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Les séances de l'atelier d'écriture de Sciences Po

8 février 2013

Séance virtuelle n° 6 du 07/01/13 [07/02/13

Séance virtuelle n° 6 du 07/01/13

 

   

 

[07/02/13 21:00:49] Olivier Bleys: Bonsoir à toutes et à tous !

[07/02/13 21:01:50] victoire stahl: bonsoir !

[07/02/13 21:01:58] Olivier Bleys: Je dois vous prévenir : ce soir, je ne dispose que d'une connection " publique " (point d'accès mobile), donc il y a un risque non nul que ça coupe à un moment ou à un autre ! Si cela arrivait, j'essaierai de me reconnecter tout de suite !

[07/02/13 21:02:31] Bertille Hollebecque: bonsoir!

[07/02/13 21:02:33] Florian Baroghel: Bonsoir ! Il n'y a pas de soucis, j'ai connu ces conditions pendant plus d'un an, on ne sera pas étonnés !

[07/02/13 21:04:53] Olivier Bleys: Merci !

[07/02/13 21:05:18] Olivier Bleys: Et merci aussi pour les textes reçus. Nous en allons en lire quelques-uns, ce soir.

[07/02/13 21:03:40] emma rouan: Bonsoir!

[07/02/13 21:05:08] Camille: bonsoir

[07/02/13 21:05:22] Bertille Hollebecque: ah on dirait que les problèmes de connexion commencent ^^

[07/02/13 21:06:58] Olivier Bleys: En effet !

[07/02/13 21:07:06] Olivier Bleys: Désolé, ça a coupé un moment.

[07/02/13 21:07:09] Bertille Hollebecque: pour info, la vente de nourriture de l'atelier écriture aura lieu le 27 février, en partenariat avec la couture

[07/02/13 21:09:19] Olivier Bleys: C'est noté. A cette date-là, malheureusement, je serai à Paris. Mon agenda est mis sens dessus-dessous par la promotion de mon roman. J'ai beaucoup d'interviews, de déplacements, de salons, de voyages, etc. Un métier à temps plein !

[07/02/13 21:09:37] Olivier Bleys: Quand se déroule la " nuit des ateliers " ?

[07/02/13 21:09:41] Olivier Bleys: Le 27 / 02 aussi ?

[07/02/13 21:09:47] Bertille Hollebecque: en fait cette information concerne surtout les membres, je profitais du souci de connexion :)

[07/02/13 21:09:57] Olivier Bleys: Hum hum, futé ! ;-)

[07/02/13 21:10:19] Bertille Hollebecque: la nuit de la création est le 28/02, d'ailleurs l'atelier arts plastiques a commencé le travail sur les haïkus et ils ont l'air satisfaits

[07/02/13 21:10:19] Nadin: Nadin a quitté la conversation

[07/02/13 21:10:55] Olivier Bleys: Décidément, je la manquerai encore cette année, la nuit de la création……… Dommage. J'espère qu'il y aura un archivage filmé !

[07/02/13 21:11:05] Bertille Hollebecque: pensez d'ailleurs à prendre vos billets suffisamment à l'avance, il y aura deux fois moins de places que pour l'apéro-concert

[07/02/13 21:11:18] Bertille Hollebecque: il faudra voir ça avec les petits courts ;)

[07/02/13 21:12:19] Olivier Bleys: Bien, voici un premier texte parmi ceux que j'ai reçus, sur le thème, je vous le rappelle, de la contemplation.

[07/02/13 21:12:40] Olivier Bleys: Il est assez long. Voyons s'il est possible de l'afficher intégralement.

[07/02/13 21:12:44] Olivier Bleys: Texte 1 :

[07/02/13 21:12:47] Olivier Bleys: Le bruit de l'horloge résonne familièrement,  symbole du retour dans la réalité scolaire. Deux semaines sans l'entendre n'ont rien changé et je reste persuadée que même des années ne parviendraient à dissoudre le sentiment qu'elle fait naitre. Ce bruit a toujours été présent, plus ou moins fort selon la taille de la salle et la qualité du mécanisme, mais sans jamais cesser de marquer les secondes qui nous rapprochaient de la libération. Aujourd'hui, elle résonne d'autant plus fort que la petite salle est pleine de vide, le bruit peut ainsi s'étendre, se mêlant au ronronnement discret mais bien présent du chauffage et au bruit des feuilles qu'utilisent les rares personnes présentes. Une pièce si vide fait naitre un sentiment assez désagréable, je sens autour de moi l'absence de la chaleur humaine habituellement présente dans une salle de classe, quand on peut deviner la présence de ses voisins simplement par la chaleur qui émane d'eux, rependant dans la salle un sentiment de solidarité commun. 

Ni froid ni chaleur aujourd'hui, la pièce semble morte sans ses nombreux et bruyants habituels habitants. Les rares occupants, trop concentrés, semblent ne pas être réellement présents et seule la sensation de fraicheur émanant de la table en bois me persuade que je suis réellement là, dans un univers matériel. Le silence est seulement tranché par quelques éclats de voix provenant d'une pièce voisine, bruits étouffés par les murs qui renforcent mon impression d'être plongée dans un demi-sommeil. 

Mes yeux à-demi fermés par la torpeur qui m'occupe sont obstrués par des mèches de cheveux dont le voile me laisse juste entrevoir les défauts du mur, et je me retrouve à l'époque des examens, quand mon esprit cherchait dans les rainures et défauts de peinture l'idée salvatrice qui me permettrait de remplir ma copie blanche.

Je n'ai pas de copie blanche aujourd'hui, à la différence de mes camarades. Les touches bruyantes de mon clavier forment une sorte de concurrence au tic-tac régulier de l'horloge. Sous mes avant-bras, la table se réchauffe et cesse de me faire frissonner, mon regard s'attarde sur les reflets des néons qui mettent en lumière les nœuds de la planche, trop régulier pour qu'on puisse s'imaginer qu'ils sont naturels. Seules les marques qui les recouvrent leur donnent un semblant de personnalité, héritage des milliers de coups de stylos qui ont écrit des mots sur cette surface, retranscrivant l'écriture nerveuse d'élèves stressés dont la seule volonté était de se retrouver dehors au plus vite.

Dehors ce n'est pas l'endroit où j'aimerais me trouver maintenant. Si la température impersonnelle de la pièce est inconfortable, je la préfère à celle que la couleur du ciel et le mouvement des branches laissent deviner quand je laisse mon regard couler vers la fenêtre. J'entends le tram passer, comme une longue respiration, un soupir fatigué qui fait écho à mes pensées cotonneuses. Il va bientôt falloir que je retrouve ce monstre de métal rempli de bruit et d'agitation qui ne parviendront pas à me toucher immédiatement mais qui finiront bien par me ramener à la réalité du monde, loin de cette salle vide et silencieuse où même l'air ne semble pas être réel.

[07/02/13 21:12:55] Olivier Bleys: Je vous laisse en prendre connaissance.

[07/02/13 21:16:23] Bertille Hollebecque: j'aime beaucoup l'évocation des marques sur la table, il y a une sorte de nostalgie que, je pense, tous les étudiants ont ressentie un jour

[07/02/13 21:16:52] Florian Baroghel: Si je devais résumer en un mot l'impression que me laisse ce texte, je dirais : "seuil". On a l'impression que l'auteur se pose en spectateur regardant des deux côtés d'un voile placé entre le monde matériel du toucher et de l'odeur, et le monde fantômatique de la vue et de l'ouïe

[07/02/13 21:18:00] Florian Baroghel: fantomatique... ou plutôt fantasmagorique !

[07/02/13 21:18:39] Olivier Bleys: Vos deux remarques sont assez vraies. Le passage des encoches sur la table m'a fait également une impression assez forte, dès la première lecture. Ce n'est pas le seul détail matériel qui est livré sur l'environnement de l'auteur, au contraire le texte fourmille de détails précis et évocateurs, mais, j'ignore pourquoi, c'est celui qui fait le mieux relief.

[07/02/13 21:19:44] Olivier Bleys: Il y a un équilibre réussi entre les évocations sensorielles (tous les sens sont présents, même s'ils ne sont pas à égalité) et la retrancription d'états d'âme intérieurs.

[07/02/13 21:20:34] Olivier Bleys: On dirait que le texte fonctionne par spirale : on ne cesse d'aller et venir entre le dedans, le dehors (de soi, de la pièce) ; le dessous, le dessus ; le présent, le futur.

[07/02/13 21:21:18] Olivier Bleys: Le désir de fuir, qu'il soit celui de l'auteur ou celui qu'il suppose à d'autres étudiants, crée des alertes récurrentes dans le récit.

[07/02/13 21:22:28] Bertille Hollebecque: D'une manière générale, peut-être à cause de l'évocation des tables, je trouve que la relation au temps est assez forte, que ce soit par le biais des étudiants qui se succèdent promo après promo ou sont pressés de finir leur devoir pour sortir, ou encore de l'horloge

[07/02/13 21:22:59] Olivier Bleys: Je parlais de spirale, mais le mot de balancement semble plus juste, car il n'y a pas l'idée de progression verticale que suppose la spirale. Au contraire, on fait du sur-place.

[07/02/13 21:23:11] Florian Baroghel: Oui, il y a comme une superposition du temps, qui s'écoule de la même manière à plusieurs jours, mois ou années, d'intervalle

[07/02/13 21:25:01] Olivier Bleys: @Bertille, Florian : en effet, la notion de temps est centrale. C'est un texte assez proustien ! Le passé, le présent aux contours indécis et le futur fusionnent. On a le sentiment que le temps ne passe pas, mais qu'un cycle est à l'œuvre, et qu'on revient sans cesse à une expérience déjà connue, qu'elle soit la sienne ou celle d'autres élèves.

[07/02/13 21:26:17] Olivier Bleys: L'irréalité — soulignée par la dernière phrase — revêt également une grande importance.

[07/02/13 21:26:58] Olivier Bleys: Ce texte pourrait s'intituler " LIMBES ", ou " LOST IN TRANSLATION " (!), car on se situe dans un entre-deux, dans un entre-mondes.

[07/02/13 21:29:34] Olivier Bleys: Pour l'améliorer, je pense que l'auteur aurait pu faire un peu plus court, plus ramassé. Certes, son étendue participe de l'impression d'égarement temporel et spatial, mais elle génère un peu de lassitude, aussi — en tout cas, le risque est présent.

[07/02/13 21:30:35] Olivier Bleys: A la lecture, vous a-t-il semblé long ?

[07/02/13 21:31:42] Bertille Hollebecque: il m'a paru relativement long, mais pas forcément trop, étant donné que la longueur participe aussi de l'ambiance en demi-teinte

[07/02/13 21:32:37] Florian Baroghel: Non, il ne m'a pas semblé long, puisque les différentes parties s'enchaînent de façon logique. Peut-être le dernier paragraphe est-il un peu en décalage par rapport au reste, mais ça ne laisse pas vraiment une impression de longueur

[07/02/13 21:34:08] Olivier Bleys: @Bertille : ambiance en demi-teinte, cela m'évoque un terme de peinture, SFUMATO ; dixit le Robert : " Modelé vaporeux (en peinture). Le sfumato de Vinci, du Corrège. " Je crois que nous y sommes !

[07/02/13 21:34:10] victoire stahl: il ne m'a pas semblé long non plus, il est très fluide et l'impression d'égarement se fait sans que les idées se répètent forcément

[07/02/13 21:36:09] Olivier Bleys: En tout cas c'est un texte régulier, constant, qui ne dévie pas de son sujet et reste de la première à la dernière ligne — sauf peut-être, comme le signale Florian, dans le dernier paragraphe — fidèle aux mêmes impressions, au même lexique ; d'où l'impression générale d'unité

[07/02/13 21:36:17] Olivier Bleys: Je vous soumets un autre texte

[07/02/13 21:36:39] Olivier Bleys: Texte 2 :

[07/02/13 21:36:40] Olivier Bleys: La couverture sur mes épaules me réchauffe pauvrement et mon ordinateur a trouvé un équilibre précaire sur mes jambes croisées. Le mal de crâne, la démangeaison sur ma jambe due à mon récent tatouage, mes inquiétudes diverses menacent sans cesse de me distraire. Heureusement je ne suis troublée que par peu de bruit. Le vrombissement d'un camion de la voirie dans la rue, le fracas de quelques poubelles qu'on vide et qu'on repose, et c'est fini. L'odeur de ma crème hydratante entre en conflit avec le gout de yaourt à la vanille qui reste au fond de ma bouche et m'inflige une légère nausée. Le froid attaque cruellement le bout de mon nez et mes mains mais je dois laisser ces dernières sur le clavier. La lumière, le rouge écarlate de ma table et le désordre incroyable de mon appartement agresse mes yeux que je dois garder bien ouverts et fixés sur mon travail d'écriture. Une multitude d'objets hétéroclites parsèment mon plancher et mes meubles suédois bon marché : verres, papiers, bouteilles, livres, vêtements, coussins et bibelots divers. Certains sont bien à leur place, la peluche de maitre Yoda me souris paisiblement sur son étagère, les photos, posters et cartes postales qui décorent les murs blancs amènent les souvenirs agréable de mes proches, de mes voyages et de mes films préférés. D'autres témoignent d'une terrible incapacité à ranger régulièrement : que font ce collant, cette petite cuillère et cette vieille dissertation de culture générale sur mon canapé ?

[07/02/13 21:39:06] Bertille Hollebecque: Je trouve qu'ici on a plus une ambiance plus terre-à-terre, les détails évoqués sont plus précis

[07/02/13 21:40:01] Camille: C'ets vrai que les détails sont plus précis, on est moins dans le vague. je trouve bien qu'il y ait l'ensemble des différents sens, ainsi que les précoccupations de la personne

[07/02/13 21:41:24] Florian Baroghel: Cette fois, mon mot serait "conflit" ! Le texte semble se séparer en deux parties opposées : le début témoigne d'une situation désagréable, déséquilibrée, face à une fin plus rassurante et familière. Et, au sein de la première partie, il y a comme un rythme binaire (le camion et les poubelles ; la crème et le yaourt ; lumière et désordre) qui sonne, à mon sens, comme une friction constante

[07/02/13 21:42:17] Olivier Bleys: Ce texte est très fidèle à l'énoncé de l'exercice ; il constitue un inventaire très détaillé, très précis en effet, d'un instant figé dans l'écoulement du temps — l'instant de l'écriture.

[07/02/13 21:44:15] Olivier Bleys: Il est curieux d'observer que les deux textes lus jusqu'ici traduisent des impressions désagréables. Même ici, dans une situation a priori confortable (on écrit chez soi, bien au chaud), les notations de gêne, voire de douleur, abondent : " mal de crâne ", " démangeaison ", " inquiétude diverse ", " légère nausée "…

[07/02/13 21:45:26] Olivier Bleys: Ce qui me semble en jeu, c'est l'attention, la concentration de l'auteur qui menacent à chaque instant de se disperser, sous l'influence d'éléments extérieurs.

[07/02/13 21:48:21] Olivier Bleys: Pour améliorer le texte, je pense qu'on pourrait, d'une part, varier un peu le mode de construction des phrases dont beaucoup obéissent au même modèle (le style descriptif tend à les fondre dans le même moule) et, d'autre part, les réordonner pour introduire une progression logique. Car l'attention de l'auteur, telle qu'elle s'exprime ici, semble partir dans toutes les directions : il ou elle s'intéresse à des sensations, puis aux camions dans la rue, puis de nouveau aux saveurs dans sa bouche, etc. Cela donne le sentiment d'une accumulation un peu désordonnée.

[07/02/13 21:49:32] Olivier Bleys: Finir par une question est une très bonne idée. Le léger effet de surprise qui en découle est bienvenu, on brise la linéarité intéressante mais un peu fade des propositions qui précèdent.

[07/02/13 21:51:25] Olivier Bleys: Peut-être aussi les ressentis de l'auteur mériteraient-ils d'avoir une plus grande place, car elle est réduite, ici. Les objets, leur évocation matérielle sont assez envahissants, au détriment peut-être du regard porté sur eux.

[07/02/13 21:52:39] Bertille Hollebecque: le côté désordonné ne m'a personnellement pas gênée, je trouve que cela donne l'impression que les éléments sont évoqués au moment où l'auteure en prend conscience

[07/02/13 21:52:55] Olivier Bleys: Je pense que c'est exactement le cas.

[07/02/13 21:53:43] Olivier Bleys: Mais, pour ma part, il en a résulté un côté " bric-à-brac " qui empêchait d'avoir une idée complète, intégrale de la scène. Certes, ça peut être un parti-pris.

[07/02/13 21:53:49] Olivier Bleys: En avant pour le texte 3 ?

[07/02/13 21:53:55] Olivier Bleys: Texte 3

[07/02/13 21:53:57] Olivier Bleys: Dans la salle, les chaises et les tables sont alignées, comme si elles attendaient l’être qui allait venir leur imposer sa présence. Le ciel gris au-dehors, et le brouillard qui se lève, évoquent un hiver froid et sec. C’est un décor irréel, on le dirait suspendu dans le temps, puisque le silence, bien que discrètement perturbé par le crissement de la plume ou le claquement du clavier, emplit l’espace. On a l’impression d’être Persée affrontant Méduse au centre de son jardin de statues de pierre. La nature à l’extérieur est immobile, le vent ne souffle que légèrement. La température en sera plus supportable une fois dehors.

Le temps reprend enfin son cours car, par-dessus les faibles sons à peine audibles, l’horloge et son aiguille résonnent soudain de façon assourdissante à mes oreilles. Le décor ne change pas pour autant. Le tableau n’a pas été effleuré par la craie aujourd’hui et aucune trace n’y apparaît. L’attention se tourne vers les sons. C’est un homme, portant des chaussures de ville, qui passe dans le couloir derrière moi. Dans le rythme saccadé de l’écriture s’intercalent désormais quatre respirations, formant ainsi une mélodie plus harmonieuse. De nouveau, le regard se tourne vers l’extérieur où le brouillard a progressé. La lumière des néons encastrés dans le plafond met en valeur la grisaille extérieure et le déclin du jour.

Ce qui m’étonne, c’est à quel point mon regard et mes pensées préfèrent s’égarer au loin plutôt que de détailler mon environnement proche. La vision mène à l’évasion mais les sons nous recentrent. Finalement, le silence est définitivement rompu par le bruit sourd de la pluie s’abattant avec violence sur le sol, au-dehors. On voit les gouttes perler des branches des arbres, comme s’ils pleuraient.

[07/02/13 21:55:42] Bertille Hollebecque: De nouveau, je trouve qu'on a une sensation d'irréalité. Peut-être est-ce lié à l'iep ? ^^

[07/02/13 21:55:55] Olivier Bleys: ah, ah, ah !

[07/02/13 21:56:15] Camille: effectivement, les gens dans la salle ont l'air d'avoir eu le même ressenti

[07/02/13 21:56:59] Olivier Bleys: D'une certaine façon, examiner avec autant de minutie et d'attention un instant de votre vie, comme un papillon épinglé sur une plaque de liège, c'est assez peu réaliste. L'exercice lui-même est une contorsion de la réalité.

[07/02/13 22:00:07] Olivier Bleys: Il y a un certain mimétisme, que vous avez relevé, entre ce texte et le premier que nous avons abordé. De nouveau, nous allons et venons entre différents espaces, entre le dedans et le dehors, et le temps paraît lui-même sujet à quelques ondoiements.

[07/02/13 22:02:36] Bertille Hollebecque: Il semblerait que les gens soient plus enclins à regarder par la fenêtre à l'iep que chez eux... Une habitude contractée en cours?

[07/02/13 22:02:53] Florian Baroghel: Ne se prononce pas !

[07/02/13 22:05:45] Bertille Hollebecque: ^^

[07/02/13 22:06:05] Olivier Bleys: A travers ces trois textes, on voit différentes " stratégies ", conscientes ou non, adoptées par l'auteur pour suivre l'énoncé de l'exercice. Comment les qualifier ? Je dirais que nous avons rencontré la stratégie de la juxtaposition (des objets saisis et décrits dans n'importe quel ordre, comme les trouvait l'attention papillonnante de l'auteur) et celle de l'ondulation (un va-et-vient nauséeux entre des impressions répétitives)

[07/02/13 22:08:47] Olivier Bleys: Jusqu'à présent, la stratégie d'une évocation ordonnée, partant par exemple d'un infime détail — le stylo courant sur le papier — pour aboutir à un cadre très large (l'univers, le ciel déployé au-dessus des bâtiments de l'IEP !) n'a pas été utilisée. Ce peut être une piste de travail pour vous, ou une idée pour d'autres textes : en dresser le plan mentalement, pour que les phrases se présentent dans une succession naturelle. Ce n'est pas obligatoire, mais cela peut contribuer au confort du lecteur.

[07/02/13 22:11:38] Olivier Bleys: A noter, dans le troisième texte, que le " je " est rarement utilisé, et seulement dans la seconde partie. Au début, c'est un " on " anonyme qui s'exprime.

[07/02/13 22:11:50] Olivier Bleys: L'auteur s'efface derrière son sujet.

[07/02/13 22:12:15] Florian Baroghel: Il est vrai que souvent, il est plus facile de lire un texte dans lequel la dimension temporelle est claire, ou logique, mais j'ai personnellement trouvé plus intéressant d'écrire un texte dans lequel le temps est aussi aléatoire que les événements... Alors, d'abord le plaisir du lecteur ou de l'auteur ? :)

[07/02/13 22:14:52] Camille: je pense qu'un plan de texte, c'est sans doute confortable pour le lecteur, mais il doit vite avoir l'impression de toujours lire la même chose

[07/02/13 22:15:34] Olivier Bleys: Débat très intéressant ! Pour ma part, j'ai tendance à croire que le plaisir de l'auteur est contagieux, qu'il contamine naturellement le lecteur. Je ne sais pas s'il existe d'écrit produit dans l'effort ou l'ennui qui, par la suite, ravisse un lecteur. Ça me paraît difficile. D'après mon expérience personnelle, je peux témoigner que les chapitres ou les passages qu'on a eu le plus de plaisir — et donc d'aisance — à écrire sont ceux qui rencontrent le plus d'adhésion chez le lecteur.

[07/02/13 22:15:48] Olivier Bleys: (c'était pour répondre à Florian)

[07/02/13 22:16:15] Olivier Bleys: Donc… privilégiez votre plaisir.

[07/02/13 22:16:34] Florian Baroghel: Ce sera fait !

[07/02/13 22:20:18] Olivier Bleys: @Camille : par " plan de texte ", je ne voulais pas dire un plan général s'appliquant à l'ouvrage entier, ni même à de longs chapitres, mais une stratégie de détail concernant de courtes sections (comme ici, une vingtaine de lignes). Avant qu'un plan différent le remplace. Je crois très important, lorsqu'on raconte une histoire, de varier les effets, de surprendre par des approches qui ne soient jamais les mêmes. L'ennui résulte de la répétition, oui. Mais sur 20 - 30 lignes, il n'a pas le temps de germer.

[07/02/13 22:20:55] Olivier Bleys: Le dernier texte, ce soir !

