même séance :

[03/01/13 21:10:31] Olivier Bleys: Sais-tu quoi peut être 

si verbeux et taciturne ?

C’est la nuit même

[03/01/13 21:10:46] Olivier Bleys: … par Nadin

[03/01/13 21:11:08] Bertille Hollebecque: c'et court mais assez percutant je trouve

[03/01/13 21:11:21] Olivier Bleys: C'est aussi mon avis. Pour un lecteur français des classiques de son pays, ce texte évoque Mallarmé.

[03/01/13 21:11:57] Olivier Bleys: Concision, sens ramassé, syntaxe et grammaire un peu " chahutées " mais pour servir un effet

[03/01/13 21:12:52] Olivier Bleys: Extrait d'un poème de Mallarmé, " don du poème " :

[03/01/13 21:12:53] Olivier Bleys: Je t’apporte l’enfant d’une nuit d’Idumée !

Noire, à l’aile saignante et pâle, déplumée,

Par le verre brûlé d’aromates et d’or,

Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor

L’aurore se jeta sur la lampe angélique,

Palmes ! et quand elle a montré cette relique

A ce père essayant un sourire ennemi,

La solitude bleue et stérile a frémi.

[03/01/13 21:12:55] Florian Baroghel: On a l'impression d'avoir à la fois une devinette et un haïku, je trouve que c'est très original

[03/01/13 21:13:05] Bertille Hollebecque: je le verrais bien illustré par l'art plastique

[03/01/13 21:13:06] Olivier Bleys: @Florian : bien vu

[03/01/13 21:13:14] Olivier Bleys: @Bertille : sous quelle forme ?

[03/01/13 21:13:47] Bertille Hollebecque: probablement en peinture, mais je pense que ce poème pourrait être repris intégralement

[03/01/13 21:13:59] Bertille Hollebecque: je parle de celui de nadin

[03/01/13 21:14:24] Olivier Bleys: Oui, j'avais bien compris.

[03/01/13 21:14:25] Olivier Bleys: Cela m'évoque aussi les devinettes bambaras, vous connaissez ? Elles se fondent sur un poème assez mystérieux, sibyllin, ou sur une image qui n'est pas évidente à déchiffrer du premier coup d'œil.

[03/01/13 21:14:38] Olivier Bleys: Cela rejoint ton idée d'illustration, Bertille.

[03/01/13 21:17:39] Olivier Bleys: C'est vrai que ce texte se prête à de multiples interprétations. Que peut être une nuit " verbeuse " ? On peut l'entendre comme une nuit fourmillant d'étoiles, ou pleine de rumeurs (chants d'insectes, bruits d'animaux). Mais la nuit, paradoxalement, est aussi " taciturne " car les humains sont endormis, et l'on n'entend aucune parole articulée. La nuit apparaît à la fois silencieuse et très bavarde.

[03/01/13 21:18:24] Florian Baroghel: Silencieuse et bavarde, amicale (voire enjouée) et menaçante

[03/01/13 21:18:42] Bertille Hollebecque: je trouve qu'il y a l'idée d'une présence, mais pas humaine

[03/01/13 21:19:46] Olivier Bleys: Et la syntaxe défaillante de la première proposition, " Sais-tu quoi peut être ", qui n'est sans doute pas volontaire, est plus riche que " sais-tu ce que peut être ". Un Français ne tournerait peut-être pas la phrase ainsi ? Mais, à être plus correcte, elle serait plus plate, moins expressive.

[03/01/13 21:20:09] Olivier Bleys: @Bertille : cela croise, me semble-t-il, ton idée d'une présence non humaine. Ce " quoi " indéfini est lourd de menaces.

[03/01/13 21:20:18] Bertille Hollebecque: c'est vrai, ça donne un côté plus abstrait

[03/01/13 21:21:00] Olivier Bleys: On sent dans ce " quoi " l'animal inconnu qui rôde autour du campement, la grande peur ancestrale de la nuit. Vraiment, une réussite !

[03/01/13 21:21:35] Olivier Bleys: Le dernier vers, " c'est la nuit même ", porte une émotion qu'il m'est difficile de qualifier. Dans sa simplicité, je le trouve touchant.

[03/01/13 21:22:15] Olivier Bleys: Qu'exprime-t-il, au juste ? C'est la nuit toute simple, c'est la nuit toute nue, ce n'est rien que la nuit ?