[07/02/13 22:21:16] Olivier Bleys: Texte 4 :

[07/02/13 22:21:19] Olivier Bleys: Un courant d’air vif entre dans le salon par la fenêtre ouverte, amenant avec lui la rumeur de la rue : marteau-piqueur, bribes de conversations, talons heurtant le pavé à un rythme régulier… Malgré cela je me sens presque somnolente, bercée par le grincement discret de mon fauteuil d’osier, réchauffée par mon pull marin,  avec la présence furtive de mon amie à côté, à peine signalée par quelques bruits de feuilles froissées. Mon ordinateur ronronne devant moi, attendant que je lui confie d’autres tâches, peu troublé par la table légèrement bancale sur laquelle il est installé. Je m’étire, respire l’odeur mêlée du linge propre qui sèche à côté et du café qui m’attend dans la cuisine. Mes cheveux mouillés, les bruits lointains de la ville et la lumière claire me rappellent que la journée commence. Elle commence même plutôt bien.

[07/02/13 22:22:26] Florian Baroghel: Un texte optimiste, et même joyeux ! Ca, c'est nouveau !

[07/02/13 22:22:33] Olivier Bleys: Exactement !

[07/02/13 22:23:11] Olivier Bleys: Comme quoi, la vie d'étudiants n'est pas tissée seulement de moments d'ennui et de rêvasserie morose !  ;)

[07/02/13 22:24:08] Camille: plus joyeux oui, je trouve qu'il laisse la même impression de rêveries que les précédents textes

[07/02/13 22:24:24] Camille: j'aime beaucoup la personnalisation de l'ordinateur

[07/02/13 22:25:08] Florian Baroghel: Ce que je trouve très riche dans ce texte, c'est la facilité avec laquelle on peut se glisser dans la peau de l'auteur ! Je pense que tout le monde a déjà ressenti cette calme satisfaction de se lever en étant bien réveillé, et enthousiaste (même si c'est assez rare en hiver !)

[07/02/13 22:25:37] Olivier Bleys: C'est l'un des textes où le narrateur existe le mieux. " Je me sens presque somnolente " : dès cette phrase, la deuxième, le personnage existe complètement, dotée d'une humeur, d'une attitude, d'une réalité physique encore ténue mais qui épaissira.

[07/02/13 22:28:02] Olivier Bleys: Ta remarque rejoint la mienne, Florian : il y a une identification facile, rapide, et même immédiate. Cela tient selon moi à la simplicité et au naturel de cette note, " je me sens presque somnolente ", qui ressemble à une ligne de journal intime — ou à un tweet ! — et qui fait exister le narrateur.

[07/02/13 22:28:18] Olivier Bleys: Il suffit donc de peu !

[07/02/13 22:29:29] Olivier Bleys: La peinture du quotidien est réussie, à travers là encore des gestes ou des attitudes que chacun a eus ou peut avoir : je m'étire, je respire les odeurs, j'ai les cheveux mouillés, etc.

[07/02/13 22:30:55] Olivier Bleys: Si je devais qualifier ce texte, j'emploierais l'adjectif : impressionniste. On a le sentiment d'un décor, et même d'un récit, construit par petites touches de couleurs posées côte à côte, dont le sens général nous échappe tout d'abord, puis se révèle quand le travail est achevé.

[07/02/13 22:31:42] Olivier Bleys: C'est une façon d'écrire très juste et très plaisante. Puisqu'il s'agit d'un commencement, précisément, on voudrait connaître la suite. N'avez-vous pas eu cette sensation, cette attente après la dernière phrase ?

[07/02/13 22:35:26] Florian Baroghel: A vrai dire, j'aurais peur d'être déçu par la suite, dans le sens où l'impression racontée dans ce texte est tellement agréable, qu'une suite ne pourrait narrer que des événements qui terniraient cette joie ! Et la dernière phrase "Elle commence même plutôt bien." a un côté aventureux / aventurier, qui, pour ma part, me lance de moi-même dans une rêverie quant à la suite de la journée, ce qui en fait une excellente conclusion !

[07/02/13 22:36:15] Olivier Bleys: C'est vrai, la suite peut être décevante, car c'est un texte délicat et l'on craint qu'en prolongeant le récit, ce sentiment très juste et très fin ne soit abîmé.

[07/02/13 22:36:33] Olivier Bleys: Chers amis, il se fait tard. Je vais devoir vous quitter. Merci pour vos textes, chacun à votre façon vous avez parfaitement rempli l'objectif que je vous avais assigné — il s'agissait rien moins que de suspendre le temps !

[07/02/13 22:36:59] Olivier Bleys: J'ai commencé d'entamer les discussions avec l'IEP pour notre publication commune. Je vous dirai très bientôt ce qu'il en est.

[07/02/13 22:38:02] Olivier Bleys: Vous pouvez d'ores et déjà réfléchir à des documents (photos, dessins…) dont vous seriez l'auteur, et qui pourraient accompagner la publication de vos textes. Ce serait plus intéressant que des illustrations anonymes.

[07/02/13 22:38:20] Bertille Hollebecque: En principe l'atelier a un budget de départ de 200€, plus les recettes de ventes de nourriture

[07/02/13 22:38:52] Olivier Bleys: Par exemple, le thème de " nuit bleue " qui a inspiré vos haïkus… peut-être avez-vous, ou pouvez-vous faire des photos assorties ? Nous en reparlerons.

[07/02/13 22:39:10] Olivier Bleys: @Bertille : pardon, nos billets se sont croisés.

[07/02/13 22:39:31] Olivier Bleys: J'ignorais même que l'atelier avait un budget !!!!!? Il faudra que tu m'en parles plus en détail.

[07/02/13 22:39:40] Olivier Bleys: Je vous laisse, bonne nuit à toutes et à tous !

[07/02/13 22:39:46] Bertille Hollebecque: Bonne nuit!

[07/02/13 22:39:53] Camille: bonne soirée !

[07/02/13 22:39:53] Florian Baroghel: Merci ! Bonne nuit / soirée à toutes et à tous !

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4 janvier 2013

Séance virtuelle n° 5 du 03/01/13 [03/01/13

Séance virtuelle n° 5 du 03/01/13

 

 
 

 

[03/01/13 21:03:17] Olivier Bleys: Bonsoir !

[03/01/13 21:03:30] Bertille Hollebecque: Bonsoir!

[03/01/13 21:03:35] Florian Baroghel: Bonsoir et bonne année !!

[03/01/13 21:03:44] Olivier Bleys: Merci ! Tous mes vœux également !

[03/01/13 21:03:45] Bertille Hollebecque: Bonne année à tous

[03/01/13 21:04:39] Olivier Bleys: Petite séance, ce soir. En complément de la précédente, pour achever de commenter les haïkus que vous avez écrits.

[03/01/13 21:05:16] Екатерина: Bonsoir a tous) Bonne année a tous!

[03/01/13 21:05:24] Olivier Bleys: Bonsoir et bonne année !

[03/01/13 21:05:57] Olivier Bleys: Pour celles et celui qui voudraient s'y reporter, la dernière séance se trouve ici :

[03/01/13 21:05:59] Olivier Bleys: http://eplosionseances.canalblog.com/archives/2012/12/28/26007223.html

[03/01/13 21:06:19] Екатерина: Je dois prevenir que je pourrai pas assister plus que 30 minutes parce que c'est deja minuit a Moscou.

[03/01/13 21:06:51] Flo: bonsoir :)

[03/01/13 21:07:13] Olivier Bleys: @Flo : bonsoir !

[03/01/13 21:09:02] Olivier Bleys: Nous avons déjà relu ensemble un choix d'haïkus de Florian (Dans le bar enfumé…) et de Camille (Dans le ciel céruléen…).

[03/01/13 21:10:27] Olivier Bleys: Je vous propose de travailler sur celui-ci, produit lors de la même séance :

[03/01/13 21:10:31] Olivier Bleys: Sais-tu quoi peut être 

si verbeux et taciturne ?

C’est la nuit même

[03/01/13 21:10:46] Olivier Bleys: … par Nadin

[03/01/13 21:11:08] Bertille Hollebecque: c'et court mais assez percutant je trouve

[03/01/13 21:11:21] Olivier Bleys: C'est aussi mon avis. Pour un lecteur français des classiques de son pays, ce texte évoque Mallarmé.

[03/01/13 21:11:57] Olivier Bleys: Concision, sens ramassé, syntaxe et grammaire un peu " chahutées " mais pour servir un effet

[03/01/13 21:12:52] Olivier Bleys: Extrait d'un poème de Mallarmé, " don du poème " :

[03/01/13 21:12:53] Olivier Bleys: Je t’apporte l’enfant d’une nuit d’Idumée !

Noire, à l’aile saignante et pâle, déplumée,

Par le verre brûlé d’aromates et d’or,

Par les carreaux glacés, hélas ! mornes encor

L’aurore se jeta sur la lampe angélique,

Palmes ! et quand elle a montré cette relique

A ce père essayant un sourire ennemi,

La solitude bleue et stérile a frémi.

[03/01/13 21:12:55] Florian Baroghel: On a l'impression d'avoir à la fois une devinette et un haïku, je trouve que c'est très original

[03/01/13 21:13:05] Bertille Hollebecque: je le verrais bien illustré par l'art plastique

[03/01/13 21:13:06] Olivier Bleys: @Florian : bien vu

[03/01/13 21:13:14] Olivier Bleys: @Bertille : sous quelle forme ?

[03/01/13 21:13:47] Bertille Hollebecque: probablement en peinture, mais je pense que ce poème pourrait être repris intégralement

[03/01/13 21:13:59] Bertille Hollebecque: je parle de celui de nadin

[03/01/13 21:14:24] Olivier Bleys: Oui, j'avais bien compris.

[03/01/13 21:14:25] Olivier Bleys: Cela m'évoque aussi les devinettes bambaras, vous connaissez ? Elles se fondent sur un poème assez mystérieux, sibyllin, ou sur une image qui n'est pas évidente à déchiffrer du premier coup d'œil.

[03/01/13 21:14:38] Olivier Bleys: Cela rejoint ton idée d'illustration, Bertille.

[03/01/13 21:17:39] Olivier Bleys: C'est vrai que ce texte se prête à de multiples interprétations. Que peut être une nuit " verbeuse " ? On peut l'entendre comme une nuit fourmillant d'étoiles, ou pleine de rumeurs (chants d'insectes, bruits d'animaux). Mais la nuit, paradoxalement, est aussi " taciturne " car les humains sont endormis, et l'on n'entend aucune parole articulée. La nuit apparaît à la fois silencieuse et très bavarde.

[03/01/13 21:18:24] Florian Baroghel: Silencieuse et bavarde, amicale (voire enjouée) et menaçante

[03/01/13 21:18:42] Bertille Hollebecque: je trouve qu'il y a l'idée d'une présence, mais pas humaine

[03/01/13 21:19:46] Olivier Bleys: Et la syntaxe défaillante de la première proposition, " Sais-tu quoi peut être ", qui n'est sans doute pas volontaire, est plus riche que " sais-tu ce que peut être ". Un Français ne tournerait peut-être pas la phrase ainsi ? Mais, à être plus correcte, elle serait plus plate, moins expressive.

[03/01/13 21:20:09] Olivier Bleys: @Bertille : cela croise, me semble-t-il, ton idée d'une présence non humaine. Ce " quoi " indéfini est lourd de menaces.

[03/01/13 21:20:18] Bertille Hollebecque: c'est vrai, ça donne un côté plus abstrait

[03/01/13 21:21:00] Olivier Bleys: On sent dans ce " quoi " l'animal inconnu qui rôde autour du campement, la grande peur ancestrale de la nuit. Vraiment, une réussite !

[03/01/13 21:21:35] Olivier Bleys: Le dernier vers, " c'est la nuit même ", porte une émotion qu'il m'est difficile de qualifier. Dans sa simplicité, je le trouve touchant.

[03/01/13 21:22:15] Olivier Bleys: Qu'exprime-t-il, au juste ? C'est la nuit toute simple, c'est la nuit toute nue, ce n'est rien que la nuit ?

[03/01/13 21:22:57] Bertille Hollebecque: tout ça à la fois peut-être?

[03/01/13 21:23:34] Екатерина: Moi je vois aussi le sens romantique dans ce petit poème. En Russie on dit que la nuit c'est l'ami de la jeunesse donc et en rapport avec cela la nuit peut être silencieuse si deux amoureux s'entendent bien la nuit et peut être taciturne s'il y a une dispute entre deux parce que ça arrive plus souvent la nuit.

[03/01/13 21:24:09] Florian Baroghel: Je pense que ça peut aussi vouloir exprimer l'essence même de la nuit, quelque chose d'incompréhensible à l'échelle humaine (d'où le quoi)

[03/01/13 21:24:33] Olivier Bleys: @Bertille : Oui, donc un tour de force, d'avoir pu ramasser en quatre mots ces résonances diverses. Cela m'évoque un poème de Supervielle, découvert l'été dernier, et qui m'a beaucoup frappé à la première écoute :

[03/01/13 21:24:35] Bertille Hollebecque: j'aime beaucoup l'explication de Katya

[03/01/13 21:24:40] Olivier Bleys: « Ne touchez pas l’épaule

Du cavalier qui passe

Il se retournerait

Et ce serait la nuit »

[03/01/13 21:25:07] Olivier Bleys: @Bertille : j'approuve !

[03/01/13 21:25:16] Olivier Bleys: @Florian : idem !

[03/01/13 21:25:46] Olivier Bleys: Bon, il est peut-être temps de passer au suivant.

[03/01/13 21:26:00] Olivier Bleys: L’encre bleue sous ma peau 

La douleur par-dessus 

La nuit comme tatouage

[03/01/13 21:26:49] Olivier Bleys: Ce haïku nous est servi comme un feuilleté à multiples dimensions.

[03/01/13 21:27:10] Olivier Bleys: L'idée du dessus, du dessous, de profondeurs diverses et d'une certaine confusion spatiale

[03/01/13 21:27:17] Olivier Bleys: … d'un vertige ?

[03/01/13 21:28:48] Florian Baroghel: Je trouve cet haïku extrêment déroutant. Les deux premiers vers tendent vers une interprétation concrète, mais "la nuit comme tatouage" est une chute qui me laisse confus (dans le bon sens du terme !). Cela reste difficile à imaginer, et peut signifier à la fois un tatouage concret, ou un "tatouage abstrait" dans le sens où la nuit serait comme posée à même le corps, comme une couverture ou un camouflage...

[03/01/13 21:29:17] Olivier Bleys: Je trouve le dernier vers très réussi, du point de vue surtout de sa sonorité. Le mot " tatouage " inclut lui-même une petite allitération (répétion de consonnes) qui prépare l'effet. " La nuit comme " devient caisse de résonance.

[03/01/13 21:29:46] Bertille Hollebecque: comme pour l'autre poème, je trouve qu'il pourrait bien s'illustrer, peut-être dans des tons de bleu, avec le poème calligraphié sur de la peau

[03/01/13 21:30:47] Olivier Bleys: @Florian : je comprends ton sentiment, mais à la lecture je n'ai pas senti cette dispersion (agréable ou pas) que tu signales. Le mot " tatouage " porte naturellement l'idée d'une écriture de surface, toutefois assez profonde pour être indélébile, donc cela paraît conforme au sens des deux premiers vers.

[03/01/13 21:31:36] Olivier Bleys: @Bertille : c'est une nuit à mirages ! Cependant, rien d'étonnant à ce que les haïkus portent des images. Plus ils sont courts, plus grand est l'espace laissé à notre imagination.

[03/01/13 21:31:50] Екатерина: Je pense que c'est poème est très animé car quand je le lis il m'arrive très vite dans ma tête une image de ce qui est décrit. Je pense que c'est grâce à de belles métaphores.

[03/01/13 21:32:22] Olivier Bleys: Je me permets de citer deux autres haïkus du même auteur, car ils possèdent tous une unité :

[03/01/13 21:32:29] Olivier Bleys: Foncer dans la nuit 

Sous les éclairs bleu vif 

Pour exploser avec toi

[03/01/13 21:32:35] Olivier Bleys: Guitare, batterie, rock'n'roll 

Néons d'un bleu électrique 

Musique folle toute la nuit

[03/01/13 21:32:39] Olivier Bleys: … et même un troisième :

[03/01/13 21:32:44] Olivier Bleys: Ecran allumé, film chargé 

Mon pyjama bleu enfilé 

Zut ! panne d'électricité.

[03/01/13 21:33:06] Olivier Bleys: Je ne m'étais pas aperçu que le bleu était partout. Voilà qui donne raison à Bertille et à Екатерина !

[03/01/13 21:33:47] Olivier Bleys: On retrouve dans l'ensemble de ces textes un cadre urbain, la vitesse, l'amour, sans doute le sexe et, me semble-t-il, quelque chose des excès adolescents.

[03/01/13 21:33:52] Olivier Bleys: C'est une écriture à sensations fortes.

[03/01/13 21:34:02] Olivier Bleys: Mais c'était aussi la consigne : " nuit bleue "

[03/01/13 21:34:49] Bertille Hollebecque: le dernier est très drôle

[03/01/13 21:35:14] Florian Baroghel: J'ai l'impression que les deux premiers haïkus vont du concret vers l'abstrait (c'est ce qui m'avait désarçonné de façon très plaisante !) et font ainsi réfléchir, alors que les deux suivants racontent des événements compréhensibles, et qui font rapidement sourire puisqu'on se les représente très bien

[03/01/13 21:35:40] Olivier Bleys: De l'humour dans les haïkus, c'est finalement assez neuf.

[03/01/13 21:35:47] Bertille Hollebecque: c'est vrai, ceux-là sont beaucoup plus terre-à-terre

[03/01/13 21:37:53] Olivier Bleys: Le dernier haïku (" écran allumé, film chargé /…/ ") est presque de l'ordre du gag. Il comporte une chute évidente. D'une certaine façon, c'est l'équivalent écrit des " strips ", bandes dessinées en trois cases où l'on doit loger — à l'étroit, donc — une petite histoire qui commence et finit rapidement. Peut-être un genre prometteur ?

[03/01/13 21:38:11] Olivier Bleys: Je vous propose de passer au haïku suivant :

[03/01/13 21:38:13] Olivier Bleys: La nuit tombe brusquement,

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:38:40] Florian Baroghel: L'allitération dans le deuxième vers est frappante !

[03/01/13 21:39:23] Olivier Bleys: Oui, tu m'as pris de vitesse, je voulais formuler la même remarque.

[03/01/13 21:39:34] Florian Baroghel: Et comme elle se poursuit dans le troisième, ça donne un effet de continuité et de durée qui contraste avec le "brusquement" du premier vers !

[03/01/13 21:40:07] Bertille Hollebecque: c'est vrai, les sonorités sont très travaillées

[03/01/13 21:41:30] Olivier Bleys: Peut-être l'adverbe " brusquement " alourdit-il le premier vers ? Le mot est un peu long. Avec " soudain ", " d'un coup ", on accentuerait l'effet de surprise, on marquerait la rapidité du phénomène — dans le même temps, j'y pense, s'il s'agit d'une nuit russe, elle n'a pas la brusquerie des nuits tropicales.

[03/01/13 21:41:50] Florian Baroghel: Ha, et je viens de remarquer : une roulade qui rententit, c'est pas banal, surtout sans aucun contact avec le sol !

[03/01/13 21:42:41] Olivier Bleys: Nous entrons dans une synonymie un peu fine mais c'est une piste, en effet, pour améliorer encore le texte.

[03/01/13 21:43:27] Olivier Bleys: " Retentir " porte l'idée d'un son assez fort, qui s'impose à l'attention, qui agite l'air. On pouvait choisir d'autres mots plus doux.

[03/01/13 21:44:16] Bertille Hollebecque: je trouve le paradoxe entre rossignol et retentir assez intéressant

[03/01/13 21:44:49] Olivier Bleys: Le chant du rossignol est peut-être très fort, très puissant ; cela fait quelque temps que je ne l'ai pas entendu !

[03/01/13 21:45:07] Olivier Bleys: En tout cas, il est certain que les deuxième et troisième vers nous emportent, nous enlèvent au sol et à la pesanteur de la nuit.

[03/01/13 21:45:32] Florian Baroghel: Et si, afin toujours d'accentuer la soudaineté du premier vers, "brusquement" était remplacé par "brusque" : ce n'est pas un mot fréquemment employé, cela peut-il contribuer à l'effet de surprise ?

[03/01/13 21:45:34] Olivier Bleys: Je sens un mouvement ascensionnel dans ces deux vers-là, à l'opposé du premier qui porte une chute.

[03/01/13 21:46:27] Olivier Bleys: @Florian : " la nuit tombe brusque " ; l'adjectif ne me paraît pas si rare mais, placé ainsi en position adverbiale, en effet, il se démarque.

[03/01/13 21:46:51] Bertille Hollebecque: "soudain" serait en efft

[03/01/13 21:46:55] Olivier Bleys: Je crois qu'un peu d'audace ne nuit pas.

[03/01/13 21:46:56] Bertille Hollebecque: *effet plus dux

[03/01/13 21:47:05] Bertille Hollebecque: *doux

[03/01/13 21:47:09] Bertille Hollebecque: décidément

[03/01/13 21:47:28] Olivier Bleys: @Bertille : interdit de manger des chocolats en tapant au clavier !

[03/01/13 21:47:35] Olivier Bleys: La nuit tombe brusque,

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:47:40] Olivier Bleys: La nuit tombe soudain,

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:47:59] Olivier Bleys: Tombée la nuit soudain

Les roulades du rossignol

Retentissent dans l'air.

[03/01/13 21:48:05] Olivier Bleys: … de multiples versions possibles

[03/01/13 21:48:17] Bertille Hollebecque: ah ces pauvres chocolat n'ont pas survécu aux premiers jours ^^

[03/01/13 21:48:41] Olivier Bleys: @B : profitez d'être jeunes et de ne pas craindre pour votre ligne

[03/01/13 21:48:49] Florian Baroghel: Je pensais à mettre le "brusque" après une virgule pour couper la phrase. Ce qui me semble original dans le mot, c'est sa sonorité : prononcé à haute voix, je n'étais même plus sûr que ce soit français !

[03/01/13 21:49:01] Екатерина: Moi comme l'auteur j'aime bien la deuxième version, avec soudain c'est plus doux

[03/01/13 21:49:27] Olivier Bleys: Possibilité aussi d'une inversion : Soudain la nuit tombe, les roulades

[03/01/13 21:49:30] Olivier Bleys: …

[03/01/13 21:49:48] Olivier Bleys: Il faut préserver l'effet de surprise, ne pas trop adoucir.

[03/01/13 21:49:51] Olivier Bleys: selon moi…

[03/01/13 21:49:52] Екатерина: Oui cette version est parfaite aussi!

[03/01/13 21:50:24] Olivier Bleys: Passons au haïku suivant…

[03/01/13 21:50:38] Olivier Bleys: Soudain évanoui 

Quand le gris devient bleu 

Perdu sans adieu

[03/01/13 21:51:51] Olivier Bleys: Ce poème fait partie de ceux dont le troisième vers me paraît le mieux " dosé ", un sentiment se délivre à la lecture, comme si l'on croquait un bonbon qui renfermait une goutte de liqueur (décidément, les fêtes…). On est un peu surpris.

[03/01/13 21:52:27] Olivier Bleys: " Perdu sans adieu " : tristesse, abandon, éloignement, brouillard et chagrin

[03/01/13 21:52:35] Olivier Bleys: Je trouve ce vers très fort

[03/01/13 21:53:00] Florian Baroghel: Les deux derniers vers m'évoquent de la musique : j'ai l'impression d'entendre (ou de lire) un rythme ternaire

[03/01/13 21:53:36] Olivier Bleys: Nous ne sommes pas loin des paroles d'une chanson, d'ailleurs. Cela pourrait se fredonner.

[03/01/13 21:53:52] Olivier Bleys: Comme cet autre haïku du même auteur :

[03/01/13 21:53:53] Olivier Bleys: Apparu un soir 

Au coeur d'une nuit blanche 

Son fantôme pâli

[03/01/13 21:54:43] Olivier Bleys: Mais revenons au précédent. Ce qui m'a paru étonnant, en découvrant cet haïku, c'est que le premier vers, " soudain évanoui ", est conclusif, d'une certaine façon. On commence par la fin.

[03/01/13 21:55:07] Olivier Bleys: On dirait que la disparition dont traite le texte a lieu deux fois.

[03/01/13 21:56:41] Bertille Hollebecque: je dirais une première disparition, puis le constat de son caractère définitif

[03/01/13 21:58:13] Florian Baroghel: Je serais plutôt d'accord avec Bertille : d'abord désemparé par la disparition, et ensuite comme si on l'évoquait de nouveau plus calmement, mais de façon toujours triste

[03/01/13 21:58:38] Olivier Bleys: Entendu, mais, subjectivement, le bleu ne vous paraît-il pas une couleur plus présente, plus affirmée que le gris ? Dans le deuxième vers, on passe du gris au bleu, j'ai l'impression que l'objet ou le personnage retrouve une certaine consistance dont les vers 1 et 3 le dépouillent ?

[03/01/13 21:59:14] Bertille Hollebecque: ou u personnage qui n'aurait de consistance que la nuit

[03/01/13 21:59:34] Olivier Bleys: Ce texte m'a évoqué immédiatement ce tableau que vous devez connaître, aux nombreuses versions (y compris musicales), " l'île des morts " de böcklin :

[03/01/13 21:59:48] Olivier Bleys: http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Île_des_morts_(peinture)

[03/01/13 22:00:13] Olivier Bleys: Quelque chose de funèbre, mais de plus " brouillardeux " dans le texte que dans le tableau

[03/01/13 22:01:05] Florian Baroghel: Ce serait peut-être la suite du tableau : plus proche de l'aube, l'embarcation disparaît au sein de l'île ?

[03/01/13 22:01:47] Olivier Bleys: Je me demande, dans ce contexte, si " soudain " est l'adverbe approprié. Car on ne sent pas de disparition brusque, d'escamotage. Plutôt un lent pâlissement, une fusion dans la brume

[03/01/13 22:02:33] Olivier Bleys: Doucement évanoui ? S'évanouissant fil à fil ?

[03/01/13 22:02:47] Florian Baroghel: Tout dépend de s'il s'agit de se fondre dans la brume ou d'être avalée par celle-ci

[03/01/13 22:03:43] Olivier Bleys: Même avalé par la brume, on ne disparaît pas d'un coup, on se fond, on s'enfonce comme dans un liquide. Je suis Lyonnais, je m'y connais en brouillard ! ;-) Ceux de mon enfance étaient épais et assez littéraires.

[03/01/13 22:04:29] Olivier Bleys: Deux autres haïkus me sont parvenus aujourd'hui, toujours inspirés par " la nuit bleue ". Il s'agit donc d'inédits ! Les voici :

[03/01/13 22:04:31] Olivier Bleys: Chimérique nuit 

Lumineuses ténèbres

S’entredéchirant.

 

Dans la lutte à mort

Un cri perce la nuit

Le jour se lève.

[03/01/13 22:06:22] Florian Baroghel: Les deux haïkus évoquent le combat du soleil pour se lever le matin (combat qui me touche particulièrement), ce qui me fait instinctivement aimer ces haïkus !

[03/01/13 22:06:36] Olivier Bleys: En toute franchise, le premier me semble assez confus. J'ai du mal à m'en faire une image, et donc un avis. Mais puisqu'il s'agit d'un combat, d'une lutte assez confuse, peut-être n'est-ce pas un mal.

[03/01/13 22:07:12] Olivier Bleys: L'oxymore " Lumineuses ténèbres " ne m'a pas parlé à première lecture.

[03/01/13 22:07:42] Olivier Bleys: En revanche, le second haïku me paraît beaucoup plus fort, car, aussi, plus économe de ses moyens. Moins de mots, et moins longs.

[03/01/13 22:08:09] Olivier Bleys: On ressent bien le soleil qui perce la confusion de la nuit, qui s'impose à elle et triomphe.

[03/01/13 22:08:34] Olivier Bleys: Le vers final, " le jour se lève ", est à la fois banal et splendide. On ne pouvait rien écrire d'autre.

[03/01/13 22:08:54] Florian Baroghel: Pour le premier haïku, je me représente une nuit se déroulant de la manière suivante : la nuit tombe, aux commandes d'une armée de nuages noirs, qui forment une ligne de défense face aux assauts à venir du soleil. Cependant, ce dernier, nimbant les ténébreux nuages de sa lumière dorée, parvient à traverser le rideau en déchirant les nuages.

[03/01/13 22:10:00] Olivier Bleys: Oui, le jour triomphe donc mais c'est un triomphe amer, le sacre d'un blessé, puisque le jour est comparé à un cri. Il faut mourir pour remporter la victoire. Telle semble la morale de cette petite fable cosmogonique !

[03/01/13 22:12:58] Olivier Bleys: Il me semble tout de même que les haïkus maniant des mots courts et usant de moins d'adjectifs, dans l'ensemble, font plus d'effet que ceux qu'alourdissent des vocables de quatre ou cinq syllabes. N'est-ce pas votre avis ? Ici, ça me paraît flagrant. Le premier haïku est un peu indigeste, le second se mâche facilement. Mais, je le répète, c'est peut-être volontaire, afin de retracer un combat d'abord indécis (1er haïku) qui finalement tourne à l'avantage du jour (2e haïku).

[03/01/13 22:14:02] Olivier Bleys: J'ignore si l'auteur a recherché cet effet d' " élucidation " (au sens propre : rendre plus clair) progressive, mais, si c'est le cas, ça me paraît bien fonctionner.

[03/01/13 22:15:02] Olivier Bleys: Sur ces bonnes paroles, je crois qu'il est temps de lever cette séance complémentaire. Nous avons fait le tour de l'ensemble des haïkus créés, et l'on peut dire que la moisson est riche ; vous avez illustré de façon très diverse et très personnelle le thème imposé de " la nuit bleue ".

[03/01/13 22:16:25] Olivier Bleys: Dès la fin janvier, nous commencerons à discuter du livre à venir, notre publication commune. Un certain nombre de textes ont été créés, qui possèdent une unité secrète ; à nous de la révéler !

[03/01/13 22:16:47] Florian Baroghel: Chouette, on va jouer les détectives !

[03/01/13 22:17:39] Bertille Hollebecque: en ce qui concerne les créations pour la nuit bleue, si on considère le sujet comme clos, j'enverrai la liste à l'art plastique et à la couture

[03/01/13 22:18:05] Olivier Bleys: Sujet clos ? Tout dépend du délai dont ils ont besoin pour travailler.

[03/01/13 22:18:22] Olivier Bleys: Plus nous livrons les textes tôt, mieux c'est pour eux, je suppose ?

[03/01/13 22:18:52] Bertille Hollebecque: c'est exact, surtout l'art plastique, la couture a juste suggéré une lecture pendant le défilé

[03/01/13 22:19:26] Olivier Bleys: Je peux te fournir une compilation des haïkus créés, que j'ai notés au fur et à mesure. Je ne pense pas que nous en ferons d'autres, ou sur un thème différent.

[03/01/13 22:20:07] Bertille Hollebecque: fantastique :)

[03/01/13 22:20:23] Olivier Bleys: 24 haïkus écrits, jusqu'ici.

[03/01/13 22:20:27] Florian Baroghel: Je pense qu'utiliser les haïkus comme support à l'art plastique est une très bonne idée, mais une lecture de haïkus pendant un défilé, ça ne va pas être facile de faire durer chaque haïku le temps du passage d'un modèle !

[03/01/13 22:20:56] Olivier Bleys: Je pense que nous pouvons laisser aux ateliers intéressés la latitude de choisir ceux qui leur parlent le mieux, à condition que tous les auteurs soient représentés par un écrit au moins.

[03/01/13 22:21:02] Florian Baroghel: (Mais je ne suis jamais allé à un défilé de mode, donc je peux me tromper !!)

[03/01/13 22:21:15] Bertille Hollebecque: oui je trouve ça un peu compliqué aussi, j'enverrai les textes à mathilde et elle verra ce qu'elle préfère faire

[03/01/13 22:21:35] Bertille Hollebecque: sauf si la cuture s'associe à l'athlé ^^

[03/01/13 22:21:40] Bertille Hollebecque: *couture

[03/01/13 22:21:50] Olivier Bleys: D'accord, Bertille, je relis les haïkus demain pour pister d'éventuelles coquilles et t'envoie le fichier dans la journée.

[03/01/13 22:22:03] Florian Baroghel: 100m talons hauts, nouvelle épreuve des Jeux Olympiques !

[03/01/13 22:23:02] Bertille Hollebecque: super, merci beucoup!

[03/01/13 22:23:16] Bertille Hollebecque: *beaucoup (je hais ce clavier)

[03/01/13 22:23:48] Olivier Bleys: Bonne soirée, et encore tous mes vœux pour la nouvelle année !

[03/01/13 22:24:10] Bertille Hollebecque: bonne soirée!

[03/01/13 22:24:13] Florian Baroghel: Très bien ! Bonne soirée, bonne année de nouveau, et à très bientôt !!

28 décembre 2012

Séance virtuelle n° 4 du 21/12/12 [21/12/12

Séance virtuelle n° 4 du 21/12/12

 

 
 

 

[21/12/12 15:02:41] Olivier Bleys: Bonjour !

[21/12/12 15:02:53] Nadin: Bonjour !)

[21/12/12 15:02:57] Florian Baroghel: Bonjour bonjour !

[21/12/12 15:03:00] Camille: bonjour

[21/12/12 15:03:06] Екатерина: Bonjour!

[21/12/12 15:03:50] victoire stahl: Bonjour !

[21/12/12 15:04:33] Olivier Bleys: Désolé du changement de programme… J'ai dû faire mes valises un peu vite. Enfin, l'essentiel est que nous soyons réunis, et que nous puissions nous livrer à notre passe-temps favori (ce qu'est l'écriture, au minimum) !

[21/12/12 15:05:43] Olivier Bleys: Lors de la dernière séance présentielle, Bertille nous avait rappelé qu'une soirée " ateliers " serait organisée à la mi-février. L'atelier d'écriture, bien sûr, est convié à y participer.

[21/12/12 15:06:24] Olivier Bleys: Elle nous avait indiqué, aussi, le thème qui s'impose à tous les ateliers souhaitant y prendre part.

[21/12/12 15:06:27] Bertille Hollebecque: Bonjour!

[21/12/12 15:06:38] Olivier Bleys: @Bertille : bonjour, Bertille, et bienvenue !

[21/12/12 15:06:57] Bertille Hollebecque: Alors pour le festival de la création, le projet qu'on nous propose a été précisé mercredi en réunion

[21/12/12 15:07:09] Olivier Bleys: … ah, voilà, très bien, nous t'écoutons

[21/12/12 15:07:50] Bertille Hollebecque: Il s'agirait de l'écriture d'un texte tous ensemble (je pensais par exemple à un poème, chacun pourrait écrire quelques vers) sur le thème de la nuit bleue

[21/12/12 15:08:21] Bertille Hollebecque: le texte serait lu pendant le défilé de la couture et l'art plastique reprendrait des extraits dans ses oeuvres

[21/12/12 15:09:17] Bertille Hollebecque: si ça vous convient il faudrait s'y mettre assez rapidement, notamment pour que l'art plastique ait le temps de lire et de finir ses créations (c'est-à-dire au plus tard fin janvier, mais le plus tôt sera le mieux)

[21/12/12 15:09:54] Olivier Bleys: Bon…

[21/12/12 15:10:27] Olivier Bleys: Il se trouve que j'avais gardé notre dernière conversation en mémoire et que je comptais vous proposer, aujourd'hui, un travail autour de la " NUIT BLEUE ".

[21/12/12 15:10:32] Olivier Bleys: Tant mieux, nous sommes raccord.

[21/12/12 15:11:01] Olivier Bleys: Ce travail peut s'appliquer aussi bien à une séance présentielle qu'à une séance virtuelle, peut-être même est-il plus intéressant à conduire en ligne.

[21/12/12 15:11:09] Olivier Bleys: Voici de quoi il s'agit…

[21/12/12 15:11:32] Olivier Bleys: J'ignore ce que les organisateurs des ateliers avaient en tête en choisissant ce thème qui est aussi une expression, " la nuit bleue ".

[21/12/12 15:11:53] Bertille Hollebecque: c'est un mystère pour moi aussi

[21/12/12 15:12:02] Olivier Bleys: S'agissait-il d'une image poétique ? S'inspiraient-ils d'autres locutions (la note bleue…) ?

[21/12/12 15:12:32] Olivier Bleys: Ou bien, comme c'est possible, faisaient-ils référence à un expression existante, maniée par les journaux dans certaines circonstances :

[21/12/12 15:12:38] Olivier Bleys: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_bleue_(expression)

[21/12/12 15:12:54] Bertille Hollebecque: en l'occurrence l'atelier art plastique pensait à un texte lyrique et assez métaphorique

[21/12/12 15:13:17] Olivier Bleys: @Bertille : ok. Ça n'est pas incompatible avec ce que je souhaite proposer.

[21/12/12 15:13:24] Olivier Bleys: Enfin, vous allez en juger.

[21/12/12 15:13:53] Olivier Bleys: Donnons-nous quelques minutes pour fixer le thème de travail ; ensuite, entamons l'écriture proprement dite ! Cette séance sera une séance de pratique.

[21/12/12 15:13:58] Olivier Bleys: Voilà…

[21/12/12 15:15:32] Olivier Bleys: La " nuit bleue ", dans le jargon politico-journalistique, désigne donc une nuit d'attentats, généralement à l'explosif, et donc de bruit, de destruction, d'angoisse, de peur (peur bleue), etc. Mais, en atténuant cette signification morbide (que porte toujours la couleur bleue, comme l'historien Michel Pastoureau l'a bien montré), on peut dire qu'avec l'expression " nuit bleue ", nous avons :

[21/12/12 15:15:47] Olivier Bleys: • l'irruption de quelque chose d'inattendu, la soudaineté, la surprise

[21/12/12 15:15:59] Olivier Bleys: • le bruit, le fracas, l'expression d'une violence saine ou non

[21/12/12 15:16:11] Olivier Bleys: • une lumière vive qui s'impose à l'obscurité

[21/12/12 15:16:34] Olivier Bleys: • de l'énergie brute qui vient secouer le quotidien alangui des pays en paix et des consciences tranquilles

[21/12/12 15:16:51] Olivier Bleys: Cela peut nous inspirer, nous " écrivants " :

[21/12/12 15:17:06] Olivier Bleys: • des textes courts, spontanés, proches de l'écriture automatique

[21/12/12 15:17:18] Olivier Bleys: • une forme poétique habitée d'une intense énergique

[21/12/12 15:17:34] Olivier Bleys: • des phrases jetées sur le papier ou sur l'écran sans trop réfléchir, avec le minimum de relecture

[21/12/12 15:18:12] Olivier Bleys: … Bref, je vous propose de travailler aujourd'hui, et de créer en direct, des HAÏKUS sur le thème de la " nuit bleue ", pris métaphoriquement ou non.

[21/12/12 15:18:53] Olivier Bleys: La première règle sera qu'à l'inverse des textes de création précédents, ceux-là devront être produits ici, aujourd'hui, sans réécriture possible (règle à discuter ensemble).

[21/12/12 15:19:08] Olivier Bleys: Voilà comment j'envisage cette séance.

[21/12/12 15:19:42] Olivier Bleys: Plutôt qu'une séance continue, je l'imagine jalonnée de plusieurs rendez-vous — tous les 1/4 d'heure, par exemple — au cours desquels ceux qui ont écrits transmettent ce qu'ils ont fait.

[21/12/12 15:20:06] Olivier Bleys: Entre les rendez-vous, je vous propose d'écrire à votre rythme, sur le support de votre choix.

[21/12/12 15:20:38] Olivier Bleys: Et, bien sûr, je reste à votre disposition pour travailler telle ou telle difficulté qui pourrait se présenter à vous.

[21/12/12 15:20:57] Olivier Bleys: Voilà un thème et une méthode de travail qui me semblent intéressants pour un jour de fin du monde…

[21/12/12 15:21:04] Olivier Bleys: Qu'en pensez-vous ?

[21/12/12 15:21:36] Bertille Hollebecque: je suis d'accord, mais là il faudrait plutôt parler de jour bleu ^^

[21/12/12 15:21:47] Bertille Hollebecque: quoiqu'aujourd'hui ce serait plutôt gris

[21/12/12 15:22:14] Olivier Bleys: En effet le plafond des nuages est si bas que la nuit est presque installée !

[21/12/12 15:22:32] victoire stahl: est-ce qu'il y'a un nombre de syllabes par vers à respecter dans les haiku ?

[21/12/12 15:22:37] Florian Baroghel: Oui, cela va être intéressant d'écrire des haïkus sur ce thème ! Cela permettra de travailler sur la spontanéité des idées !

[21/12/12 15:24:08] Olivier Bleys: @Victoire : à ma connaissance (je ne suis pas spécialiste), il existe quantité de règles très précises pour la création d'haïkus. Mais elles ne sont valables (car applicables) que dans la langue japonaise. Je ne crois pas qu'il soit utile de s'embarrasser de cela. Gardons seulement à l'esprit que les textes doivent être courts.

[21/12/12 15:24:42] Bertille Hollebecque: donc pas de règle concernant le nombre de syllabes ni les rimes?

[21/12/12 15:25:21] victoire stahl: d'accord merci !  (en effet je suis en train de vérifier sur wikipédia et ça doit être intéressant mais difficile de respecter toutes les règles)

[21/12/12 15:26:16] Olivier Bleys: Si vous voulez, vous pouvez vous reporter à la séance virtuelle n° 6 (!) de l'année dernière, au cours de laquelle nous avions également écrit des haïkus, mais sans thème défini :

[21/12/12 15:26:17] Olivier Bleys: http://eplosionseances.canalblog.com/archives/2012/02/02/23425495.html

[21/12/12 15:26:25] Olivier Bleys: Cela donnait des choses comme :

[21/12/12 15:26:44] Olivier Bleys: Au coin de la fenêtre

L'étoile de givre taille

Un angle à mon regret

[21/12/12 15:27:06] Olivier Bleys: Au pli de la pendule

Les aiguilles froides

Entaillent la peau.

[21/12/12 15:27:59] Olivier Bleys: Dans la tiédeur de l'étui

Je berce le violon

Sommeil d'hiver

[21/12/12 15:28:27] Olivier Bleys: S'agissant des rimes, donc, nous n'y faisions pas attention.

[21/12/12 15:28:34] Camille: ils sont très beaux (mais ça ne reprend pas les règles (même européennes) du haïku) Nous devons donc créer des phrases de ce genre ?

[21/12/12 15:29:07] Olivier Bleys: Pour le nombre des syllabes, je crois que nous observions une règle 5 /7/5

[21/12/12 15:29:18] Olivier Bleys: @Camille : peux-tu nous résumer les règles européennes ?

[21/12/12 15:32:31] Olivier Bleys: Je lis une remarque intéressante dans l'article Wiki : " Georges Friedenkraft, constate que, puisque le français est une langue peu rythmée, les haïkus en langue française comportent souvent des allitérations ou des rimes discrètes, comme en témoigne ce texte de Jacques Arnold : "

[21/12/12 15:33:10] Camille: je l'avais étudié il y a un bout de temps, effectivement, le 5/7/5 es plus répandu maintenant. mais à l'origine, il devait, par exemple, n'y avoir qu'un seul mot dans la dernière ligne.

[21/12/12 15:33:31] Camille: je ne connais pas les règles "traditionnelles" complètes

[21/12/12 15:34:21] Olivier Bleys: Merci de ces rappels, Camille. Je pense que chacun peut choisir la forme qui l'inspire, en observant ou non la structure 5/7/5, en réservant ou non un seul mot pour la dernière ligne. L'important, me semble-t-il, c'est la concision et l'expressivité.

[21/12/12 15:34:29] Olivier Bleys: Donc…

[21/12/12 15:34:31] Camille: je pense aussi

[21/12/12 15:35:42] Olivier Bleys:  Pour ne pas passer trop de temps à affiner l'énoncé, je vous propose de nous mettre tout de suite au travail. Il est 15 h 30. A vos claviers ! Rendez-vous vers 15 h 50 avec de premiers textes sur le thème de la " nuit bleue ". Je vous ai donné quelques pistes d'interprétation (explosion, énergie, écriture automatique, premier jet…), vous pouvez vous y conformer ou non.

[21/12/12 15:36:10] Olivier Bleys: D'ici là, bien sûr, si vous avez des questions, des interrogations, si vous souhaitez approfondir quelque chose, mon écran reste ouvert !

[21/12/12 15:36:28] Olivier Bleys: Bonne écriture !

[21/12/12 15:52:44] Olivier Bleys: De premiers textes ?

[21/12/12 15:54:02] Florian Baroghel: Oui, j'étais plutôt inspiré ! Je me lance

[21/12/12 15:54:25] Florian Baroghel: Grondement nocturne

Une lumière jaillissante

Trouble le silence.

[21/12/12 15:55:27] Florian Baroghel: Absence de vie

Clarté nocturne du ciel

Hurlement glacé.

[21/12/12 15:55:33] Olivier Bleys: Merci… Je vois que ça arrive de toutes parts !

[21/12/12 15:55:49] Camille: Dans le ciel céruléen

Tranché par le son des salves

Tombe une larme. 

pas beaucoup d'inspiration en ce qui me concerne pour l'instant, je n'ai que des idées peut-être trop... violentes XD

[21/12/12 15:56:12] Nadin: 1 

La nuit d’hiver est sombre

A peine sonnait-on les clochettes 

Le Noël viens

 

2

Sais-tu quoi peut être 

si verbeux et taciturne ?

C’est la nuit même

 

3

Cherie, ne vas là-bas

La mère s'inquiéte son enfant

La nuit fait peur

[21/12/12 15:56:39] victoire stahl: Foncer dans la nuit / sous les éclairs bleu vif / pour exploser avec toi

[21/12/12 15:56:59] Olivier Bleys: Belle moisson

[21/12/12 15:57:04] Florian Baroghel: L’expression solaire

Le désir de séduire et plaire

A la douce nuit bleue.

 

 

Dans le bar enfumé

A ras bord, le verre est plein

Comme la lune au loin.