[03/01/13 21:22:57] Bertille Hollebecque: tout ça à la fois peut-être?

[03/01/13 21:23:34] Екатерина: Moi je vois aussi le sens romantique dans ce petit poème. En Russie on dit que la nuit c'est l'ami de la jeunesse donc et en rapport avec cela la nuit peut être silencieuse si deux amoureux s'entendent bien la nuit et peut être taciturne s'il y a une dispute entre deux parce que ça arrive plus souvent la nuit.

[03/01/13 21:24:09] Florian Baroghel: Je pense que ça peut aussi vouloir exprimer l'essence même de la nuit, quelque chose d'incompréhensible à l'échelle humaine (d'où le quoi)

[03/01/13 21:24:33] Olivier Bleys: @Bertille : Oui, donc un tour de force, d'avoir pu ramasser en quatre mots ces résonances diverses. Cela m'évoque un poème de Supervielle, découvert l'été dernier, et qui m'a beaucoup frappé à la première écoute :

[03/01/13 21:24:35] Bertille Hollebecque: j'aime beaucoup l'explication de Katya

[03/01/13 21:24:40] Olivier Bleys: « Ne touchez pas l’épaule

Du cavalier qui passe

Il se retournerait

Et ce serait la nuit »

[03/01/13 21:25:07] Olivier Bleys: @Bertille : j'approuve !

[03/01/13 21:25:16] Olivier Bleys: @Florian : idem !

[03/01/13 21:25:46] Olivier Bleys: Bon, il est peut-être temps de passer au suivant.

[03/01/13 21:26:00] Olivier Bleys: L’encre bleue sous ma peau 

La douleur par-dessus 

La nuit comme tatouage

[03/01/13 21:26:49] Olivier Bleys: Ce haïku nous est servi comme un feuilleté à multiples dimensions.

[03/01/13 21:27:10] Olivier Bleys: L'idée du dessus, du dessous, de profondeurs diverses et d'une certaine confusion spatiale

[03/01/13 21:27:17] Olivier Bleys: … d'un vertige ?

[03/01/13 21:28:48] Florian Baroghel: Je trouve cet haïku extrêment déroutant. Les deux premiers vers tendent vers une interprétation concrète, mais "la nuit comme tatouage" est une chute qui me laisse confus (dans le bon sens du terme !). Cela reste difficile à imaginer, et peut signifier à la fois un tatouage concret, ou un "tatouage abstrait" dans le sens où la nuit serait comme posée à même le corps, comme une couverture ou un camouflage...

[03/01/13 21:29:17] Olivier Bleys: Je trouve le dernier vers très réussi, du point de vue surtout de sa sonorité. Le mot " tatouage " inclut lui-même une petite allitération (répétion de consonnes) qui prépare l'effet. " La nuit comme " devient caisse de résonance.

[03/01/13 21:29:46] Bertille Hollebecque: comme pour l'autre poème, je trouve qu'il pourrait bien s'illustrer, peut-être dans des tons de bleu, avec le poème calligraphié sur de la peau

[03/01/13 21:30:47] Olivier Bleys: @Florian : je comprends ton sentiment, mais à la lecture je n'ai pas senti cette dispersion (agréable ou pas) que tu signales. Le mot " tatouage " porte naturellement l'idée d'une écriture de surface, toutefois assez profonde pour être indélébile, donc cela paraît conforme au sens des deux premiers vers.

[03/01/13 21:31:36] Olivier Bleys: @Bertille : c'est une nuit à mirages ! Cependant, rien d'étonnant à ce que les haïkus portent des images. Plus ils sont courts, plus grand est l'espace laissé à notre imagination.

[03/01/13 21:31:50] Екатерина: Je pense que c'est poème est très animé car quand je le lis il m'arrive très vite dans ma tête une image de ce qui est décrit. Je pense que c'est grâce à de belles métaphores.

[03/01/13 21:32:22] Olivier Bleys: Je me permets de citer deux autres haïkus du même auteur, car ils possèdent tous une unité :

[03/01/13 21:32:29] Olivier Bleys: Foncer dans la nuit 

Sous les éclairs bleu vif 

Pour exploser avec toi

[03/01/13 21:32:35] Olivier Bleys: Guitare, batterie, rock'n'roll 

Néons d'un bleu électrique 

Musique folle toute la nuit

[03/01/13 21:32:39] Olivier Bleys: … et même un troisième :

[03/01/13 21:32:44] Olivier Bleys: Ecran allumé, film chargé 

Mon pyjama bleu enfilé 

Zut ! panne d'électricité.