 

(Dans un domaine plus heureux ceux-ci)

[21/12/12 15:57:21] victoire stahl: l'encre bleue sous ma peau / la douleure par dessus / la nuit comme tatouage

[21/12/12 15:57:54] victoire stahl: guitare, batterie, rock'n'roll / néons d'un bleu électrique / musique folle toute la nuit

[21/12/12 15:58:14] Екатерина: La nuit tombe brusquement,                                                                                                             Les roulades du rossignol                                                                                                 Retentissent dans l'air.                                                                                                               2                                                                                                                        On identifie au toucher                                                                                                   A quoi on se heurte du pied                                                                                          On est perdu ici

[21/12/12 15:58:39] Florian Baroghel: La lune sur l’onde

Reflète une humeur sombre et

Sourit à la ronde.

 

 

Les canines du loup

Ses yeux d’un bleu hivernal

Traversent et transpercent.

 

 

La prière muette

Adressée avec ferveur

A l’obscurité.

[21/12/12 15:58:51] victoire stahl: écran allumé, film chargé / mon pyjama bleu enfilé / zut ! panne d'électricité.

[21/12/12 15:59:33] Olivier Bleys: @tous : comment avez-vous écrit ces textes ? S'agissait-il de premiers jets, spontanés ? Ou les avez-vous repris, travaillés ?

[21/12/12 15:59:44] Olivier Bleys: Ensuite, nous nous attarderons sur quelques-uns d'entre eux.

[21/12/12 16:00:35] Florian Baroghel: Pour ma part, ce sont des premiers jets, écrits selon les idées qui me passaient par la tête (un loup, la peur du noir, un bar, etc.)

[21/12/12 16:00:55] Bertille Hollebecque: en ce qui me concerne c'est du premier jet travaillé ^^

[21/12/12 16:01:02] Bertille Hollebecque: apparu un soir

[21/12/12 16:01:18] victoire stahl: j'ai jeté ce qui me venait à l'esprit sur le papier et j'ai très légèrement retravaillé les textes après

[21/12/12 16:02:48] Bertille Hollebecque: Apparu un soir / Au coeur d'une nuit blanche / Son fantôme pâli // A peine visible / Présence imperceptible / Dans l'obscurité // Soudain évanoui / Quand le gris devient bleu / Perdu sans adieu

[21/12/12 16:03:57] Camille: Un bruit, violent

Une tache, rouge

Une chute, fatale 

 

Dans la nuit calme

Les bouches silencieuses crient

Des sons prisonniers des corps

 

Ce sont de simples jets non travaillés pour ma part

[21/12/12 16:04:21] Nadin: Et moi j’imagine les sons et bruits dans une nuit pour les 1 et 2 textes, et une situation pour le 3 . Je préfère les images audiolisé plutôt )

[21/12/12 16:04:35] Olivier Bleys: Très bien.

[21/12/12 16:06:18] Olivier Bleys: L'impression générale qui se dégage de vos textes est, à la fois, le grand plaisir que vous avez pris à les composer, la grande spontanéité dont vous avez fait preuve (conformément à mes instructions), quitte à perdre de vue l'impératif de concision. On sent parfois la tentation de faire plus long, de laisser des adjectifs ou des compléments s'ajouter à la " phrase toute simple " ; c'est sans doute un penchant contre lequel il faut lutter !

[21/12/12 16:06:32] Olivier Bleys: Nous avons quelques dizaines de minutes pour voir cela un peu dans le détail.

[21/12/12 16:07:19] Olivier Bleys: @Florian :Dans le bar enfumé

A ras bord, le verre est plein

Comme la lune au loin.

[21/12/12 16:07:34] Olivier Bleys: C'est mon texte préféré, parmi ceux nombreux que tu as soumis.

[21/12/12 16:08:00] Olivier Bleys: Il réunit des qualités assez rares. Le rapprochement de la lune et du verre fonctionne dès la première lecture.

[21/12/12 16:08:41] Olivier Bleys: Il y a dans " comme la lune au loin " une discrète allitération qui, à mon sens, fait mouche.

[21/12/12 16:09:25] Olivier Bleys: En revanche, je te suggérerais de changer " dans le bar enfumé ", peut-être un peu trop entendu et qui, telle une pièce passée dans trop de mains, a perdu de son lustre.

[21/12/12 16:09:51] Olivier Bleys: A part enfumé, comment vois-tu ce bar ?

[21/12/12 16:10:08] Olivier Bleys: Populeux, grondant, secoué, remuant, hilare ?

[21/12/12 16:11:14] Olivier Bleys: " Dans le bar remuant ", par exemple, donne une tournure marine à ce petit texte. On croit avoir embarqué sur un bateau qui affronte une mer déchaînée, effet souligné par les deux vers (verres) suivants.

[21/12/12 16:11:22] Olivier Bleys: Voilà quelques pistes de travail…

[21/12/12 16:11:23] Florian Baroghel: Ce texte est fortement inspiré de la nuit dernière. Plutôt populeux et populaire, pour le première bar, pour le deuxième, il était par contraste, calme, convivial et "agréable" (et enfumé !)

[21/12/12 16:11:34] Florian Baroghel: premier bar*

[21/12/12 16:11:50] Bertille Hollebecque: "le bar remuant" évoquant un bateau s'inscrirait parfaitement dans le festival, ce sera à l'i-boat

[21/12/12 16:12:10] Bertille Hollebecque: d'ailleurs gardez au maximum cette info pour vous

[21/12/12 16:12:19] Olivier Bleys: @Bertille : quel sens politique, Bertille !  ; - )

[21/12/12 16:12:26] Bertille Hollebecque: ^^

[21/12/12 16:12:28] Olivier Bleys: Je sens que cette séance sera insuffisante pour discuter les textes de chacun.

[21/12/12 16:12:58] Olivier Bleys: Si vous voulez, entre Noël et le jour de l'An, nous pouvons programmer une mini-séance virtuelle qui s'ajoutera à celle-ci.

[21/12/12 16:13:09] Olivier Bleys: Car aujourd'hui, pour ma part, je dois interrompre à 16 h 30 précises !

[21/12/12 16:14:22] Olivier Bleys: @Camille : parmi tes textes, celui qui fait le plus relief pour moi serait…

[21/12/12 16:14:23] Olivier Bleys: Dans le ciel céruléen

Tranché par le son des salves

Tombe une larme.

[21/12/12 16:15:23] Olivier Bleys: " Tranché " et " Tombe " : les deux dentales, " t ", donnent l'image d'un objet assez lourd qui s'abat, conformément au sens recherché.

[21/12/12 16:17:26] Olivier Bleys: En revanche, peut-être le choix de l'adjectif " céruléen " (d'une couleur bleue, pour nos amies russes) n'est-il pas le plus heureux ? Du moins peut-on en discuter. Il y a chez tous ceux qui écrivent — moi compris — la tentation du mot rare, peu fréquenté, peu usité. Avec la pratique, je crois qu'on s'en libère ou, du moins, qu'on apprend à lui résister. Ce qu'il faut rechercher, ce n'est pas le mot rare mais le mot précis + expressif, graal des littérateurs !

[21/12/12 16:17:44] Olivier Bleys: Comment pourrait être ce ciel, sauf céruléen, azuré ?

[21/12/12 16:17:54] Olivier Bleys: A moins que tu n'aies voulu loger dans ce mot une intention précise ?

[21/12/12 16:18:44] Olivier Bleys: J'adore ce paradoxe d'une larme qui tombe au ciel, donc qui s'envole.

[21/12/12 16:18:55] Екатерина: Merci pour cette precision)

[21/12/12 16:18:59] Nadin: merci pour l'explication pour nous)) c'est gentil)

[21/12/12 16:19:08] Olivier Bleys: C'est naturel !

[21/12/12 16:19:38] Olivier Bleys: Je suis bien conscient que vous ne pouvez pas tout suivre ni tout comprendre, et que nos échanges, parfois, doivent vous donner des maux de tête.

[21/12/12 16:21:24] Camille: j'ai pris "céruléen" essentiellement à cause de sa longueur, par rapport à bleu par exemple. Sinon, il n'y avait pas pas d'intention précise, je le croise régulièrement dans mes lectures et je l'aime bien, simplement.

[21/12/12 16:21:39] Olivier Bleys: C'est une explication suffisante !

[21/12/12 16:21:47] Olivier Bleys: J'aime le mot " firmament ", sans raison non plus.

[21/12/12 16:22:00] Olivier Bleys: Et je l'emploie par goût, même quand le texte ne l'exige pas.

[21/12/12 16:22:26] Екатерина: Non, c'est pas du tout des maux de tete, par contre c'est tres bien pour ameliorer notre francais parce que vous utilisez de mots tellemnet interssants parfois qu'on peu pas entendre dans la vie quotidienne)) Donc merci a vous tous!)

[21/12/12 16:22:55] Nadin: sauf les maux de tête, nous obtenons une  meilleur compréhension )) donc ça marche))

[21/12/12 16:23:14] Nadin: effectivement !!

[21/12/12 16:24:43] Olivier Bleys: @Camille : Mais peut-être pouvais-tu, ici, chercher un adjectif qui produise un effet plus inattendu, pour préparer les deux vers suivants très originaux ? Afin d'annoncer, par exemple, ce " mouvement vers le haut " de la larme qui tombe au ciel ? " Dans le ciel sans fond " ou même " Vers le ciel profond " pour marquer la direction ? Une idée parmi d'autres.

[21/12/12 16:24:55] Olivier Bleys: @Ekaterina, Nadin : merci de votre application !

[21/12/12 16:25:41] Olivier Bleys: " Dans le ciel creuset ", " vers le ciel abîme ", " vers le ciel abysse ", etc.

[21/12/12 16:27:17] Olivier Bleys: Bertille, Nadin, Ekaterina… Je propose que nous abordions vos textes une prochaine fois. Sinon, nous allons courir et ce sera bâclé. Je vous écrirai pendant les vacances de Noël afin de vous proposer une date pour une " séance virtuelle complémentaire ". Y assisteront celles et ceux qui pourront !

[21/12/12 16:27:39] Bertille Hollebecque: Pas de souci :)

[21/12/12 16:27:58] Nadin: d'accord !

[21/12/12 16:28:07] Olivier Bleys: Il me reste à vous souhaiter de bonnes fêtes, et une belle soirée. Ouf ! Il semble que nous ayons échappé à la fin du monde.

[21/12/12 16:28:15] Екатерина: ok)

[21/12/12 16:28:23] Bertille Hollebecque: on a jusqu'à minuit, tout n'est pas perdu :p

[21/12/12 16:28:44] Bertille Hollebecque: bonnes fêtes à tous, bonnes vacances et bonne fin du monde!

[21/12/12 16:28:52] Camille: Bonnes fêtes !

[21/12/12 16:28:58] Екатерина: Oui, on est survecus!) Bonne fetes a vous tous! Tres joyeux Noel!

[21/12/12 16:29:19] victoire stahl: bonnes fêtes ! à l'année prochaine si on survit ;)

[21/12/12 16:29:29] Nadin: ))) Joyeux Noël  et Bonne Année !

[21/12/12 16:29:35] Florian Baroghel: Bonnes fêtes, profitez bien des vacances (je pense qu'on en a tous besoin !!) A très bientôt !

[21/12/12 16:30:19] Nadin: A bientôt à l'année prochaine !!

[21/12/12 16:30:31] Nadin: et merci ))

[21/12/12 16:30:52] Olivier Bleys: Il faudrait se demander, d'ailleurs, si, en fonction du décalage horaire, certains pays n'ont pas déjà franchi la première heure du 22 décembre… lesquels, donc, seraient tirés d'affaire avant nous ! Je me rappelle cette considération géographique au moment du passage à l'an 2000. Enfin, pour vous, ce sont des souvenirs d'enfance !   ;)

[21/12/12 16:31:01] Olivier Bleys: A très bientôt…

[21/12/12 16:31:39] Екатерина: A bientot!! Et merci pour ce semestre productif de notre atelier)

14 décembre 2012

Séance virtuelle n° 3 du 14/12/12 [13/12/12

Séance virtuelle n° 3 du 14/12/12

 

 

[13/12/12 21:02:35] Olivier Bleys: Bonsoir !

[13/12/12 21:04:03] Clémentine Lamendin: Bonsoir

[13/12/12 21:04:13] victoire stahl: Bonsoir

[13/12/12 21:05:42] Olivier Bleys: Nous sommes en petit effectif, ce soir. Plusieurs d'entre vous m'ont averti qu'ils ne pourraient pas assister à la séance, pour diverses raisons : en voyage, préparant un examen ou une compétition sportive.

[13/12/12 21:06:06] Florian Baroghel: Bonsoir !

[13/12/12 21:06:20] Olivier Bleys: Je vous propose d'examiner quelques textes qui m'ont été adressés (texte de création n°2)

[13/12/12 21:06:22] Clémentine Lamendin: Oui nous avons en 1A un examen d'économie samedi

[13/12/12 21:06:32] Olivier Bleys: Voilà, c'est ce que j'ai compris !

[13/12/12 21:06:35] Clémentine Lamendin: Bonsoir Florian!

[13/12/12 21:06:44] Olivier Bleys: Alors, vous travaillez même le samedi ! @Florian : bonsoir !

[13/12/12 21:07:10] Florian Baroghel: Malheureusement oui, le repos ne nous est pas accordé !

[13/12/12 21:07:27] victoire stahl: bonsoir Florian ! Je sais pas si il y'a d'autres 3A dans le groupe, mais on a aussi pas mal de travail en ce moment

[13/12/12 21:08:08] Olivier Bleys: Allez, refermez livres, cahiers, écrans pendant une petite heure, le temps de tracer quelques lignes d'écriture !

[13/12/12 21:08:26] Olivier Bleys: Voici donc, toujours sans mention du nom d'auteur, le premier texte que j'ai reçu :

[13/12/12 21:08:36] Clémentine Lamendin: notre moment d'évasion!

[13/12/12 21:08:46] Olivier Bleys: @Clémentine : tant mieux !

[13/12/12 21:08:51] Olivier Bleys: Le premier texte, donc :

[13/12/12 21:08:52] Olivier Bleys: Tram : « FORUM »

G : Salut ! Tu vas bien ?

F : Ouais ça va et toi ?

G : Ca va… Tu fais quoi cet après-midi ?

F : Je vais aller faire les courses avec ma coloc, ça devient urgent là on n’a plus rien à manger. D’ailleurs on va prendre la voiture.

G : Ah vous avez une voiture ? Au fait, vous venez à la soirée Pharma samedi ?

F : Oui ma coloc à une voiture, c’est pratique. Et non, j’ai des examens à réviser pour lundi. Enfin je verrai bien. Ce sera en fonction de si je suis bien avancée ou pas.

G : Ok. Mais alors vous prenez la voiture pour vos courses ? 

F : Ben ouais ! Surtout qu’on fait beaucoup de courses en général. On y va une fois par semaine, enfin on essaie

G : C’est vrai que ça à l’air plus facile…mais vous pourriez prendre le Tram

 F : Ben la voiture c’est mieux. On se gare, on prend notre petit caddie, on fait nos courses

G : Ouais c’est vrai que votre arrêt vous il est à Hôtel de ville

F : Ouais...ben oui

G : Mais alors tu peux prendre le tram

F :..Ouais mais bon le tram à cette heure-ci il est toujours blindé ça fait gros sacs de courses c’est chiant. ..Mais toi ça ne change rien qu’on t’amène.

G : Non, ou alors vous me déposez devant chez moi (rires)

(…)

F : Ma coloc quand elle fait les courses elle met du temps. C’est bien tu vois elle a raison mais elle vérifie tout, la date de péremption… machin...le prix du truc…

Tram : « ROUSTAING »

G : Elle a raison en même temps. Mais c’est vrai que si elle est trop longue…

F : Ouais mais tu vois ça peut être lourd des fois, surtout que le soir comme ça je suis fatiguée et tout...et puis on a autre chose à faire quoi

G : Oui, ben oui. 

F : Bon et tu veux pas qu’on t’amène ? Parce qu’on a de la place tu sais

G : Non c’est pas mon chemin en fait, mais merci quand même.

Tram : « BARRIERE SAINT-GENES »

[13/12/12 21:09:14] Olivier Bleys: >>>>> Je m'aperçois que la mise en forme n'est pas respectée.

[13/12/12 21:10:10] Olivier Bleys: Donc, depuis " On se gare, on prend notre petit caddie " jusqu'à " Elle a raison en même temps. " (exclu), il s'agit du texte enregistré. Ce qui précède et ce qui suit est la création de l'auteur.

[13/12/12 21:10:57] Clémentine Lamendin: Il fallait le mentionner?

[13/12/12 21:12:55] Florian Baroghel: L'idée de la soirée Pharma au début est bien intégrée, dans le fil de la conversation, mais elle aurait pu être un peu plus développée plutôt que de retourner directement aux courses et à la voiture ! Sinon, on ressent bien l'ambiance des conversations de tram, où une amie nous aperçoit et viens échanger quelques mots avant de descendre trois ou quatre arrêts plus loin !

[13/12/12 21:13:55] victoire stahl: on ne repère pas du tout le passage enregistré ! J'aime bien l'utilisation du tram aussi.

[13/12/12 21:14:38] Olivier Bleys: @Clémentine : ce n'était pas obligatoire de mentionner le passage enregistré mais, personnellement, je trouve ça préférable. Cela permet de vérifier la fluidité des transitions, avant et après…

[13/12/12 21:14:59] Clémentine Lamendin: D'accord

[13/12/12 21:16:53] Olivier Bleys: L'exercice est assez réussi dans la mesure où " l'inclusion " du passage enregistré est presque indiscernable. D'un autre côté, l'exercice était facilité par le fait —probable — que les protagonistes étaient, comme l'auteur, de jeunes gens, des étudiants comme elle ou comme lui.

[13/12/12 21:17:11] Olivier Bleys: Cette proximité sociale et générationnelle rend l'approche plus facile.

[13/12/12 21:18:01] Olivier Bleys: Ce texte me séduit et m'étonne surtout par l'entrelacement des sujets, au début du dialogue : soirée pharma + la voiture.

[13/12/12 21:18:13] Florian Baroghel: Remarque secondaire : "voiture" et "courses" sont beaucoup répétés, ça rend bien le fait que c'est à l'oral, et une conversation "sur le pouce" je trouve

[13/12/12 21:18:39] Olivier Bleys: [suite du texte précédent] Cela produit, à mon sens, un petit effet comique peut-être involontaire.

[13/12/12 21:19:36] Olivier Bleys: @Florian : en effet, le lexique est assez simple ; les mêmes mots, les mêmes tournures sont sans cesse utilisés. Au bénéficie de la vraisemblance du dialogue, oui. Mais peut-être au détriment de son originalité ?

[13/12/12 21:21:27] Olivier Bleys: Florian, tu signalais au début de tes commentaires qu'une " conversation de tram " était nécessairement rapide, puisqu'elle se déroulait pendant les trois ou quatre stations partagées. C'est vrai. Et cela, d'un point de vue dramatique, ajoute à la tension et à l'intérêt de la scène. Ce qui veut être dit doit l'être rapidement, le message est promptement délivré.

[13/12/12 21:21:47] Olivier Bleys: On va à l'essentiel, sans fiortiures, sans recherche dans l'expression.

[13/12/12 21:21:57] Florian Baroghel: Je trouve que c'est là la difficulté dans l'écriture d'un dialogue, il y a des mots qui sont préférés, et qui reviennent constamment. Par conséquent, j'ai vraiment l'impression que c'est difficile d'écrire une conversation homogène, sur un seul thème, sans se répéter (surtout si on veut écrire un dialogue assez long)

[13/12/12 21:22:42] Florian Baroghel: Mais dans le cas d'une conversation rapide, c'est plus convaincant

[13/12/12 21:22:53] Clémentine Lamendin: Le dialogue est caractérisé par la redondance de toute façon

[13/12/12 21:23:12] Clémentine Lamendin: surout lorsqu'il s'agit d'un registre familier

[13/12/12 21:23:39] Clémentine Lamendin: du moins courant

[13/12/12 21:24:37] Olivier Bleys: Je pense qu'il faut savoir doser vraisemblance, réalisme (donc répétitions, lexique étroit, etc.) et intérêt littéraire. Car nombre de conversations de la vie courante, transcrites telles quelles à l'écrit, deviennent ennuyeuses. D'autant qu'elles ne bénéficient plus des apports " non verbaux " — gestes, mimiques… qui contribuent largement au message.

[13/12/12 21:25:41] Florian Baroghel: Est-ce qu'on peut introduire des "didascalies" comme dans une pièce de théâtre, sans alourdir la lecture d'une conversation "banale" ?

[13/12/12 21:25:48] Clémentine Lamendin: C'est sûrement pour cela qu'il faut susciter l'intérêt par un discours imagé et clair

[13/12/12 21:26:09] Clémentine Lamendin: avec des moments de rupture?

[13/12/12 21:27:38] Florian Baroghel: Selon la conversation, par exemple, dans un tram, un des deux protagonistes se fait bousculer par un jeune homme pressé, et se retourne pour lui jeter un regard outragé, se retourne ensuite vers son ami(e) qui hausse les épaules... Il serait peut-être intéressant d'interrompre le dialogue afin d'intégrer cet événement, même si ça ne redirige pas la conversation, non ?

[13/12/12 21:27:47] Florian Baroghel: ami ( e )*

[13/12/12 21:27:53] Florian Baroghel: (raccourcis !!!!)

[13/12/12 21:28:39] Clémentine Lamendin: oui les didascalies

[13/12/12 21:28:43] Olivier Bleys: @Florian : bien sûr, il faut ménager des " respirations " !

[13/12/12 21:28:49] Olivier Bleys: C'est très important !

[13/12/12 21:29:04] Clémentine Lamendin: je ne savais pas que c'était "autorisé"

[13/12/12 21:29:29] Olivier Bleys: Tous les quatre ou cinq échanges, environ, suspendez le dialogue par la description d'une action — même si elle n'est qu'illustrative.

[13/12/12 21:29:39] Olivier Bleys: Cela offre une respiration au lecteur.

[13/12/12 21:29:50] victoire stahl: je ne savais pas non plus, mais c'est vrai que ça peut être un moyen de rendre le dialogue plus vivant

[13/12/12 21:29:55] Clémentine Lamendin: oui et lui permet de mieux cerber la scène

[13/12/12 21:30:00] Olivier Bleys: … et ménage sa concentration.

[13/12/12 21:30:01] Clémentine Lamendin: (cerner*)

[13/12/12 21:30:11] Clémentine Lamendin: oui

[13/12/12 21:30:26] Olivier Bleys: Par exemple…

[13/12/12 21:30:32] Olivier Bleys: En reprenant le début du dialogue…

[13/12/12 21:30:34] Olivier Bleys: G : Salut ! Tu vas bien ?

F : Ouais ça va et toi ?

G : Ca va… Tu fais quoi cet après-midi ?

[13/12/12 21:31:15] Olivier Bleys: Fred sentit le téléphone vibrer dans sa paume. Sourcils froncés, il jeta un œil à l'écran, haussa les épaules et rempocha l'appareil.

[13/12/12 21:31:24] Olivier Bleys: G : je te dérange ?

[13/12/12 21:31:40] Olivier Bleys: F : pas du tout. Cette fille me colle depuis des jours. Elle ne veut pas comprendre. Tu disais quoi ?

[13/12/12 21:31:52] Olivier Bleys: G : cet après-midi…

[13/12/12 21:32:07] Olivier Bleys: F : ah ! Eh bien écoute, jeux de rôle ! On est mardi, non ?

[13/12/12 21:32:08] Olivier Bleys: Etc.

[13/12/12 21:33:07] Olivier Bleys: La petite insertion en quatrième ligne permet, d'une part et comme nous l'avons dit, de laisser respirer le lecteur et, d'autre part, donne un peu de " profondeur " au personnage, dit quelque chose de sa vie — même si le dialogue reste dans les généralités.

[13/12/12 21:33:59] Clémentine Lamendin: oui mais on passe tout de suite à un autre discours

[13/12/12 21:34:35] Clémentine Lamendin: ce n'est plus que du dialogue, enfin c'est mieux

[13/12/12 21:34:39] Florian Baroghel: Ca permet également d'orienter la discussion, afin d'éviter les temps morts, car c'est assez rare d'avoir une conversation uniquement sur des généralités (d'après mon expérience !)

[13/12/12 21:34:52] Clémentine Lamendin: oui en effet!

[13/12/12 21:35:33] Olivier Bleys: Je ne me situais pas dans le cadre de l'exercice ! Mais, déjà, dans la construction intégrale d'un dialogue.

[13/12/12 21:35:45] Olivier Bleys: En réalité, c'est une forme très souple.

[13/12/12 21:36:05] Olivier Bleys: Tout dépend de l'objectif visé. Par exemple, dans mon roman à paraître en janvier, j'ai écrit des dialogues qui impliquent d'assez nombreux personnages, s'exprimant tous en même temps — il s'agit d'une famille italienne, dans les années 1950. Attribuer chaque tirade n'aurait pas eu beaucoup d'intérêt, et aurait considérablement alourdi la scène. Alors, j'ai pris le parti d'identifier chacun par l'initiale de son prénom, sans plus d'indication.

[13/12/12 21:36:08] Olivier Bleys: Extrait :

[13/12/12 21:37:18] Olivier Bleys: D : triste affaire, ma pauvre Erminia… Le docteur est-il venu ? 

E : Oreste vous donnera tous les détails. Voulez-vous boire quelque chose ? J’ai préparé des rafraîchissements dans le salon. 

R : volontiers, j’ai si soif ! Nous avons roulé sans arrêt depuis Milan et, quoi qu’on dise, sous une capote noire la chaleur est intenable. On a beau baisser les vitres, il n’y a pas d’air. Graziella a voulu acheter des glaces. C’était une sottise. Je l’avais avertie, qu’il ne fallait pas. Ne t’avais-je pas avertie ? 

G : si, Romeo. 

R : ah ! Les glaces ont fondu, bien sûr. Il est normal que des glaces fondent, quand la température s’élève. Tant pis pour la banquette de la voiture ! J’aurai beau frotter, les taches de sucre ne partiront pas…

C : ta banquette est tachée ? Ah, Romeo ! Quelle nouvelle ! Ça me tire les larmes. 

R : va-t’en fumer dehors, ma belle-sœur. Tu pompes l’air à tout le monde ! 

C : mais fumer quoi ?

R : voilà un cigare ! Bolivar, de Cuba, le premier choix. Je l’offre à tes poumons.

[13/12/12 21:38:25] Olivier Bleys: >>> En réalité, ce n'est pas un dialogue très réaliste, personne ne s'exprime tout à fait comme ça. Mais ça n'a pas réellement d'importance. Je le répète, il convient de doser vraisemblance, naturel et intérêt narratif / littéraire.

[13/12/12 21:38:41] Olivier Bleys: Bon, je vous propose de prendre connaissance d'un autre texte parmi ceux que vous m'avez soumis.

[13/12/12 21:39:07] Olivier Bleys: - Bonjour à tous. Aujourd’hui nous allons aborder le chapitre 4 : l’exception culturelle française.  La notion d’exception culturelle devient très médiatique en novembre 1996, lors du GATT, qui est l’ancêtre de l’OMC…

- Que tout le monde reste calme ! Ceci est un enlèvement ! 

- Elle est là ! Elle est là ! Chopez-la !

- Non, lâchez-moi ! Vous n’avez pas le droit, c’est le pays des droits de l’homme ici ! Lâchez-moi ! Noon !

- Fermez-la ! Coopérez et il ne vous sera fait aucun mal.

- Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous attendez de moi ?

- Nous sommes les ELR, les Etudiants Lassés des Rattrapages. Donnez-nous les réponses à l’examen de janvier et nous vous relâcherons.

[13/12/12 21:39:59] Florian Baroghel: Ne serait-ce pas la prise d'otage qui a eu lieu à Sciences Po hier soir ?!

[13/12/12 21:40:11] Olivier Bleys: >>>>>>>>>> La partie enregistrée court depuis " Que tout le monde " jusqu'à " Lâchez-moi ! Noon ! "

[13/12/12 21:40:34] Clémentine Lamendin: une prise d'otage????

[13/12/12 21:40:43] Olivier Bleys: @Florian : il faut nous éclairer !

[13/12/12 21:40:53] victoire stahl: c'est une très bonne idée d'avoir enregistré ça :)

[13/12/12 21:41:34] Clémentine Lamendin: c'est très amusant!!

[13/12/12 21:41:55] Olivier Bleys: C'est drôle mais, sans le contexte, un peu difficile à comprendre.

[13/12/12 21:42:25] Olivier Bleys: Par exemple, j'ai du mal à saisir s'il s'agit d'une farce, d'un bizutage, d'une interruption sérieuse…

[13/12/12 21:42:30] Florian Baroghel: Haha, j'ai juste eu quelques échos par un ami ! Dans le cours d'un professeur, des étudiants cagoulés sont rentrés et ont interpreté une prise d'otage ! C'était suffisamment réaliste et osé pour arrêter le cours du professeur, mais, si je me souviens bien, ils ont quitté la salle avec la fille "kidnappée" assez rapidement ! (Dernier détail, le professeur a un nom polonais, mais je ne m'en souviens plus)

[13/12/12 21:42:56] Clémentine Lamendin: cours magustral?

[13/12/12 21:42:56] Florian Baroghel: L'ami en question est membre de l'atelier théâtre

[13/12/12 21:42:59] victoire stahl: c'est une intervention d'amnesty pour attirer l'attention sur les enlèvements d'opposants politiques dans certains pays

[13/12/12 21:43:01] Clémentine Lamendin: (magistral*)

[13/12/12 21:43:18] Clémentine Lamendin: ah d'accord!

[13/12/12 21:43:29] Olivier Bleys: Bien vu !

[13/12/12 21:43:54] Clémentine Lamendin: Dans tout les cas, le récit est bien articulé

[13/12/12 21:43:57] Florian Baroghel: D'accord, j'étais pas au courant de ça !

[13/12/12 21:44:56] Clémentine Lamendin: On sent quand même que celui-ci a été volontairement détourné dans une version comique

[13/12/12 21:45:21] Clémentine Lamendin: L'intervention de l'ELR notamment n'est pas très réaliste

[13/12/12 21:45:22] Olivier Bleys: Oui, le dialogue est fuide et fonctionne. Cependant, je continue de penser qu'une " attribution des rôles " aurait été souhaitable. A moins que ce soit délibéré, l'anonymat des personnes qui s'expriment ? Pour marquer la confusion dans laquelle se trouvaient les protagonistes ?

[13/12/12 21:45:47] Florian Baroghel: Par contre, au sujet du texte, je ne comprends pas exactement qui est enlevé : la professeure, à qui on demande les réponses, ou une élève, qui sert de monnaie d'échange ?

[13/12/12 21:46:03] Clémentine Lamendin: une élève je suppose

[13/12/12 21:46:11] Olivier Bleys: @Florian : cela rejoint ma remarque sur l'attribution des rôles.

[13/12/12 21:46:18] Florian Baroghel: oui exactement !

[13/12/12 21:46:41] Olivier Bleys: Il y a un petit problème de gradation également. On ne peut pas dire que " le ton monte ". Il est tout de suite au maximum d'intensité.

[13/12/12 21:46:43] Clémentine Lamendin: C'est vrai que le récit est assez mystérieux au sens où il laisse le lecteur une large marge d'interprétation

[13/12/12 21:47:48] Olivier Bleys: Si vous écoutez les exemples, assez nombreux, d'intrusion de manifestants divers dans un studio de radio, par exemple, vous constaterez que les choses vont assez progressivement. D'abord, ça hurle. Puis on se calme un peu, on dialogue, avant que le ton se durcisse de nouveau, jusqu'à l'évacuation ou le départ volontaire des intrus.

[13/12/12 21:48:00] Clémentine Lamendin: et comme il s'agit d'un enlèvement, cela peut très bien participer du climat de confusion

[13/12/12 21:48:23] Florian Baroghel: Selon moi, lors d'une prise d'otage, le ton devrait justement descendre : au début, la surprise, la peur (terreur), et les cris des preneurs d'otage afin de canaliser toute volonté de rébellion, et une fois que le contrôle est assuré (tout le monde au sol, les mains en évidence, loin des téléphones, etc.), le ton descend pour que les ravisseurs puissent exprimer clairement leur objectif

[13/12/12 21:48:52] Florian Baroghel: (Encore une fois, je rejoins le commentaire précédent, je ne suis pas assez rapide !)

[13/12/12 21:49:14] Olivier Bleys: Bon… voici un troisième texte

[13/12/12 21:49:19] Olivier Bleys: A : Oh tiens salut, comment tu vas ? 

B : ça va, pas trop mal, je sors d'un cours d'économie donc bon..

A : moi aussi je sors de cours, je suis bien contente de pouvoir rentrer chez moi. 

B : Au fait j'ai vu sur facebook que tu avais réalisé ton rêve finalement ! 

A : Oui ça a enfin pu se faire !! 

B : Et tu as attendu tout ce temps pour nous le dire ! 

A : Je voulais attendre quelques mois pour voir si ça marchait bien avant de me la péter avec tout ça. Ça fait 3 mois aujourd'hui. C'était mon deal ! 

B : heureuse ?

A : ça va, j'a du mal à l'être réellement car on se voit peu. Je le suis surtout lorsque je suis avec lui. J'adore quand je peux aller lui faire un coucou et même aider les professionnels à s'en occuper !

B : Oui je comprend bien. Il s'appelle comment ce petit ? 

A : Apple-coconut, c'est moi qui ait choisit le nom ! 

B : haha c'est marrant comme nom ! 

A : Tu sais pour certaines personnes ça peut paraitre idiot, mais moi avec ma passion pour les animaux, ça me tient vraiment très à coeur de parrainer un bébé paresseux du zoo ! 

 

>>>> Le texte enregistré court depuis " Ça fait 3 mois " jusqu'à " Il s'appelle comment ce petit ? "

[13/12/12 21:50:20] Olivier Bleys: Ce dialogue a un atout : il comporte une chute. Ce n'était pas demandé, mais ici, ça fonctionne bien.

[13/12/12 21:51:07] Olivier Bleys: De nouveau, petit effet comique. L'intérêt du lecteur est stimulé par le fait qu'on ne comprend pas aussitôt de quoi il s'agit, ou plutôt que différentes hypothèses se présentent successivement à l'esprit.

[13/12/12 21:51:12] Florian Baroghel: Quand on est au courant de l'extrait, le point de vue change. J'ai l'impression que les acteurs ont changé : d'adultes (ou travailleurs) à adolescents (ou étudiants) !

[13/12/12 21:51:13] Clémentine Lamendin: très surprenant!

[13/12/12 21:51:25] Clémentine Lamendin: un long suspens quand même

[13/12/12 21:53:17] victoire stahl: (possible que l'auteur dont nous ne révélerons pas l'identité se soit trompée d'une ligne dans la mise en gras de l'extrait enregistré  (wasntme) )

[13/12/12 21:53:35] Clémentine Lamendin: haha

[13/12/12 21:53:52] Olivier Bleys: Suspense jusqu'à la chute, oui. Mais surtout, fausses pistes. J'ai cru d'abord qu'il s'agissait d'une rencontre amoureuse (" je voulais attendre quelques mois pour voir si ça marchait bien "), puis d'une bonne nouvelle inattendue (gain à la loterie, etc. ; " heureuse ? ").

[13/12/12 21:54:26] Olivier Bleys: … on pouvait penser également à une naissance !

[13/12/12 21:54:30] Olivier Bleys: … humaine !

[13/12/12 21:54:32] Florian Baroghel: "Ca fait 3 mois aujourd'hui. C'était mon deal." : j'ai immédiatement pensé au fait d'arrêter de fumer, mais bon, ma perspective est biaisée !

[13/12/12 21:54:59] Clémentine Lamendin: oui c'est très déroutant

[13/12/12 21:55:18] Clémentine Lamendin: même jusqu'à apple-coconut on peut se demander s'il s'agit d'un enfant

[13/12/12 21:56:21] Florian Baroghel: Mais c'est bien travaillé, on sent que la personne veut profiter au maximum du sujet, parce que c'est quelque chose qui lui tient à coeur, et qu'elle adore en parler ! (Même si du point de vue du lecteur, ça nous pousse à élaborer des théories un peu folles !)

[13/12/12 21:56:48] Olivier Bleys: Cependant, le texte est peut-être un peu disparate. C'était une bonne idée de ménager une chute et de jouer sur les fausses pistes mais, à trop créer de mystère, on risque d'égarer un peu le lecteur.

[13/12/12 21:57:18] Olivier Bleys: Notre curiosité est stimulée, certes, mais notre impatience de donner un sens à tout cela — mise à rude épreuve.

[13/12/12 21:58:26] Clémentine Lamendin: oui c'est vrai qu'on ne pense probablelement pas assez à notre lecteur

[13/12/12 21:59:13] Clémentine Lamendin: on se donne du plaisir à écrire, mais l'écriture est en réalité un dialogue  en différé

[13/12/12 21:59:16] Olivier Bleys: Je n'exigeais pas réellement qu'on y pense. Et certaines conversations réelles peuvent, elles aussi, paraître très décousues.

[13/12/12 21:59:55] Florian Baroghel: Surtout quand les personnes discutent, sans vraiment réfléchir à ce qu'elles racontent, et sont plus préoccupées par ce qu'elles vont bien pouvoir cuisiner le soir même !!

[13/12/12 22:00:49] Olivier Bleys: De nouveau, ce dosage entre réalisme (donc éventuellement confusion, dispersion…) et construction littéraire !

[13/12/12 22:01:17] Clémentine Lamendin: mais comment le théâtre d el'absurde parvient-il à nous intéresser dans ce cas là?

[13/12/12 22:01:40] Clémentine Lamendin: je pense à la cantatrice chauve par exemple

[13/12/12 22:01:49] Clémentine Lamendin: où l'absurde devient un vrai style

[13/12/12 22:02:07] Olivier Bleys: Le ton peut être réaliste, mais le contenu tout à fait farfelu.

[13/12/12 22:02:23] Olivier Bleys: Dans l'absurde, souvent, la construction est très rigoureuse sous des apparences frivoles.

[13/12/12 22:03:21] Olivier Bleys: Les raisonnements enfantins procèdent pareillement : ils sont très logiques, imparables, pourtant les conclusions auxquelles on aboutit heurtent le bon sens.

[13/12/12 22:03:55] Olivier Bleys: Ce qui est réaliste, c'est le ton, la psychologie, la cohérence interne du personnage. Non ses propos.

[13/12/12 22:04:13] Olivier Bleys: Voià, nous avons examiné les trois textes qui me sont parvenus !

[13/12/12 22:04:39] Olivier Bleys: Cet exercice avait posé de grandes difficultés aux étudiants d'il y a deux ans — difficultés surtout logistiques, semble-t-il.

[13/12/12 22:04:55] Olivier Bleys: Peut-être les avez-vous rencontrées, aussi ?

[13/12/12 22:05:21] Olivier Bleys: Nous sommes environnés de bruits et de conversations mais, quand il s'agit de les fixer, c'est très dur.

[13/12/12 22:05:32] Clémentine Lamendin: Oui il a été délicat d'enregistrer des personnes sans se faire remarquer!

[13/12/12 22:05:42] victoire stahl: oui ça a été difficile de trouver une conversation intéressante et de prendre un enregistrement exploitable alors qu'il y'avait souvent du bruit autour

[13/12/12 22:05:50] Olivier Bleys: Je comprends…

[13/12/12 22:05:55] Florian Baroghel: Difficultés de calendrier à vrai dire ! Avec le concert de mardi, et les examens, j'ai pas eu beaucoup de temps pour m'asseoir à une terrasse de café, et quand on privilégie la voiture, la conversation s'avère limitée !

[13/12/12 22:06:30] Olivier Bleys: Bien. Promis, je ne vous infligerai plus pareille torture !

[13/12/12 22:07:01] Florian Baroghel: Haha, ce n'est vraiment pas le problème ! J'y serais parvenu, si je m'étais mieux organisé, mais ce n'est pas ma qualité première !

[13/12/12 22:09:00] Olivier Bleys: Je vous soumettrai un nouvel exercice lors de la prochaine séance présentielle, de vive voix. Et n'hésitez pas à m'envoyer de nouvelles versions des textes déjà créés, si vous souhaitez appliquer les remarques et les commentaires formulés en séance, ou encore pour bénéficier de ma lecture " directe ". C'est toi, Clémentine, qui souhaitais le faire, je crois ? Très courageux de ta part !

[13/12/12 22:09:34] Clémentine Lamendin: Oui effectivement!

[13/12/12 22:09:48] Clémentine Lamendin: Il faudrait pour ça que je trouve un peu de temps

[13/12/12 22:09:56] Olivier Bleys: Le principe de cet atelier est assez biaisé, dans la mesure où nous tentons de ramasser en quelques heures, en quelques séances, un travail qui normalement se déploie sur des mois.

[13/12/12 22:10:14] Florian Baroghel: Peut-on également envoyer des textes écrits en-dehors du cadre de l'atelier ? Afin d'avoir un point de vue sur des tentatives qui n'ont pas encore totalement abouti !

[13/12/12 22:11:40] Olivier Bleys: @Florian : bien sûr, à condition qu'ils ne soient pas trop longs ! ; - ) L'une de vos condisciples m'avait envoyé une pièce de théâtre complète, près de 150 pages. Je n'ai pas trouvé le temps de la lire entière !

[13/12/12 22:12:12] Florian Baroghel: Ah non, ma tentative non-aboutie s'arrête à quelques pages, pas d'inquiétude de ce côté-là !!

[13/12/12 22:12:31] Olivier Bleys: ;)

[13/12/12 22:13:55] Clémentine Lamendin: oh je serai bien intéréssé emoi aussi!

[13/12/12 22:14:01] Clémentine Lamendin: serais*

[13/12/12 22:14:07] Olivier Bleys: … mais, pour continuer la réflexion sur l'atelier, il n'y a pas d'écriture sans retravail personnel du texte, ad nauseam pourrait-on dire. Chez la plupart des auteurs, le premier jet n'annonce que de très loin ce qui finalement sera imprimé !

[13/12/12 22:15:10] Olivier Bleys: @Clémentine : à ta disposition, aussi ! Vous avez mon adresse. Et je ne suis pas hostile non plus, dans la mesure de mes disponibilités et des vôtres, à prendre un café en ville, en semaine, ce qui parfois est plus rapide et plus direct qu'un long échange électronique.

[13/12/12 22:15:29] Olivier Bleys: Bref, revenez régulièrement sur vos textes.

[13/12/12 22:15:41] Olivier Bleys: Relisez-les à différents moments de la journée, dans différentes humeurs.

[13/12/12 22:16:02] Florian Baroghel: Les vacances le permettront !

[13/12/12 22:16:12] Olivier Bleys: En particulier le matin, où l'on jouit normalement (tout dépend de la soirée de la veille) d'une plus grande lucidité.

[13/12/12 22:16:21] Olivier Bleys: @Florian : très bien !

[13/12/12 22:16:38] Florian Baroghel: (Par contre, je ne promets rien pour le matin haha !)

[13/12/12 22:17:15] Olivier Bleys: … ou à l'opposé, au milieu de la nuit, qui pour nombre d'auteurs est un espace de calme, donc de créativité formidable.

[13/12/12 22:17:36] Olivier Bleys: Bon, il est temps de lever cette courte séance. Bon travail, bonne écriture, et bonne nuit !

[13/12/12 22:18:18] Clémentine Lamendin: Merci beaucoup M.Bleys!!

[13/12/12 22:18:32] Florian Baroghel: Merci ! Bonne nuit / soirée / révisions (qui sait ?) !!

[13/12/12 22:18:55] victoire stahl: Merci ! Bonne soirée !

[13/12/12 22:19:01] Olivier Bleys: A bientôt…

28 novembre 2012

Séance virtuelle n° 2 du 28/11/12 [27/11/12

Séance virtuelle n° 2 du 28/11/12

 

[27/11/12 21:00:06] Olivier Bleys: Bonsoir à toutes, à tous !

[27/11/12 21:00:15] victoire stahl: Bonsoir !

[27/11/12 21:00:19] Florian Baroghel: Et bonsoir !

[27/11/12 21:00:22] Olivier Bleys: Je suis fier de ma ponctualité !

[27/11/12 21:00:29] Bertille Hollebecque: Bonsoir!

[27/11/12 21:00:32] Clémentine Lamendin: bonsoir

[27/11/12 21:00:36] Camille: Bonsoir

[27/11/12 21:01:07] Nadin: Bonsoir et добрый вечер!!

[27/11/12 21:01:17] Екатерина: Bonsoir, mes amis)

[27/11/12 21:02:21] Olivier Bleys: La plupart de vos textes me sont parvenus, certains il y a quelques minutes seulement ; parfois, dans une seule version. Ça n'a pas beaucoup d'importance mais, comme de raison, je n'ai pas pu tous les lire. Nous le ferons ensemble. La moisson est assez généreuse. J'espère que nous pourrons tous les " passer en revue ". La séance de ce soir sera consacrée exclusivement à ces textes, il y a de quoi faire.

[27/11/12 21:03:22] Olivier Bleys: Bon, je propose d'en prendre un au hasard. Pour simplifier, je ne mentionnerai pas le nom de son auteur — car certains d'entre vous préfèrent ne pas être identifiés. Pudeur respectable.

[27/11/12 21:03:47] Clémentine Lamendin: D'accord! Tout le monde est présent?

[27/11/12 21:04:19] Olivier Bleys: Je n'ai pas fait l'appel, mais nous avons l'air d'être assez nombreux. Certain(e)s s'ajouteront peut-être en cours de séance.

[27/11/12 21:05:37] Olivier Bleys: Ce soir, il s'agit donc de lire ensemble vos textes, de les commenter sans tabou (mais, naturellement, sans agressivité non plus !) afin d'aboutir une deuxième version qui figurera dans l'ouvrage de fin d'année.

[27/11/12 21:06:07] Clémentine Lamendin: (reçu)

[27/11/12 21:06:16] Olivier Bleys: Je commenterai aussi, mais ne dois pas être le seul. Il est toujours intéressant de confronter les avis des uns et des autres.