[03/01/13 21:33:06] Olivier Bleys: Je ne m'étais pas aperçu que le bleu était partout. Voilà qui donne raison à Bertille et à Екатерина !

[03/01/13 21:33:47] Olivier Bleys: On retrouve dans l'ensemble de ces textes un cadre urbain, la vitesse, l'amour, sans doute le sexe et, me semble-t-il, quelque chose des excès adolescents.

[03/01/13 21:33:52] Olivier Bleys: C'est une écriture à sensations fortes.

[03/01/13 21:34:02] Olivier Bleys: Mais c'était aussi la consigne : " nuit bleue "

[03/01/13 21:34:49] Bertille Hollebecque: le dernier est très drôle

[03/01/13 21:35:14] Florian Baroghel: J'ai l'impression que les deux premiers haïkus vont du concret vers l'abstrait (c'est ce qui m'avait désarçonné de façon très plaisante !) et font ainsi réfléchir, alors que les deux suivants racontent des événements compréhensibles, et qui font rapidement sourire puisqu'on se les représente très bien

[03/01/13 21:35:40] Olivier Bleys: De l'humour dans les haïkus, c'est finalement assez neuf.

[03/01/13 21:35:47] Bertille Hollebecque: c'est vrai, ceux-là sont beaucoup plus terre-à-terre

[03/01/13 21:37:53] Olivier Bleys: Le dernier haïku (" écran allumé, film chargé /…/ ") est presque de l'ordre du gag. Il comporte une chute évidente. D'une certaine façon, c'est l'équivalent écrit des " strips ", bandes dessinées en trois cases où l'on doit loger — à l'étroit, donc — une petite histoire qui commence et finit rapidement. Peut-être un genre prometteur ?

[03/01/13 21:38:11] Olivier Bleys: Je vous propose de passer au haïku suivant :

[03/01/13 21:38:13] Olivier Bleys: La nuit tombe brusquement,

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:38:40] Florian Baroghel: L'allitération dans le deuxième vers est frappante !

[03/01/13 21:39:23] Olivier Bleys: Oui, tu m'as pris de vitesse, je voulais formuler la même remarque.

[03/01/13 21:39:34] Florian Baroghel: Et comme elle se poursuit dans le troisième, ça donne un effet de continuité et de durée qui contraste avec le "brusquement" du premier vers !

[03/01/13 21:40:07] Bertille Hollebecque: c'est vrai, les sonorités sont très travaillées

[03/01/13 21:41:30] Olivier Bleys: Peut-être l'adverbe " brusquement " alourdit-il le premier vers ? Le mot est un peu long. Avec " soudain ", " d'un coup ", on accentuerait l'effet de surprise, on marquerait la rapidité du phénomène — dans le même temps, j'y pense, s'il s'agit d'une nuit russe, elle n'a pas la brusquerie des nuits tropicales.

[03/01/13 21:41:50] Florian Baroghel: Ha, et je viens de remarquer : une roulade qui rententit, c'est pas banal, surtout sans aucun contact avec le sol !

[03/01/13 21:42:41] Olivier Bleys: Nous entrons dans une synonymie un peu fine mais c'est une piste, en effet, pour améliorer encore le texte.

[03/01/13 21:43:27] Olivier Bleys: " Retentir " porte l'idée d'un son assez fort, qui s'impose à l'attention, qui agite l'air. On pouvait choisir d'autres mots plus doux.

[03/01/13 21:44:16] Bertille Hollebecque: je trouve le paradoxe entre rossignol et retentir assez intéressant

[03/01/13 21:44:49] Olivier Bleys: Le chant du rossignol est peut-être très fort, très puissant ; cela fait quelque temps que je ne l'ai pas entendu !

[03/01/13 21:45:07] Olivier Bleys: En tout cas, il est certain que les deuxième et troisième vers nous emportent, nous enlèvent au sol et à la pesanteur de la nuit.

[03/01/13 21:45:32] Florian Baroghel: Et si, afin toujours d'accentuer la soudaineté du premier vers, "brusquement" était remplacé par "brusque" : ce n'est pas un mot fréquemment employé, cela peut-il contribuer à l'effet de surprise ?

[03/01/13 21:45:34] Olivier Bleys: Je sens un mouvement ascensionnel dans ces deux vers-là, à l'opposé du premier qui porte une chute.