[27/11/12 21:06:32] Olivier Bleys: Premier texte…  (*)

[27/11/12 21:06:35] Olivier Bleys: Version 1 (pour enfants).

Je suis une tasse, et ma vie est parfois compliquée. Je dors dans un placard où il fait très noir, en compagnie d’autres tasses. . Si au moins ma propriétaire buvait des chocolats chauds crémeux et sucrés, je serais moins malheureux, mais quand elle me sort, c’est pour me remplir d’un liquide chaud et amer que je n’aime pas beaucoup. Quand elle en boit trop, elle devient très agitée et un peu bizarre. Ensuite on me plonge dans de l’eau chaude avec un produit qui fait de la mousse et des bulles, et on me frotte pour me nettoyer. Quelques fois c’est rigolo, ça chatouille un peu, mais le reste du temps on utilise le côté de l‘éponge qui gratte, et là j’ai vraiment l’impression qu’on me fait mal exprès. Comme si ça ne suffisait pas, on me laisse sécher sur une grille, la tête en bas, sans coussin ! 

Version 2 (pour adultes).

On parle beaucoup des droits de l’Homme, mais il me semble que personne ne se soucie des conditions de vie épouvantables des tasses. J’ai donc décidé de prendre la parole et de dénoncer les mauvais traitements que je subis au quotidien. D’abord, on me remplit régulièrement de café brûlant, dans lequel personne n’a pris la peine de mettre du sucre. Ensuite, pour des prétendues raisons d’hygiène, on essaie de me noyer dans de l’eau pleine d’un produit qui sent très fort, on m’arrache la peau et on me laisse pour mort sur une grille inconfortable, tête en bas, ce que je trouve franchement humiliant. C’est vrai que, quand je suis remplie, on m’embrasse souvent. J’aime ces baisers sensuels, mais je ne suis pas stupide, je sais bien que c’est intéressé… Maintenant que je vous ai livré les détails sordides de ma pauvre vie, j’espère que vous aurez un minimum de compassion pour mes semblables et pour moi.

[27/11/12 21:07:48] Camille: entendu

[27/11/12 21:08:05] Clémentine Lamendin: Je trouve la version 2 plus intéréssante

[27/11/12 21:08:54] Camille: j'aime beaucoup l'idée de la seconde version

[27/11/12 21:08:55] Clémentine Lamendin: L'histoire de la version 1 manqe un peu de "liant"

[27/11/12 21:09:25] victoire stahl: j'aime bien la version 2 aussi, elle est assez drôle et bien construite

[27/11/12 21:09:39] Olivier Bleys: Ces deux textes répondent parfaitement à la consigne posée. Le premier, rédigé dans une langue simple, est intelligible par des enfants. Le second est de " texture " plus littéraire. En tout cas, une réussite selon moi : on sent qu'il s'agit du même protagoniste, dont la psychologie est assez bien dégagée par ces quelques lignes.

[27/11/12 21:09:47] Florian Baroghel: Je trouve très intéressant les différences d'approche entre les deux versions : la première étant plus orientée vers un côté description / questionnement, et la deuxième très critique avec une prise de position indignée !

[27/11/12 21:10:09] Екатерина: Moi je trouve que la premiere version est aussi interessante et l'auteur a tout a fait accompli une tache: de faire un texte bien simple pour des enfants, je pense que tous les enfants vont lire ce texte avec un grand interet

[27/11/12 21:10:12] Clémentine Lamendin: oui la tasse numéro 2 a bien plus de caractère!

[27/11/12 21:11:21] Olivier Bleys: La posture du texte 2, revendicatrice, indignée, est à la fois drôle et cohérente. C'est peut-être un clin d'œil dissimulé à l'obsession victimaire de nos sociétés, où chacun croit détenir des droits et entend les défendre.

[27/11/12 21:11:57] Florian Baroghel: Le fait de changer de vocabulaire pour obtenir une écriture plus "dense", plus expressive car plus complexe rend fréquement cet effet, du moins, j'en ai l'impression car j'ai eu à peu près la même approche sur ce que j'ai écrit

[27/11/12 21:12:35] Clémentine Lamendin: oui les impressions sont toujours plus riches en version 2, question de lexique!

[27/11/12 21:13:09] Clémentine Lamendin: mais je pense qu'avec des mots simples toujurs, la version 1 pourrait être plus dynamque

[27/11/12 21:13:23] Bertille Hollebecque: c'est vrai que la deuxième version autorise une complexité qu'on peut difficilement donner au premier texte (donc personnage)

[27/11/12 21:13:32] Olivier Bleys: @Florian : ce n'est pas seulement cela. Le vocabulaire s'étoffe oui, le lexique évolue. Mais le ton change aussi. Il devient solennel. On a l'impression d'entendre un discours aux autorités. Le texte se conclut d'ailleurs par une sorte d'interpellation ou d'apostrophe aux autorités. C'est assez drôle !

[27/11/12 21:14:32] Florian Baroghel: C'est vrai qu'un vocabulaire complexe renferme toujours en soi sa part de subjectivité ! Par exemple, "fait exprès" et "intentionnel" n'ont pas la même "couleur", si vous voyez ce que je veux dire

[27/11/12 21:14:37] Olivier Bleys: Pour ma part, même si ça ne signifie pas grand-chose, je préfère la version 1. Sa simplicité mais la justesse des exemples et des situations crée, à mon sens, de l'émotion. Cette émotion est absente du texte n° 2.

[27/11/12 21:14:41] Clémentine Lamendin: oui il y a un chagement de tonalité ce qui rend le texte plus expressif

[27/11/12 21:14:56] Clémentine Lamendin: (en version 2)

[27/11/12 21:15:35] Clémentine Lamendin: la version un pourrait avoir une meilleure articulation ..

[27/11/12 21:16:32] Olivier Bleys: Ce qui pourrait peut-être évoluer, c'est la longueur des phrases du texte 2. Certes, leur étendue souligne l'aspect " discours ". Mais c'est, selon moi, un peu plus fastidieux à lire, et ça manque un peu de nerf. Il faudrait des propositions plus courtes, plus tranchées. Après tout, la tasse pourrait être un peu imprégnée de ce café brûlant qui la remplit souvent, et devenir caractérielle !

[27/11/12 21:16:56] Bertille Hollebecque: l'abus de café est dangereux pour la santé

[27/11/12 21:18:00] Olivier Bleys: @Bertille : voire… C'est en débat au sein de la communauté scientifique. Je m'interdis habituellement l'auto-promotion mais, là, la tentation est forte. Début janvier, je publie un roman intitulé " le maître de café " chez Albin Michel. Où l'on parle abondamment de la boisson noire…

[27/11/12 21:18:30] Bertille Hollebecque: on y ira tous chez Mollat pour la sortie, promis :)

[27/11/12 21:18:44] Olivier Bleys: (inlove)

[27/11/12 21:21:06] Olivier Bleys: @Clémentine : vous êtes deux à souligner le manque de liant ou d'articulation du texte 1. C'est peut-être une conséquence des phrases conjuguées à la première personne qui, au début du texte, s'enchaînent sans assez de variété. Un défaut très commun, auquel peu d'auteurs échappent (j'y suis aussi exposé). Eviter, dans la mesure du possible, de faire se succéder des " Je " — pas plus de deux par paragraphe ! A moins, bien sûr, qu'un effet soit recherché…

[27/11/12 21:21:19] Olivier Bleys: Passons au texte suivant ! Car l'horloge tourne…

[27/11/12 21:21:59] Olivier Bleys: Texte 2  (*)

[27/11/12 21:22:07] Olivier Bleys: Version 1 : pour un public enfantin

« Vous voulez savoir ce que je fais comme travail ? Je vais vous dire la vérité, ce n’est pas très intéressant ! Je suis un cendrier. Je suis déjà au travail avant que mon chef ne se lève et je suis un des premiers qu’il utilise quand il arrive. Je suis installé à son bureau pour pouvoir lui rendre service quand il en a besoin. En fait, je suis comme une petite poubelle de table. Lorsqu’il appuie sur ma tête, je m’ouvre en tournant et il peut jeter tout ce qui sent mauvais, même si c’est chaud. Mon chef a très souvent besoin de moi. Comme il reste longtemps au bureau, je travaille tard, et je ne peux pas me reposer autant que j’aimerais. Les pires journées sont celles où il a du retard dans son travail car je dois rester disponible même la nuit ! Maintenant, je vais vous donner un conseil : ne devenez jamais un cendrier, et si vous en rencontrez un, soyez gentils avec lui, car ce n’est pas un travail facile. »

 

Version 2 : pour un public initié

« Si vous pouviez me faire le plaisir de vous étouffer en riant ! On m’a persuadé que je faisais partie de la haute ! Je n’étais pas un cendrier perdu dans la masse grisâtre de ces objets méprisés, que l’on cache afin de nier cette ignoble addiction à un produit toxique ! J’étais un cendrier à poussoir, luxueux, impressionnant ! Et à présent, regardez-moi. Etouffé par la fumée, mon réservoir vidé uniquement lorsque je suis saturé de mégots et inutilisable, mon fer autrefois étincelant terni par la cendre, mon poussoir manipulé comme un jouet par un humain inconscient de l’indignité qu’il me fait subir. Ces couleuvres que l’on m’a faites avaler lorsque j’étais neuf et naïf ! Dans ce monde, ceux qui n’ont pas de voix pour exprimer leur colère ne sont que poussière, ou, assez ironiquement, cendres. Animaux et objets, nous sommes tous à la merci de la cruauté de cette espèce prétendument supérieure qu’est l’humanité. »

[27/11/12 21:23:54] Clémentine Lamendin: Plus difficile à comprendre

[27/11/12 21:24:28] Bertille Hollebecque: beaucoup d'objets sont en réelle souffrance.. j'aime beaucoup le ton aigri de la version 2

[27/11/12 21:24:29] Clémentine Lamendin: Version 1 : un peu circulaire non?

[27/11/12 21:24:32] victoire stahl: beaucoup de gens n'ont pas le droit de fumer au bureau ;) Là aussi le deuxième texte parait plus aboutit et plus revendicatif

[27/11/12 21:24:54] Camille: j'ai plutôt tendance à préférer la première ici

[27/11/12 21:25:04] Florian Baroghel: (Le bureau n'est pas toujours celui que l'on croit !)

[27/11/12 21:25:16] Olivier Bleys: Un fait à prendre en compte : c'est un objet un peu moins commun, un plus difficile à traiter. Non seulement parce qu'il est " subversif ", mais parce qu'il a disparu, en effet, de la plupart des espaces publics, et même privés.

[27/11/12 21:25:38] Clémentine Lamendin: Version 2 : j'imagine très bien le cendrier!

[27/11/12 21:25:58] Екатерина: moi aussi j'aime beaucoup le ton et des expressions du texte 2, mais le premier est parfait)

[27/11/12 21:26:28] Olivier Bleys: Je pense qu'il y a de bonnes idées dans les deux versions. La seconde est assez fine, on sent que l'auteur a réfléchi pour tirer des observations denses et cohérentes d'un objet assez peu complexe. Exemple  : " mon fer autrefois étincelant terni par la cendre "

[27/11/12 21:27:04] Bertille Hollebecque: je trouve le premier plus descriptif, il reste intéressant mais le cendrier de la deuxième version a plus de profondeur

[27/11/12 21:28:19] Екатерина: Je pense que notre grand probleme ou pas ce que nous sommes tous adultes et pas enfants)) Nous on ne peut juger bein du cote des enfants comment iles est enrichi le texte 1

[27/11/12 21:28:44] Olivier Bleys: Petit détail technique. Peut-être le mot " travail " revient-il un peu trop souvent dans la version 1. Certes, on s'adresse à des enfants, c'est mieux toléré. Mais n'hésitons pas à ouvrir notre dictionnaire des synonymes ! Cela enrichirait le texte, sans sortir du registre enfantin. Un dictionnaire de synonymes en ligne que je vous invite à fréquenter : http://www.crisco.unicaen.fr/des/     ; ou encore celui-ci, mais plus technique : http://dico.isc.cnrs.fr/dico/fr/chercher

[27/11/12 21:28:45] Nadin: et moi je prefere le premier texte, selon moi c'est plus viens à des enfants et ils vont aimer ce style aisé )

[27/11/12 21:29:39] Florian Baroghel: Je pense effectivement que c'est la difficulté de l'exercice : que dire à des enfants (et comment le dire) ?

[27/11/12 21:30:18] Florian Baroghel: Est-ce qu'il faut parler de ce à quoi sert l'objet, au risque de partir sur un terrain glissant, ou doit-on plutôt parler de ce qu'il observe ?

[27/11/12 21:30:24] Bertille Hollebecque: j'aime beaucoup la façon d'éviter de parler de la cigarette dans la première version

[27/11/12 21:30:28] Olivier Bleys: Une métaphore simple, dans le texte 1, " je suis comme une petite poubelle de table ", fait subitement exister l'objet à nos yeux. Cela vaut la peine d'introduire comme cela, au début d'une description, une expression, une locution de quelques mots qui va " saisir " l'objet, le résumer.

[27/11/12 21:31:09] Clémentine Lamendin: oui la poubelle de table pour les enfants c'est explicatif

[27/11/12 21:31:42] Bertille Hollebecque: comme "tout ce qui sent mauvais", qui rappelle aussi qu'on utilise parfois les cendriers pour tout et n'importe quoi

[27/11/12 21:32:03] Clémentine Lamendin: Mais je trouve qu'il y a une redondance dans la version 1

[27/11/12 21:33:20] Clémentine Lamendin: D'ailleurs la descritpion est effiace, car au départ je ne pensais pas à ce tye de cendrier

[27/11/12 21:34:02] Olivier Bleys: @Florian, Clémentine : on peut essayer, en effet, de dégager certaines règles d'écriture lorsqu'on s'adresse à des enfants. Je n'évoquerai pas le choix de l'objet, les tabous, les interdits (ici, la cigarette, le tabac), qui ne concernent pas directement notre sujet. Parlons plutôt de l'écriture elle-même. Selon moi, voici ce qui s'impose : un vocabulaire simple et un lexique ramassé — tout en évitant, si possible, les répétitions qui ne sont tolérées que pour le très jeune lectorat — ; l'emploi abondant d'images et le recours moins fréquent aux abstractions et aux idées ; l'exclusion des formes de style compliquées (par exemple : inversion du sujet et du verbe) ; l'allusion au quotidien des enfants, qui leur parlera aussitôt ; etc.

[27/11/12 21:34:53] Olivier Bleys: @Clémentine : en effet, l'objet est bien décrit, puisque nous avons toutes et tous compris, je crois, de quel type de cendrier il s'agit…

[27/11/12 21:36:15] Olivier Bleys: En revanche, du point de vue du " sentiment " de l'objet, de son existence comme personnage qui vit et ressent, peut-être ces textes sont-ils moins aboutis que ceux concernant les tasses ? Le caractère du cendrier paraît moins précisément dessiné que celui des tasses. Mais bon, c'est une impression rapide.

[27/11/12 21:36:26] Olivier Bleys: Il est temps d'aborder les textes suivants !

[27/11/12 21:37:20] Olivier Bleys: Il s'agit d'un texte unique. L'auteur n'a pas encore trouvé le temps de produire le second.

[27/11/12 21:37:27] Olivier Bleys: Texte 3  (*)

[27/11/12 21:37:28] Olivier Bleys: Scrupuleusement rangé sur une étagère ou posé négligemment sur le coin d’une table de nuit, je pense que je peux dire sans paraitre trop présomptueux que je suis le plus beau et mystérieux de tous les objets. Ce n’est pas dans mon apparence que vous trouverez un quelconque intérêt : une couverture en carton et des pages de papiers. En somme peu d’originalité et presque rien qui me différencie de mon cousin le magazine. C’est en fait quand vous m’ouvrez que commence le vrai voyage. Car ces milliers de caractères sans prétention qui couvrent mes pages et peuvent paraître des plus ennuyeux pour le lecteur non aguerri sont en fait tout ce qui fait ma magie. Moi et moi seul suis capable d’emporter le lecteur tel un funambule sur le fil de mon histoire, suspendu à la moindre péripétie de mon héros, frémissant en même temps que lui. Je peux parfois vous faire ressentir la peur, parfois l’envie mais toujours je vous captive et vous envoûte jusqu’à la dernière page. Oh mais détrompez-vous : je ne plais pas à tous ! Parfois on me délaisse au profit du cinéma ou des jeux vidéo. Pire encore ! Il arrive qu’on me laisse prendre la poussière sans jamais m’ouvrir, sans me laisser la moindre chance de convaincre mon propriétaire plein de préjugés. J’avoue que certains lecteurs sont plus sensibles que d’autres : j’aime ceux qui prennent soin de moi mais j’aime tout autant ceux qui cornent mes pages, ceux qui me laissent au fond d’un sac à main et qui ne me sortent que pour attendre le train ou pour s’évader loin du tram bondé. J’aime tous mes lecteurs parce qu’ils me laissent raconter mon histoire. Quelle preuve de reconnaissance que d’être conseillé à un ami ou prêté ! C’est que j’ai bien fait mon travail… cependant qu’elle tristesse que de se séparer d’un lecteur que l’on a captivé : quand on sent la dernière page se tourner on sait alors que tout est terminé mais on espère sans cesse que le plaisir d’être ouvert et parcouru va se renouveler indéfiniment oui indéfiniment je dirais même jusqu’à ce mes pages tombent en poussière !

[27/11/12 21:38:45] Camille: je le trouve très bien. mais dès que ça parle de livre, je  ne suis plus objective

[27/11/12 21:39:07] Camille: c'est une version très "romantique" je trouve

[27/11/12 21:39:30] Bertille Hollebecque: je manque aussi d'objectivité en ce qui concerne les livres. Cela dit le ton change par rapport aux textes précédent: cet objet est fier de ce qu'il fait

[27/11/12 21:39:47] Bertille Hollebecque: et j'allais dire que je trouvais cette version assez lyrique ^^

[27/11/12 21:40:10] victoire stahl: j'aime bien le fait qu'on annonce pas tout de suite ce qu'est l'objet au début du texte. On le découvre petit à petit dans les premiers paragraphes.

[27/11/12 21:40:17] Florian Baroghel: Je trouve que l'auteur a très bien exprimé le côté "double-face" du livre : l'apparence banale d'un objet dont le potentiel n'est finalement limité que par l'imagination du lecteur !

[27/11/12 21:40:30] Olivier Bleys: @Victoire : oui, très juste. Cette révélation progressive est agréable.

[27/11/12 21:41:16] Olivier Bleys: En effet, ce texte est assez lyrique. Les phrases gagnent progressivement en longueur, jusqu'à la dernière très étalée qui semble nous emporter dans un tourbillon.

[27/11/12 21:41:32] Clémentine Lamendin: Il y a de la magie dans ce récit, et oui le livre fait l'apologie de sa fonction évasive

[27/11/12 21:41:55] Clémentine Lamendin: On sait quand même sa détresse

[27/11/12 21:42:00] Clémentine Lamendin: (sent*)

[27/11/12 21:43:00] Clémentine Lamendin: Une chose me gène : "plein de préjugés" est un peu maladroit, comparativement au reste qui est assez bien écrit à vrai dire

[27/11/12 21:43:11] Bertille Hollebecque: selon moi ce livre a philosophie se rapprochant assez de "carpe diem", il sait qu'il a une fonction éphémère mais parvient quand même à profiter des lecteurs qu'il captive

[27/11/12 21:43:20] Olivier Bleys: C'est un texte très sensible, inspiré. Il tranche en effet d'avec les précédents par son relatif optimisme, ou plutôt parce qu'il valorise et met en avant ses atouts, ses qualités. Ce texte donne le sourire, suscite presque l'attendrissement pour cet objet magique.

[27/11/12 21:44:53] Olivier Bleys: Il faut se méfier des adresses directes au lecteur, ici " Oh mais détrompez-vous ". Elles sont très difficiles à manier et, donc, aisément maladroites. Ce sont des stéréotypes dont on peine à se défaire. A user, en tout cas, avec parcimonie !

[27/11/12 21:45:20] Florian Baroghel: Si je pouvais quand même me permettre une légère critique, je trouve qu'en se définissant par rapport au lecteur, le livre qui se décrit ainsi perd un peu de substance, c'est comme s'il se regardait à la troisième personne, et ça donne une impression, non pas de froideur, mais de "fraîcheur". Mais cette impression rend aussi bien l'idée d'un objet qui ne prend vie qu'entre les mains d'une personne, à la différence des deux objets précédents qui continuent d'exister même lorsqu'ils sont délaissés. Cela justifie le côté majoritairement heureux du livre (en opposition au sentiment de colère et d'aigreur de la tasse ou du cendrier).

[27/11/12 21:45:51] Olivier Bleys: Défi pour le second texte, en attente — celui qui s'adressera à des enfants : évoquer le livre pour des enfants qui ne maîtrisent pas bien la lecture — c'était la même chose pour le cendrier.

[27/11/12 21:45:56] Florian Baroghel: Enfin, pas "heureux" mais plutôt "bienveillant"

[27/11/12 21:46:00] Clémentine Lamendin: je ne trouve pas ce livre très heureux moi!

[27/11/12 21:46:11] Clémentine Lamendin: plutôt "romantique" en fait

[27/11/12 21:46:35] Clémentine Lamendin: oui bienveillant, mais surtout généreux

[27/11/12 21:47:18] Florian Baroghel: Je ne sais pas pour "romantique" mais ce livre me fait plus penser à un parent qui regarde ses enfants partir pour leurs études avec le sourire, mais qui préfère quand même les voir revenir !

[27/11/12 21:47:52] victoire stahl: oui on ressent beaucoup d'affection pour le lecteur, y compris pour ses petits défauts (jeter le livre au fond d'un sac, etc..)

[27/11/12 21:48:33] Clémentine Lamendin: j'attends la version 1 avec impatience..!

[27/11/12 21:49:39] Florian Baroghel: En fait, j'aime beaucoup le fait que ce texte montre un point de vue opposé aux autres objets ! On pourrait imaginer les réunions de nuit entre les objets : le cendrier et la tasse qui regroupent tous les autres objets en colère pour planifier une mutinerie, tandis que le livre, témoin silencieux, transmet ce qu'il a appris à son lecteur à travers ses pages !

[27/11/12 21:50:43] Olivier Bleys: Je pense qu'il manque une évocation " matérielle " du livre car, d'une certaine façon, on part du présupposé que tout le monde sait ce qu'est un livre, en a déjà eu entre les mains, etc. — pourvu que ça dure ! Donc, on se concentre d'emblée sur l'usage de l'objet. Peut-être aurait-il fallu faire une petite place à la matérialité du livre, papier, reliure, caractères imprimés… Le texte destiné aux enfants pourrait appliquer cette suggestion !  :P

[27/11/12 21:51:39] Clémentine Lamendin: @florian : j'aime la discussion des objets! je les vois très bien débattre

[27/11/12 21:52:06] Olivier Bleys: @Florian : la réunion nocturne des objets, c'est évidemment porteur ! Le cendrier mal luné qui veut mettre le feu, la tasse secourable qui noie les flammèches sous un épanchement de café froid ; le livre, témoin et rapporteur, qui promet de tout raconter aux pompiers !