[03/01/13 21:46:27] Olivier Bleys: @Florian : " la nuit tombe brusque " ; l'adjectif ne me paraît pas si rare mais, placé ainsi en position adverbiale, en effet, il se démarque.

[03/01/13 21:46:51] Bertille Hollebecque: "soudain" serait en efft

[03/01/13 21:46:55] Olivier Bleys: Je crois qu'un peu d'audace ne nuit pas.

[03/01/13 21:46:56] Bertille Hollebecque: *effet plus dux

[03/01/13 21:47:05] Bertille Hollebecque: *doux

[03/01/13 21:47:09] Bertille Hollebecque: décidément

[03/01/13 21:47:28] Olivier Bleys: @Bertille : interdit de manger des chocolats en tapant au clavier !

[03/01/13 21:47:35] Olivier Bleys: La nuit tombe brusque,

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:47:40] Olivier Bleys: La nuit tombe soudain,

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:47:59] Olivier Bleys: Tombée la nuit soudain

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:48:05] Olivier Bleys: … de multiples versions possibles

[03/01/13 21:48:17] Bertille Hollebecque: ah ces pauvres chocolat n'ont pas survécu aux premiers jours ^^

[03/01/13 21:48:41] Olivier Bleys: @B : profitez d'être jeunes et de ne pas craindre pour votre ligne

[03/01/13 21:48:49] Florian Baroghel: Je pensais à mettre le "brusque" après une virgule pour couper la phrase. Ce qui me semble original dans le mot, c'est sa sonorité : prononcé à haute voix, je n'étais même plus sûr que ce soit français !

[03/01/13 21:49:01] Екатерина: Moi comme l'auteur j'aime bien la deuxième version, avec soudain c'est plus doux

[03/01/13 21:49:27] Olivier Bleys: Possibilité aussi d'une inversion : Soudain la nuit tombe, les roulades

[03/01/13 21:49:30] Olivier Bleys: …

[03/01/13 21:49:48] Olivier Bleys: Il faut préserver l'effet de surprise, ne pas trop adoucir.

[03/01/13 21:49:51] Olivier Bleys: selon moi…

[03/01/13 21:49:52] Екатерина: Oui cette version est parfaite aussi!

[03/01/13 21:50:24] Olivier Bleys: Passons au haïku suivant…

[03/01/13 21:50:38] Olivier Bleys: Soudain évanoui 

Quand le gris devient bleu 

Perdu sans adieu

[03/01/13 21:51:51] Olivier Bleys: Ce poème fait partie de ceux dont le troisième vers me paraît le mieux " dosé ", un sentiment se délivre à la lecture, comme si l'on croquait un bonbon qui renfermait une goutte de liqueur (décidément, les fêtes…). On est un peu surpris.

[03/01/13 21:52:27] Olivier Bleys: " Perdu sans adieu " : tristesse, abandon, éloignement, brouillard et chagrin

[03/01/13 21:52:35] Olivier Bleys: Je trouve ce vers très fort

[03/01/13 21:53:00] Florian Baroghel: Les deux derniers vers m'évoquent de la musique : j'ai l'impression d'entendre (ou de lire) un rythme ternaire

[03/01/13 21:53:36] Olivier Bleys: Nous ne sommes pas loin des paroles d'une chanson, d'ailleurs. Cela pourrait se fredonner.

[03/01/13 21:53:52] Olivier Bleys: Comme cet autre haïku du même auteur :

[03/01/13 21:53:53] Olivier Bleys: Apparu un soir 

Au coeur d'une nuit blanche 

Son fantôme pâli

[03/01/13 21:54:43] Olivier Bleys: Mais revenons au précédent. Ce qui m'a paru étonnant, en découvrant cet haïku, c'est que le premier vers, " soudain évanoui ", est conclusif, d'une certaine façon. On commence par la fin.

[03/01/13 21:55:07] Olivier Bleys: On dirait que la disparition dont traite le texte a lieu deux fois.

[03/01/13 21:56:41] Bertille Hollebecque: je dirais une première disparition, puis le constat de son caractère définitif

[03/01/13 21:58:13] Florian Baroghel: Je serais plutôt d'accord avec Bertille : d'abord désemparé par la disparition, et ensuite comme si on l'évoquait de nouveau plus calmement, mais de façon toujours triste

[03/01/13 21:58:38] Olivier Bleys: Entendu, mais, subjectivement, le bleu ne vous paraît-il pas une couleur plus présente, plus affirmée que le gris ? Dans le deuxième vers, on passe du gris au bleu, j'ai l'impression que l'objet ou le personnage retrouve une certaine consistance dont les vers 1 et 3 le dépouillent ?

[03/01/13 21:59:14] Bertille Hollebecque: ou u personnage qui n'aurait de consistance que la nuit

[03/01/13 21:59:34] Olivier Bleys: Ce texte m'a évoqué immédiatement ce tableau que vous devez connaître, aux nombreuses versions (y compris musicales), " l'île des morts " de böcklin :

[03/01/13 21:59:48] Olivier Bleys: http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Île_des_morts_(peinture)

[03/01/13 22:00:13] Olivier Bleys: Quelque chose de funèbre, mais de plus " brouillardeux " dans le texte que dans le tableau

[03/01/13 22:01:05] Florian Baroghel: Ce serait peut-être la suite du tableau : plus proche de l'aube, l'embarcation disparaît au sein de l'île ?

[03/01/13 22:01:47] Olivier Bleys: Je me demande, dans ce contexte, si " soudain " est l'adverbe approprié. Car on ne sent pas de disparition brusque, d'escamotage. Plutôt un lent pâlissement, une fusion dans la brume

[03/01/13 22:02:33] Olivier Bleys: Doucement évanoui ? S'évanouissant fil à fil ?

[03/01/13 22:02:47] Florian Baroghel: Tout dépend de s'il s'agit de se fondre dans la brume ou d'être avalée par celle-ci

[03/01/13 22:03:43] Olivier Bleys: Même avalé par la brume, on ne disparaît pas d'un coup, on se fond, on s'enfonce comme dans un liquide. Je suis Lyonnais, je m'y connais en brouillard ! ;-) Ceux de mon enfance étaient épais et assez littéraires.

[03/01/13 22:04:29] Olivier Bleys: Deux autres haïkus me sont parvenus aujourd'hui, toujours inspirés par " la nuit bleue ". Il s'agit donc d'inédits ! Les voici :

[03/01/13 22:04:31] Olivier Bleys: Chimérique nuit 

Lumineuses ténèbres

S’entredéchirant.

 

Dans la lutte à mort

Un cri perce la nuit

Le jour se lève.

[03/01/13 22:06:22] Florian Baroghel: Les deux haïkus évoquent le combat du soleil pour se lever le matin (combat qui me touche particulièrement), ce qui me fait instinctivement aimer ces haïkus !

[03/01/13 22:06:36] Olivier Bleys: En toute franchise, le premier me semble assez confus. J'ai du mal à m'en faire une image, et donc un avis. Mais puisqu'il s'agit d'un combat, d'une lutte assez confuse, peut-être n'est-ce pas un mal.

[03/01/13 22:07:12] Olivier Bleys: L'oxymore " Lumineuses ténèbres " ne m'a pas parlé à première lecture.

[03/01/13 22:07:42] Olivier Bleys: En revanche, le second haïku me paraît beaucoup plus fort, car, aussi, plus économe de ses moyens. Moins de mots, et moins longs.

[03/01/13 22:08:09] Olivier Bleys: On ressent bien le soleil qui perce la confusion de la nuit, qui s'impose à elle et triomphe.

[03/01/13 22:08:34] Olivier Bleys: Le vers final, " le jour se lève ", est à la fois banal et splendide. On ne pouvait rien écrire d'autre.

[03/01/13 22:08:54] Florian Baroghel: Pour le premier haïku, je me représente une nuit se déroulant de la manière suivante : la nuit tombe, aux commandes d'une armée de nuages noirs, qui forment une ligne de défense face aux assauts à venir du soleil. Cependant, ce dernier, nimbant les ténébreux nuages de sa lumière dorée, parvient à traverser le rideau en déchirant les nuages.

[03/01/13 22:10:00] Olivier Bleys: Oui, le jour triomphe donc mais c'est un triomphe amer, le sacre d'un blessé, puisque le jour est comparé à un cri. Il faut mourir pour remporter la victoire. Telle semble la morale de cette petite fable cosmogonique !