[27/11/12 21:52:11] Bertille Hollebecque: je propose une soirée débat avec eux ^^

[27/11/12 21:52:36] Olivier Bleys: Idée pour la prochaine séance virtuelle ! Et celle-là, on l'imprimera peut-être !  (wave)

[27/11/12 21:52:52] Olivier Bleys: Bon, texte suivant !

[27/11/12 21:53:26] Olivier Bleys: Texte 4  (*)

[27/11/12 21:53:27] Olivier Bleys: Version 1 : 

Je suis le petit chariot avec lequel Mamie fait ses courses tous les lundis. Je suis beau ! Je suis rose, bleu, vert et jaune et Mamie m'aime beaucoup ! Je transporte plein de bonnes choses qui parfois sentent parfois très bon et parfois un petit peu mauvais ! Je ne me plains jamais et j'adore rouler aux coté de Mamie mais aujourd'hui j'ai très peur. Il y'a quelques jours, Mamie est tombée et je n'ai pas pu la rattraper. Je me suis tellement inquiété pour elle mais elle s'est rétablie comme une chef ! Ce qui me stresse maintenant, c'est que ses enfants parlent de payer quelqu'un pour faire les courses de Mamie à sa place ! Cela veut dire que je ne verrai surement plus beaucoup mon amie, avec qui je roule depuis 5 ans maintenant, et que je devrai m'entendre avec une nouvelle personne ! J'ai toujours été une charriot joyeux mais timide et nerveux, tout cela m'angoisse donc énormément ! 

 

 

Version 2 : 

C'est moi le chariot bariolé qui suit partout la doyenne du quartier lors de son ravitaillement hebdomadaire. Mes deux roues sont endurcies par cinq années à parcours l'asphalte. Ma solide structure métallique brille au soleil.Mon sac aux couleurs éclatantes égaye les jours de grisaille. Les meilleurs légumes du primeur, les fruits savoureux et les épices fabuleuses que ma propriétaire collecte soigneusement m'imprègnent souvent d'un délicieux parfum. Par contre, quand lui prend l'envie de déguster un fromage de caractère, je suis pris de nausée. Mais tout cela n'a peut-être plus d'importance. Lundi dernier, ma chère amie a fait une chute. Elle s'en ai vaillamment remise, mais j'ai entendu ses enfants discuter : "peut-être lui prendre une aide pour lui faire les cours, qu'elle n'ait plus besoin de sortir autant." Je crains à présent que l'on me jette ou même seulement que l'on me confie à un étranger. Après cinq années à rouler aux cotés de celle que l'on appelle Mamie, je devrai m'habituer à une nouvelle voix, une nouvelle poigne, un nouveau pas.

[27/11/12 21:54:58] Camille: je trouve le second texte très musical, même si certains passages manquent un peu de fluidité

[27/11/12 21:55:13] Camille: le premier est très bien pour des petits enfants

[27/11/12 21:55:39] Bertille Hollebecque: on retrouve vraiment l'idée des sons, images et odeurs de la vie quotidienne, dans les deux

[27/11/12 21:55:49] Clémentine Lamendin: Le 2 est génial!

[27/11/12 21:55:49] Olivier Bleys: Je pense que l'auteur a choisi, dans le texte n° 1, de s'adresser à un très jeune public. En effet.

[27/11/12 21:55:57] Florian Baroghel: Dans les deux textes, je trouve que la transition entre la joie innocente (naïve ?) du chariot d'être ce qu'il est et l'inquiétude sincère pour son amie est magnifiquement exécutée !

[27/11/12 21:56:17] Clémentine Lamendin: en tout cas la première phrase m'a beaucoup plue

[27/11/12 21:57:20] Olivier Bleys: Le texte 1 s'achève par une phrase un peu difficile, pour des enfants : " Cela veut dire que je ne verrai surement plus beaucoup mon amie, avec qui je roule depuis 5 ans maintenant, et que je devrai m'entendre avec une nouvelle personne ". Je pense qu'il faudrait la tronçonner pour obtenir des phrases plus simples.

[27/11/12 21:57:19] Clémentine Lamendin: le lexique dans la version 2 est adéquat

[27/11/12 21:58:14] Clémentine Lamendin: mieux vaut utiliser des prhases simples?

[27/11/12 21:58:38] Camille: je pense que c'est quand même parfaitement compréhensible

[27/11/12 21:58:45] Clémentine Lamendin: (oups j'aurais du lire votre intervention)

[27/11/12 21:59:38] Olivier Bleys: On sent, au début du texte 2, la tentation d'introduire beaucoup d'adjectifs, qui donnent rapidement une couleur " littéraire " au texte. Ça n'est pas gênant en soi, mais cela l'aurait été si l'ensemble du texte 2 en avait pris le pli. Heureusement, dès la 3e phrase, le style se fluidifie.

[27/11/12 22:00:25] Florian Baroghel: Ce qui m'amuse dans le premier texte, et qui amusera les enfants aussi (je suis un grand enfant !), c'est d'imaginer le petit chariot multicolore, ses motifs et savoir comment on peut associer le rose et le vert (sans ressembler à M. Sardin !)

[27/11/12 22:01:09] Clémentine Lamendin: oui le texte est ludique

[27/11/12 22:01:40] Bertille Hollebecque: @florian c'est négliger beaucoup de couleurs dans la tenue de ce cher JPS :p mais je suis d'accord sur le reste

[27/11/12 22:01:42] Clémentine Lamendin: (@florian : Le coup de sardin haha!)

[27/11/12 22:01:49] Camille: ( oh, joli remarque sur Sardin XD )

[27/11/12 22:01:50] Olivier Bleys: Il y a quelque chose de touchant dans ce couple " chariot / grand-mère ", et l'espèce de protection qu'exerce le véhicule sur sa " maîtresse ", au point d'envisager — dans le texte 1 — des actions peu compatibles avec sa nature, comme de rattraper la vieille dame qui tombe. Tous, jusqu'ici, vous avez réussi à transposer les sentiments humains, les attitudes de notre espèce sur des objets inanimés.

[27/11/12 22:02:23] Clémentine Lamendin: en effet

[27/11/12 22:02:33] Olivier Bleys: Je ne savais pas qui était Sardin. Grâce à Google…

[27/11/12 22:03:14] Bertille Hollebecque: disons pour faire simple qu'il s'agit d'une star locale ^^

[27/11/12 22:03:32] Florian Baroghel: Notre cher professeur d'économie, et sa sublime association d'une veste vert pomme et d'une chemise rose au premier amphi de l'année !

[27/11/12 22:03:49] Bertille Hollebecque: et la cravate jaune...

[27/11/12 22:04:32] Florian Baroghel: Enfin, pour revenir au teste, et aux sentiments des objets, je trouve que cela va au-delà de l'association des sentiments humains, puisque ces sentiments vont de pair avec le fait d'être utilisé

[27/11/12 22:04:46] Olivier Bleys: Le second texte n'est pas aussi " pétulant " que le premier, parce que le chariot n'est plus aussi rutilant, il a perdu quelques couleurs. Mais le dynamisme de l'objet qui roule, vaillamment propulsé par la grand-mère, reste sensible.

[27/11/12 22:05:08] Florian Baroghel: Ce qu'un humain refuse énergiquement, comme ici le cendrier ou la tasse, alors que le livre et le chariot apprécie énormément d'être utiles !

[27/11/12 22:05:10] Bertille Hollebecque: j'aime surtout l'idée d'une amitié entre les deux

[27/11/12 22:06:10] Olivier Bleys: @Florian : Jusqu'ici, les objets ont une attitude ambivalente par rapport à l'usage. Certains sont rebelles, veulent apparemment sortir de leur condition ; d'autres s'en accommodent, voire apprécient leur servage.

[27/11/12 22:07:40] Olivier Bleys: C'est en tout cas un thème intéressant à traiter : les objets aiment-ils être objets ? Ou prétendent-ils tous, secrètement, à devenir sujets ? Révolte des robots, étendue à l'ensemble des babioles inanimées.

[27/11/12 22:07:52] Olivier Bleys: Mais passons aux textes suivants ! La collecte est riche !

[27/11/12 22:08:49] Olivier Bleys: Texte 5  (*)

[27/11/12 22:08:51] Olivier Bleys: Version 1

 

Je suis une chaussette, une chaussette, qui promene en soi-même. J’ai un frère, il est aussi une chaussette, mais il est de gauche. Nous menons joyeuse vie et faisons les folies toujours. Qu’est-ce que je vais faire sans lui ! Nous sommes les jumeaux, et on nous confondrons de tout le temps. J’aime de faire les farces de collégien. Oh, oui, la vie va être très inintéressante et fatigante sans les ébats.

 

Quand nous jouons à cache-cache avec mon frère, moi je m'enterre dans les lessives et seulement mes talons sortissent. Et mon frère il aime de cacher du lit. Mais nous sommes trouves la aussi !

 

Version 2 –

 

Le matin d’une pauvre chaussette.

 

 

 

7.00 – Mon matin commence quand elle ouvre la porte de l’armoire sombre.

 

J’attend avant que elle choisit ses vêtements. En fait elle peut choisir une heure entière.

 

8.00 –  Au début elle me met dans un pied gauche, et puis entend que je suis une chausette droit et je ne peut pas pâtir d’être mis dans un pied gauche !

 

9.00 – Oh, les femmes, ils sont tous espèces de crâneur ! Bien sûr, elle commence de dancer et chante avec son démêloir en face du miroir comme si elle est une grande chanteuse.

 

10.00 – Hourra ! Elle a terminé de me fouler sur le sol, c’est l’heure de choisir les chaussures. Ce n'est pas trop tôt !

 

11.00 – «Qu’est-ce que on choisi... les talons rouges ou noirs, avec un nœud de côté ou avec une boucle laqué»...

 

12.00 – « Ma cherie ! C’est pour demain !? Mais enfin met ces Converses et vas-y, vas-y ! Tu n’a pas d’heure !»

 

13.00 – Aie ! Ouille ! Parfait ! Génial ! Elle a eu la présence d'esprit de mettre les chau plus incommodes, plus étranglées. Hé là ! Et remarquez-le, c’est toujours comme ça ! Oh, je suis une petite et pauvre chaussette !

[27/11/12 22:10:31] Camille: le premier fait très comptine

[27/11/12 22:10:56] Bertille Hollebecque: j'adore la chronologie de la version 2, et en ce qui concerne la version 1 j'ai aussi toujours pensé que mes chaussettes jouaient à cache-cache

[27/11/12 22:11:19] Clémentine Lamendin: depuis quand les chaussettes on un sens?

[27/11/12 22:11:27] Clémentine Lamendin: (ont*)

[27/11/12 22:11:54] Bertille Hollebecque: il pourrait aussi s'agir d'idées politiques, ce serait assez drôle

[27/11/12 22:12:23] Olivier Bleys: Il y a deux grandes qualités dans ces textes. Le premier a un talent de situation. Imaginer que les chaussettes jouent à cache-cache dans le linge sale, entre elles et avec leur propriétaire, c'est très drôle. Le second texte est structuré autour d'une chronologie, ce qui aide la lecture et structure le récit.

[27/11/12 22:12:36] Olivier Bleys: Je ressens beaucoup d'humour et d'énergie.

[27/11/12 22:12:51] Florian Baroghel: On remarque rapidement que ce n'est pas écrit par un homme : ça ne parle pas de chaussettes trouées ! Sinon, on voit encore une fois apparaître une ambivalence de sentiments : l'attachement profond à son "frère" chaussette et l'agacement ressenti face à la femme qui ne sait pas différencier une chaussette gauche et une chaussette droite ! (A vrai dire, moi je fais la différence grâce aux trous dans mes chaussettes !)

[27/11/12 22:13:14] Bertille Hollebecque: ah toi aussi...

[27/11/12 22:13:18] Olivier Bleys: @Clémentine : en effet, les chaussettes n'ont pas de sens, mais le faire croire, c'est drôle !

[27/11/12 22:13:46] Olivier Bleys: @Bertille : je pense que l'allusion politique dans le texte 1 est volontaire.

[27/11/12 22:13:54] Clémentine Lamendin: Oui bien sûr! Ces textes font preuve de beaucoup d'humour

[27/11/12 22:14:12] Bertille Hollebecque: c'est aussi ce que je pensais, mais je n'étais pas tout à fait sûre

[27/11/12 22:14:40] Bertille Hollebecque: en tous cas comme tout le monde, je trouve que les deux textes sont très drôles, chacun à sa manière

[27/11/12 22:15:18] victoire stahl: j'aime aussi beaucoup l'humour des deux textes et la chronologie du 2

[27/11/12 22:16:32] Olivier Bleys: Le fait de traiter un objet double (en théorie, avant leur passage en machine) n'est pas neutre. Cela crée une dialectique. Ici, le choix a été d'imaginer des chaussettes complices, frère et sœur. Mais l'on pouvait aussi dépeindre des chaussettes rivales, qui prétendent l'une et l'autre à la suprématie, affirment que le pied droit vaut mieux que l'autre — et inversement, etc.

[27/11/12 22:16:33] Florian Baroghel: J'imagine très bien, pour le premier texte, la maîtresse de maternelle qui raconte l'histoire en mimant le comportement des chaussettes ! Ou le gamin de CP ou CE1, qui, après avoir lu le livre, regarde ses pieds et se demande quelle est la chaussette qui se cache sous le lit !

[27/11/12 22:17:09] Olivier Bleys: @Florian : très bons textes, aussi, pour un théâtre de marionnettes

[27/11/12 22:17:20] Olivier Bleys: … pas besoin de costumes compliqués !

[27/11/12 22:17:52] Florian Baroghel: Faciles à coudre !

[27/11/12 22:18:02] Florian Baroghel: (Enfin, je m'avance peut-être un peu !)

[27/11/12 22:18:47] Olivier Bleys: Comment ? Je pensais que vous apparteniez à une génération qui ne reprisait plus ses chaussettes ! Depuis longtemps, ces objets subissent l'obsolescence programmée !

[27/11/12 22:18:58] Olivier Bleys: Bon, il faut qu'on avance…

[27/11/12 22:19:59] Olivier Bleys: Texte 6  (*)

[27/11/12 22:20:07] Olivier Bleys: Le mouchoir en papier

 

Version 1 : 

Etre mouchoir en papier, quelle drôle d’affaire ! A la différence du mouchoir en tissu, je suis plié et empaqueté avec d’autres de mon espèce. Serrés, compressés, il nous faut attendre chacun notre tour. Mais quand arrive le moment de sortir de notre sachet, quelle angoisse ! Impossible de savoir dans quel but nous allons être utilisés. On nous dit de nature à nettoyer les narines, mais certains d’entre nous peuvent finir totalement traumatisés. Mon ancien voisin de gauche a fini sur une table, on raconte qu’il a dû absorber toute une marre de jus d’orange. Nous n’avons retrouvé de lui qu’une pâte molle et humide. 

Version 2 : 

Difficile de mettre les mots sur la précarité de ma situation. Fait de cellulose, je ne suis qu’un vulgaire mouchoir en papier. L’éclat de ma blancheur originelle est prédestiné à un triste sort, la rectitude de mes traits n’est que rarement reconnue. Sitôt sorti de mon étui et dégagé de mes autres homologues que l’on me triture, défigure. Souillé, entaché de je ne sais quelle substance visqueuse, je suis rapidement rejeté et abandonné. Ainsi n’ai-je pour sépulture que le fond d’une corbeille, qui bientôt me recrachera parmi d’autres ordures. On ne vous laisse à peine le temps d’exister, tel est la destinée du mouchoir en papier.

[27/11/12 22:21:45] Clémentine Lamendin: Y-a-t-il au moins toujours quelques participants?

[27/11/12 22:21:54] Bertille Hollebecque: pour moi il n'y a pas de différence significative entre les deux versions, la première est peut-être un peu compliquée pour des enfants

[27/11/12 22:22:01] Olivier Bleys: La fin du premier texte est assez suspendue. Il manque peut-être une phrase pour cerner le sujet. Le second texte, à l'inverse, boucle bien.

[27/11/12 22:22:17] Olivier Bleys: @Clémentine : d'après mon tableau de bord, il reste six personnes.

[27/11/12 22:22:31] Camille: je suis d'accord avec Bertille, les deux textes sont très proches

[27/11/12 22:23:06] Camille: et la fin du second texte est effectivement bien, avec la rime

[27/11/12 22:23:18] Olivier Bleys: @Clémentine : après celui-ci, il restera deux textes à aborder. Nous pouvons arrêter ici mais, pour ma part, ça me semble mieux de poursuivre jusqu'à la fin. Une vingtaine de minutes encore, je pense.

[27/11/12 22:23:58] Florian Baroghel: Je suis assez d'accord avec Bertille, je trouve que la structure des phrases du premier texte est légèrement complexe pour des enfants même si elles sont courtes. Cependant les deux versions retracent bien les inquiétudes du mouchoir en papier quant à son avenir, et parfois, les situations assez... écoeurantes dans lesquelles il se retrouve !!

[27/11/12 22:24:16] victoire stahl: encore un objet mécontent de sa condition. Je préfère le premier texte, il est plus émouvant et on peut plus facilement imaginer une histoire malgré le coté un peu inachevé

[27/11/12 22:24:32] Екатерина: J'ai l'impression aussi que le premier texte est un peu difficile pour des enfants

[27/11/12 22:24:52] Florian Baroghel: J'aurais bien imaginé une fin au premier texte dans le style : "Ah, c'est mon tour ! Pardon, mais je dois vraiment y aller !"

[27/11/12 22:25:11] Bertille Hollebecque:  j'aurais bien vu le mouchoirs racontant que certains de ses copains ont été traumatisés dans la version pour adultes, vu les interprétations auxquelles cette phrase peut donner lieu

[27/11/12 22:25:18] Olivier Bleys: En effet, comme plusieurs d'entre vous l'ont remarqué, il y a peu de différence entre les deux textes, du point de vue de la langue. Des mots comme " empaquetés " ou " traumatisés " dans le texte 1 peuvent sembler difficiles pour des enfants. En revanche, les situations reflètent une grande imagination et beaucoup d'empathie.

[27/11/12 22:25:33] Olivier Bleys: @Florian : bien vu !

[27/11/12 22:26:38] Olivier Bleys: Ce qui est finaud, dans le traitement de cet objet, c'est l'idée de série — que la proposition de fin de Florian exploite intelligemment. Les mouchoirs sont nécessairement plusieurs, c'est une foule serrée dans un paquet. Ce qui engendre soit la haine, soit la solidarité (elle domine ici).

[27/11/12 22:27:04] Olivier Bleys: Nous avons eu un objet double, voici un objet multiple. Toute la gamme est exploitée !

[27/11/12 22:28:41] Olivier Bleys: La présence du " nous " dans la premier texte fait mouche. Je regrette, en revanche, celle du " vous " dans le second — " on vous laisse à peine le temps d'exister ". Le point de vue devient extérieur.

[27/11/12 22:30:59] Florian Baroghel: Il y a quelque chose qui vient de me frapper (figurativement) : aucun des textes ne joue sur les sonorités

[27/11/12 22:31:04] Olivier Bleys: J'ai un peu de difficulté à expliquer pourquoi, mais une phrase comme : " Ainsi n’ai-je pour sépulture que le fond d’une corbeille, qui bientôt me recrachera parmi d’autres ordures. " me paraît irréprochable, très expressive, idéalement construite — tandis qu'une autre comme " L’éclat de ma blancheur originelle est prédestiné à un triste sort, la rectitude de mes traits n’est que rarement reconnue. " sent l'effort, la volonté d'écrire littérairement, et devient, à mon sens, peu intelligible.

[27/11/12 22:32:07] Florian Baroghel: Alors que ça pourrait être très utile dans les textes pour enfants, pour associer l'objet à un son, et dans les textes pour adultes afin de faire ressortir un sentiment

[27/11/12 22:32:33] Olivier Bleys: @Florian : en effet, le sujet domine sur le travail autonome de la langue. Pas de rimes, peu de calembours. Mais c'est peut-être mieux ainsi. Je ressens, dans l'ensemble des textes, une attention sincère à l'objet (donc à l'exercice), un effort d'empathie.

[27/11/12 22:32:55] Olivier Bleys: Se mettre à la place du mouchoir, des chaussettes, du cendrier…

[27/11/12 22:34:01] Olivier Bleys: Mais, s'agissant du texte pour les enfants, cette dimension-là aurait en effet pu être exploitée. Les auteurs pour enfants font assez régulièrement usage d'onomatopées, par exemple (clic ! clac ! slurp !…).

[27/11/12 22:35:06] Olivier Bleys: Passons au texte suivant ! Il se fait tard, j'ai peur que vous désertiez ou sombriez dans vos révisions…

[27/11/12 22:35:32] Clémentine Lamendin: Oui je tombe de fatigue personnelement..

[27/11/12 22:35:38] Olivier Bleys: Texte 7  (*)

[27/11/12 22:35:39] Olivier Bleys: «Miroir» (pour les enfants)

 

     Salut, mes amis! Je m’appelle «Miroir» et j’ai à declarer que rien n’échappe à moi car j’ai l’habitude de copier tous vos gestes, vos émotions, votre allure. Ma vie est pas facile car parfois je suis votre meilleur ami, les autres jours je suis le pire ennemi pour vous, même si je fais que refléter vous-mêmes sans cachant un moindre détail. Les fois quand vous êtes à l’aise avec vous mêmes vous fixez du regard sur moi mais le truc c’est que vous êtes capables de voir que vous, heureux, mais si vous êtes pas agréables à vous-mêmes même un coup d’oeil rapide sur moi vous rend tristes ou vexés car vous voyez que toute la vérité avec tous les défauts qui existent. La pire chose pour moi c’est que je suis incapable de regarder sur moi-même puisque j’étais conçu comme ça et je ne sais pas du tout quels défauts j’ai pour les corriger.

 

 

«Miroir» (pour les adultes)

 

        Je suis vieux comme un monde mais par contre je suis puissant bien que ma puissance est subtile, tellement légère et pas du tout insistante que même une moindre idée ne vient pas dans vos têtes effectivement que c’est de moi dont votre attitude à un jour commencé dépend, c’est moi qui vous encourage ou décourage parce que moi je suis un seul intermédiaire dans ce monde qui qui vous faites rencontrer avec vous-mêmes, face-à-face, pas dans vos pensées où vous pouvez être indulgents et même mentir à vous-même mais en réel environnement ou vous fixez les yeux à travers de moi sur vos yeux qui sont comme on sait à leur tour de petits miroirs de votre âme au dedans desquels vous lisez toute la vérité même si c’est insupportable pour vous. Ca arrive que je reçois des bisous de vous mais parfois des coups de poing car c’est comme ça que vous pouvez répandre à l’extérieur toutes vos émotions brûlantes en vous après que votre regard les a bien attrapé au fond de votre âme. Rien ne m’échappe, rien.