[03/01/13 22:12:58] Olivier Bleys: Il me semble tout de même que les haïkus maniant des mots courts et usant de moins d'adjectifs, dans l'ensemble, font plus d'effet que ceux qu'alourdissent des vocables de quatre ou cinq syllabes. N'est-ce pas votre avis ? Ici, ça me paraît flagrant. Le premier haïku est un peu indigeste, le second se mâche facilement. Mais, je le répète, c'est peut-être volontaire, afin de retracer un combat d'abord indécis (1er haïku) qui finalement tourne à l'avantage du jour (2e haïku).

[03/01/13 22:14:02] Olivier Bleys: J'ignore si l'auteur a recherché cet effet d' " élucidation " (au sens propre : rendre plus clair) progressive, mais, si c'est le cas, ça me paraît bien fonctionner.

[03/01/13 22:15:02] Olivier Bleys: Sur ces bonnes paroles, je crois qu'il est temps de lever cette séance complémentaire. Nous avons fait le tour de l'ensemble des haïkus créés, et l'on peut dire que la moisson est riche ; vous avez illustré de façon très diverse et très personnelle le thème imposé de " la nuit bleue ".

[03/01/13 22:16:25] Olivier Bleys: Dès la fin janvier, nous commencerons à discuter du livre à venir, notre publication commune. Un certain nombre de textes ont été créés, qui possèdent une unité secrète ; à nous de la révéler !

[03/01/13 22:16:47] Florian Baroghel: Chouette, on va jouer les détectives !

[03/01/13 22:17:39] Bertille Hollebecque: en ce qui concerne les créations pour la nuit bleue, si on considère le sujet comme clos, j'enverrai la liste à l'art plastique et à la couture

[03/01/13 22:18:05] Olivier Bleys: Sujet clos ? Tout dépend du délai dont ils ont besoin pour travailler.

[03/01/13 22:18:22] Olivier Bleys: Plus nous livrons les textes tôt, mieux c'est pour eux, je suppose ?

[03/01/13 22:18:52] Bertille Hollebecque: c'est exact, surtout l'art plastique, la couture a juste suggéré une lecture pendant le défilé

[03/01/13 22:19:26] Olivier Bleys: Je peux te fournir une compilation des haïkus créés, que j'ai notés au fur et à mesure. Je ne pense pas que nous en ferons d'autres, ou sur un thème différent.

[03/01/13 22:20:07] Bertille Hollebecque: fantastique :)

[03/01/13 22:20:23] Olivier Bleys: 24 haïkus écrits, jusqu'ici.

[03/01/13 22:20:27] Florian Baroghel: Je pense qu'utiliser les haïkus comme support à l'art plastique est une très bonne idée, mais une lecture de haïkus pendant un défilé, ça ne va pas être facile de faire durer chaque haïku le temps du passage d'un modèle !

[03/01/13 22:20:56] Olivier Bleys: Je pense que nous pouvons laisser aux ateliers intéressés la latitude de choisir ceux qui leur parlent le mieux, à condition que tous les auteurs soient représentés par un écrit au moins.

[03/01/13 22:21:02] Florian Baroghel: (Mais je ne suis jamais allé à un défilé de mode, donc je peux me tromper !!)

[03/01/13 22:21:15] Bertille Hollebecque: oui je trouve ça un peu compliqué aussi, j'enverrai les textes à mathilde et elle verra ce qu'elle préfère faire

[03/01/13 22:21:35] Bertille Hollebecque: sauf si la cuture s'associe à l'athlé ^^

[03/01/13 22:21:40] Bertille Hollebecque: *couture

[03/01/13 22:21:50] Olivier Bleys: D'accord, Bertille, je relis les haïkus demain pour pister d'éventuelles coquilles et t'envoie le fichier dans la journée.

[03/01/13 22:22:03] Florian Baroghel: 100m talons hauts, nouvelle épreuve des Jeux Olympiques !

[03/01/13 22:23:02] Bertille Hollebecque: super, merci beucoup!

[03/01/13 22:23:16] Bertille Hollebecque: *beaucoup (je hais ce clavier)

[03/01/13 22:23:48] Olivier Bleys: Bonne soirée, et encore tous mes vœux pour la nouvelle année !

[03/01/13 22:24:10] Bertille Hollebecque: bonne soirée!

[03/01/13 22:24:13] Florian Baroghel: Très bien ! Bonne soirée, bonne année de nouveau, et à très bientôt !!

Publicité
Commentaires
Les séances de l'atelier d'écriture de Sciences Po
Publicité
Newsletter
Publicité