[27/11/12 22:35:52] Clémentine Lamendin: (personellement*)

[27/11/12 22:35:55] Olivier Bleys: @Clémentine : c'est bientôt fini !  :)

[27/11/12 22:36:49] Olivier Bleys: … personnellement. Il en faut, des consonnes, pour être une personne en français !  (chuckle)

[27/11/12 22:37:03] Clémentine Lamendin: ouuuups

[27/11/12 22:37:05] Olivier Bleys: Plongeons-nous dans le miroir…

[27/11/12 22:37:29] Florian Baroghel: Ce qui me dérange ici, c'est la longueur des phrases

[27/11/12 22:37:44] Clémentine Lamendin: Les phrases sont bien trop longues en 1

[27/11/12 22:37:54] Bertille Hollebecque: l'idée du miroir qui reproche à ses utilisateurs de ne pas le voir est intéressante, c'est qu'on ne regarde jamais un miroir

[27/11/12 22:38:17] Florian Baroghel: Cela donne un effet brouillon qui pourrait être intéressant sur un... cahier de brouillon, mais alors que les textes font l'apologie de la netteté du miroir, je trouve ça gênant

[27/11/12 22:38:46] Florian Baroghel: Le point de vue est en revanche intéressant

[27/11/12 22:38:52] Camille: les phrases du 1 sont bien trop longues oui

[27/11/12 22:39:08] Camille: et la réflexion est intéressante

[27/11/12 22:39:16] Florian Baroghel: Les gens pensent trop souvent à tort qu'ils se voient dans un miroir alors que c'est le miroir qui les montre !

[27/11/12 22:39:18] Clémentine Lamendin: Très honnêtement plus il se fait tard, moins je comprends les textes

[27/11/12 22:39:47] Olivier Bleys: Si vous voulez, nous pouvons suspendre la séance ? J'ignore quelle journée vous avez eue, les uns et les autres.

[27/11/12 22:40:11] Camille: il reste combien de texte ?

[27/11/12 22:40:20] Florian Baroghel: S'il ne reste qu'un texte après celui-là, je serais plutôt d'avis de terminer, afin de pouvoir entamer quelque chose vendredi

[27/11/12 22:40:26] Olivier Bleys: @Camille : un texte après celui-ci, oui.

[27/11/12 22:40:35] Olivier Bleys: Je suis également d'avis de terminer.

[27/11/12 22:40:45] Camille: s'il n'en reste qu'un, autant finir ce soir !

[27/11/12 22:40:59] Florian Baroghel: (Après, je suis un animal nocturne, et mon cendrier est là pour me tenir réveillé, donc mon point de vue est quelque peu subjectif !)

[27/11/12 22:41:01] Bertille Hollebecque: d'autant que vendredi j'ai unprojet à vous proposer pour le festival de la création

[27/11/12 22:41:21] Clémentine Lamendin: Ne suspendez rien du tout, je vais simplement me retirer. Je rattraperai plus tard! Bonne soirée et à vendredi

[27/11/12 22:41:44] Florian Baroghel: Bonne nuit, repose-toi bien :)

[27/11/12 22:41:46] Olivier Bleys: @Clémentine : bonne fin de soirée, Clémentine !

[27/11/12 22:42:04] Bertille Hollebecque: bonne nuit clémentine

[27/11/12 22:42:17] victoire stahl: Bonne nuit clémentine

[27/11/12 22:42:53] Olivier Bleys: Sur les miroirs… La longueur des phrases gêne un peu la lecture, en effet. Dans le premier texte, destiné aux enfants, c'est vraiment un souci à corriger. Les enfants risquent de ne pas comprendre. En revanche, dans le second, ce peut être un parti-pris. Il y a un effet d'écho, de dispersion entre les phrases qui évoque assez bien le vertige du palais des glaces, quand des miroirs se faisant face plongent le " spectateur " dans un abîme visuel sans fond. J'ignore si l'effet était cherché, mais pourquoi pas ?

[27/11/12 22:43:45] Florian Baroghel: Afin de garder les phrases assez claires, il faudrait alors jouer sur la pnctuation, comme un instrument de direction dans ce dédale de miroires (selon moi)

[27/11/12 22:43:51] Florian Baroghel: ponctuation*

[27/11/12 22:43:56] Florian Baroghel: miroirs*

[27/11/12 22:44:08] Florian Baroghel: roh, je cumule, désolé !

[27/11/12 22:44:15] Olivier Bleys: En tout cas, dans les deux textes, les miroirs sont inquiétants, sorciers, mystérieux. Certaines phrases sont proches de l'incantation magique.

[27/11/12 22:44:27] Olivier Bleys: Ça marche assez bien, de ce point de vue.

[27/11/12 22:45:05] Olivier Bleys: Mais je pense que l'auteur a voulu loger trop de sens dans ses textes, en mettant l'objet matériel de côté. J'avais formulé la même remarque pour le livre.

[27/11/12 22:45:54] Florian Baroghel: C'est vrai qu'on imagine ce miroir comme un grand miroir dans un cadre en or artistiquement travaillé, avec des inscriptions ou des personnages incrustés !

[27/11/12 22:46:50] Olivier Bleys: Pour rendre ce miroir plus " humain ", faire parler les sens peut être indiqué. Le toucher froid des miroirs, par exemple, m'a toujours intrigué.

[27/11/12 22:47:51] Olivier Bleys: Le second texte m'évoque un monologue de théâtre, un soliloque fiévreux. Je le verrais bien déclamé sur scène. Alors, sa relative confusion gênerait moins, car le comédien pourrait placer les accents où il faut.

[27/11/12 22:47:53] Florian Baroghel: J'aime beaucoup le "rien ne m'échappe, rien", car les miroirs nous suivent toujours des yeux ! C'est inquiétant !

[27/11/12 22:48:04] Bertille Hollebecque: personnellement je vois le miroir comme un objet froid, vu sa fonction sa personnalité est difficile à distinguer

[27/11/12 22:48:14] Olivier Bleys: @Florian : oui, cette phrase est très belle. Elle fait froid dans le dos.

[27/11/12 22:48:24] Bertille Hollebecque: ce qui rejoint un peu l'aspect inquiétant

[27/11/12 22:49:08] Florian Baroghel: On ne peut connaître les gens (et par extension les choses) qu'en les regardant profondément et sincèrement ! Comment connaître un miroir lorsque l'on ne voit que soi-même ?

[27/11/12 22:49:16] Olivier Bleys: @Bertille : généralement, les miroirs font peur ; et, quand ils reflètent une belle image, toujours s'y attache l'idée de provisoire.

[27/11/12 22:50:35] Olivier Bleys: @Florian : on ignore si les miroirs nous reflètent nous-mêmes, ou mettent en scène un sosie parfait. J'ai vu récemment un vieux film de Max Linder où, pour cacher le bris d'un miroir auquel il tenait beaucoup, des domestiques miment les gestes de leur maître qui croit s'y refléter. Scène burlesque magnifiquement interprétée.

[27/11/12 22:50:56] Olivier Bleys: Le dernier texte arrive !

[27/11/12 22:51:00] Bertille Hollebecque: je note l'idée pour l'atelier théâtre ;)

[27/11/12 22:51:44] Olivier Bleys: @Bertille : attention, c'est du costaud ! Je n'ai jamais vu une telle performance d'acteur de ma vie. J'ignore si ce petit film est sur You Tube, mais il est projeté actuellement dans certaines salles (parisiennes, hélas) dans le cadre d'un cycle Max Linder.

[27/11/12 22:52:35] Olivier Bleys: Youpi ! http://www.youtube.com/watch?v=wlEt1VkAiqk

[27/11/12 22:52:42] Olivier Bleys: Mais la qualité ne paraît pas très bonne

[27/11/12 22:53:12] Bertille Hollebecque: le film doit être empruntable quelque part (à la bu de bordeaux 3 par exemple)

[27/11/12 22:53:21] Olivier Bleys: Peut-être… à essayer.

[27/11/12 22:53:31] Olivier Bleys: Attention, les deux derniers textes sont assez longs. Les voici !

[27/11/12 22:53:50] Olivier Bleys: Texte 8  (*)

[27/11/12 22:53:51] Olivier Bleys: Il existe un territoire lointain, peut-être pas si lointain que ça, mais où travaillent des personnes qui y réalisent des merveilles. L’atmosphère y est souvent brumeuse, pleine de fumées aux différentes nuances de gris. Le plus impressionnant, ce sont les odeurs, agréables ou non. Elles sont très variées, toujours différentes. Sucrées, salées, épicées, elles se mélangent pour former dans votre tête l’image de mille et un délices. Dans ce pays, on ne manque jamais de rien, quel que soit l’endroit où les yeux se posent, ils y rencontrent fruits, légumes et pâtisseries. Il arrive bien sûr que vous ne puissiez pas les atteindre, mais les habitants de ces terres sont si serviables qu’à force de sourires et de patience, l’un d’eux acceptera bien vite de vous aider. Cet endroit, c’est là où moi et mes compagnons habitons depuis longtemps, travaillant en harmonie pour créer odeurs et saveurs qui enchanterons vos cinq sens. Ce lieu, c’est la cuisine, et je fais partie de la famille des fours. C’est à nous que vos parents confient la tâche de faire dorer les pommes de terre et faire croustiller les tartes dont vous allez bientôt vous régaler.

Nous sommes fiers de faire ce travail, d’aider les gens à manger de bonnes choses. Beaucoup considèrent que nous sommes les seigneurs de ces terres, ceux à qui on ne fait appel que pour les occasions spéciales : gâteau d’anniversaire ou rôtis pour le repas de famille. Ils ont raison, depuis que nous avons sous nos ordres les petits micro-ondes, nous préférons leur laisser faire les travaux du quotidien. Hélas, ce n’est pas tout à fait mon cas. Bien sûr, j’habite dans un pays qui ressemble à celui que je viens de vous décrire, et où je fais le même travail. Mais pas exactement le même. Moi, je dois aider un étudiant, et sa cuisine ne contient pas autant de merveilleuse nourriture que ce que l’on peut trouver ailleurs. Pas de plateaux de fruits, plutôt des plats à pizza. Les fumées qui remplissent la pièce à l’heure des repas ont toujours les mêmes odeurs de pâte, de tomates et de fromage mêlées. 

Ça pourrait être très drôle à faire, c’est vrai. Je suis sûr que comme tout le monde, vous adorez croquer dans ces parts fondantes à la bordure croquante. Mais quand on ne respire que cette odeur à longueur de journée, je vous assure que les goûts changent. Encore, si c’était des vraies pizzas, vous savez, celles qui sont tellement meilleures simplement parce qu’on les a faites soi-même. Mais non. Ce sont toujours des pizzas toutes simples, sans saveur et à l’odeur de plastique, qui laissent couler du fromage partout quand elles cuisent et ne savent jamais s’arrêter à la bonne température, se transformant souvent en bout de bois brûlé. C’est mon devoir, donc j’accomplis quand même cette tâche de mon mieux, mais c’est vrai, souvent, je me surprends à rêver de tartes aux poireaux et de gratins de carottes, espérant un jour pouvoir remplir ce petit pays culinaire de nouvelles senteurs.

[27/11/12 22:53:55] Olivier Bleys: …

[27/11/12 22:54:06] Olivier Bleys: Je me dois bien de reconnaitre que la vie des membres de ma classe n’est que peu éprouvante. Nous sommes en quelque sorte montés en gamme depuis l’apparition de nos cousins, les fours micro-ondes. Ils sont plus proches du peuple, plus facile à employer. Notre usage demande un certain art, et si nous servions avant à aider à la finalisation de toutes sortes de plats, nous ne confectionnons à présent que des nobles plats. Pendant que nos petits cousins s’occupent du réchauffage de soupes, plats cuisinés et divers autres tâches peu glorieuses, nous sommes devenu les maestros de la haute gastronomie et ne servons qu’en de grandes occasions. C’est à nous que les ménagères confient le gratin de leurs plats : charlotte, pommes monseigneur, nous magnifions toutes ces saveurs délicieuses par une lente cuisson contrôlée qui répand dans les pièces une multitude de parfums sucrés et épicés. Instruments indispensables à tout grand chef cuisinier, nous trônons fièrement dans les cuisines, objets respectables et respectés qui permettent la confection de plats originaux et savoureux.

C’est une belle vie que mènent mes semblables. Cette position supérieure est parfaitement justifiée par nos multiples talents, elle ne fut point usurpée au détriment de nos camarades à micro-ondes dont les talents, présents mais simplement différents, ne les destinaient pas au même usage. Hélas, certaines personnes n’ont pas réalisé cela et certains des membres de ma caste sont réduits à pratiquer de basses missions. Mais qui sont ces personnes incultes qui n’ont pas compris que notre maitrise ne doit servir qu’à sublimer et achever des plats élaborés par des grands chefs étoilés ou à la limite par des ménagères compétentes et attentives ? Cela me semble évident, seule une catégorie de personnes peut passer à côté d’une telle évidence à cause d’une flagrante ignorance des choses de la vie : les enfants. Ou plus précisément une certaine partie d’entre eux qui, sous prétexte qu’ils vivent seuls, sont considérés comme un peu supérieurs aux jeunes ignorants. On les appelle les étudiants et je reconnais qu’ils devraient en effet se pencher avec une attention décuplée sur leurs études afin  d’être en mesure de comprendre des choses aussi simple s que les usages réservés à tel ou tel élément ménager. N’allez point penser que je m’emporte ainsi sans preuve, je sais parfaitement quels travaux dégradants ils nous font faire. Comment cela ? Et bien… oui, je le reconnais, je subis ce sort funeste. Au lieu d’une grande demeure chaleureuse où j’aurais pu coupler mes talent avec le cuisinier de la famille, je me suis retrouvé prisonnier d’un appartement à peine plus grand que ma personne, et où le seul aliment que j’aurais jamais l’honneur de faire cuire est une pizza surgelée antédiluvienne provenant d’une quelconque grande surface des environs.

Entendons-nous bien : je n’ai absolument rien contre la pizza, qui est sans conteste un aliment aussi noble que les tartes et autres pâtisseries, tant qu’elles sont préparées à la main comme tout plat digne d’être posé sur une table. J’aurais, très sincèrement, adoré qu’un pizzaiolo reconnu me confie la mission de faire cuire ses œuvres avec soin pour qu’elles puissent être distribuées à l’apogée de leur saveur à des clients qui auraient su prendre le temps de déguster et d’apprécier notre travail. Mais le travail qui m’échoit aujourd’hui est aux antipodes de ce rôle glorifiant. Je me suis déjà plaint de la médiocre qualité de cette parodie d’aliment fabriqué à la chaine. Obliger un instrument aussi noble que moi à s’occuper de la cuisson d’une telle chose est déjà une insulte en soi. Mais le plus dégradant n’est pas d’avoir à préparer cette basse production industrielle, c’est que cet « étudiant » s’évertue à m’empêcher de mener correctement cette simple tâche à bien. Je ne vais pas m’étendre sur la capacité d’attention très limitée de cet individu qui le conduit à omettre différentes étapes du processus de cuisson, me mettant ainsi dans des situations fort peu agréable quand il oublie de m’éteindre ou abandonner une portion non consommée sur mes grilles, répandant partout fromage et autres substances qui ne devraient jamais toucher mon brillant métal. Ce simulacre de cuisinier ne possède pas non les compétences intellectuelles minimum nécessaires pour parvenir à réguler une cuisson et se retrouve bien souvent à devoir se contenter d’une pizza encore pour moitié surgelée ou d’une part noircie dont le fumet laisse à supposer que son goût doit être proche de la saveur du charbon, me privant ainsi de la seule satisfaction que j’aurais pu espérer de mon triste destin : avoir fait un bon travail.

[27/11/12 22:56:27] Olivier Bleys: J'aime beaucoup le début du texte pour les enfants (le premier). Il est à la fois allusif, nuancé et très précis ; à la fois général et détaillé. On ne comprend pas aussitôt de quoi il s'agit, mais cela, me semble-t-il, ne gêne pas la lecture.

[27/11/12 22:57:54] Olivier Bleys: Par ailleurs, les sens sont très présents, les sensations joliment rendues. Une certaine poésie se dégage de ces premières lignes. Il me semble que la suite est moins cohérente. Du moins le registre de l'humour, où bascule le texte, me paraît-il moins original et moins ambitieux.

[27/11/12 22:58:34] Florian Baroghel: Ces textes sont effectivement longs ! Et, comble de l'ironie, je n'ai pas de four chez moi !

[27/11/12 22:58:55] Olivier Bleys: Ces deux textes, quoi qu'il en soit, demanderaient à être ramassés, élagués. Les idées sont là, le style aussi par endroits, mais il faut faire un effort de concision !

[27/11/12 22:59:02] Bertille Hollebecque: je trouve que le premier texte est parfois un peu compliqué pour des enfants, par contre j'aime beaucoup l'allusion aux micro-ondes

[27/11/12 22:59:08] Olivier Bleys: Sinon, les bonnes idées se diluent…

[27/11/12 22:59:19] Florian Baroghel: Enfin, je trouve que ces textes sont très bien écrits, très travaillés pour rendre le regard quelque peu aristocratique du four

[27/11/12 22:59:40] Bertille Hollebecque: c'est vrai, on sent qu'il a de l'ambition

[27/11/12 22:59:56] Florian Baroghel: Pour le premier texte, je pense qu'il serait trop compliqué pour que des enfants le lisent, cependant, je pense qu'ils prendraient un grand plaisir à l'entendre lire

[27/11/12 23:00:55] victoire stahl: La répétition du mot "plat" au début du deuxième texte m'embête un peu, mais peut'être qu'elle est volontaire. Je préfère le premier texte pour l'évocation des sens, mais il est peut'être un peu compliqué pour des enfants.

[27/11/12 23:02:28] Olivier Bleys: Oui, j'insiste, le premier texte commence très bien. Les formules qu'il emprunte aux contes, le climat de magie qu'il sait installer, sont conformes à la dimension alchimique de toute cuisine, et singulièrement du four - athanor.

[27/11/12 23:03:17] Olivier Bleys: Il aurait fallu rester sur ce registre, et laisser la comparaison avec les micro-ondes au second texte uniquement.

[27/11/12 23:03:23] Olivier Bleys: Elle est très drôle.

[27/11/12 23:03:31] Olivier Bleys: … mais un peu encombrante, dans le premeir.

[27/11/12 23:03:34] Olivier Bleys: (premier)

[27/11/12 23:04:06] Florian Baroghel: Je m'attendais, après les premières phrases du premier texte à voir suivre la description d'un frigo : le "royaume merveilleux" à mon sens y correspond plus, mais la position du four en tant que régisseur de ce royaume est excellente, je pense que je n'y aurais jamais pensé (n'ayant pas de four grr !)

[27/11/12 23:05:05] Bertille Hollebecque: @florian d'autres n'ont pas de micro-ondes et laissent les tâches ingrates à leur four, le pauvre

[27/11/12 23:05:38] Florian Baroghel: Oui, vu sous cet angle, je devrais être adulé par tous les fours !

[27/11/12 23:05:46] Olivier Bleys: Tous les auteurs ont une façon différente d'aborder l'écriture, des forces et des faiblesses. Ici, l'auteur doit selon moi fournir un effort de structuration, donc de synthèse. Je pense, pour le second texte en particulier, que l'établissement d'un plan aurait été utile.

[27/11/12 23:07:46] Olivier Bleys: … cependant, l'hypothèse d'un four très bavard, dont la bouche / porte claque en permanence, est aussi recevable ! Cela expliquerait la logorrhée intarissable du texte n° 2 !

[27/11/12 23:08:15] Olivier Bleys: Mais alors, cela doit s'entendre. Un four-pipelette doit manier un style bien à lui !

[27/11/12 23:09:12] Florian Baroghel: C'est dommage que ce soit UN four, car sinon, il aurait pu être une mégère, de celles qu'il ne faut pas lancer sur "l'éducation des jeunes, les gens qui ne savent pas se garer, le prix de la viande et des fruits, la nouvelle coiffure de la voisine, le chien du voisin d'en face qui aboie à onze heures du soir" et j'en passe !

[27/11/12 23:10:30] Olivier Bleys: Oui, il y a de la mégère dans ce personnage. Et aussi une morgue quasi-aristocratique, le four ancestral qui toise le micro-ondes, emblème vulgaire de la modernité.

[27/11/12 23:10:47] Olivier Bleys: … affrontement relayé par le duel pizza / bons petits plats

[27/11/12 23:11:47] Florian Baroghel: Ce serait drôle d'y voir apparaître le côté nostalgique du "c'était mieux avant" lorsque seul le four à pain existait, que seuls les boulangers et autres professionnels pouvaient l'utiliser

[27/11/12 23:12:11] Olivier Bleys: En effet, le four du temps où seuls les professionnels en avaient l'usage.

[27/11/12 23:12:32] Olivier Bleys: Il peut sembler étrange qu'on ait mis cet objet dangereux entre toutes les mains.

[27/11/12 23:12:52] Bertille Hollebecque: ou que certains mettent leurs mains dessus...

[27/11/12 23:13:00] Olivier Bleys: Cette même pensée s'appliquerait aux automobiles. Au début, seuls des pilotes formés et qualifiés s'emparaient du volant !

[27/11/12 23:15:11] Olivier Bleys: Bon, les amis, il se fait tard. Nous n'avons pu consacrer le même temps à tous les textes, mais du moins avons-nous abordé et commenté tous ceux que j'ai reçus. C'est une bonne chose ! Si vous trouvez le temps, n'hésitez pas à reprendre légèrement vos créations selon les commentaires émis par les uns ou les autres. Ce sera tout à l'avantage de votre publication commune. Je vous souhaite une bonne nuit et espère vous retrouver vendredi après-midi…  (wave)

[27/11/12 23:15:22] Florian Baroghel: Au fur et à mesure des textes, j'ai une idée qui se forme depuis qu'on a parlé du débat des objets, et les différents objets présentés s'y incorporents plutôt bien : j'imagine l'appartement du maître de ces objets comme un bateau pirate, les membres d'équipage (les objets) s'apostrophant pour se plaindre ou défendre le capitaine qui n'y verrait que du feu et continuerait de privilégier ses préférés (le livre qui serait le second, le chariot qui serait le jeune mousse pour lequel le capitaine s'est pris d'affection) ou d'engueuler les mauvais matelots (le cendrier, la tasse) !

[27/11/12 23:16:25] Olivier Bleys: @Florian : à discuter ensemble, vendredi. En effet, nous pouvons imaginer une mise en scène collective qui réunisse les objets et donne une cohérence à ce cabinet de curiosités.

[27/11/12 23:16:29] Bertille Hollebecque: ce serait assez drôle, oui

[27/11/12 23:16:36] Florian Baroghel: Ce serait le début de la mutinerie organisée par le cendrier, la tasse et le four, qui ne s'entendent pas, mais ne supportent plus le capitaine, et commenceraient par se débarasser du livre qui est trop proche du capitaine.

[27/11/12 23:16:56] Bertille Hollebecque: sinon l'atelier arts plastiques a aussi une proposition dont je vous parlerai vendredi

[27/11/12 23:16:59] Florian Baroghel: Ce sont des idées jetées en l'air, mais si ça plaît !

[27/11/12 23:16:59] victoire stahl: bonne idée le bateau pirate

[27/11/12 23:17:32] Olivier Bleys: Bonne idée et bonne nuit ! A très vite…

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14 novembre 2012

Séance virtuelle n° 1 du 13/11/12 [13/11/12

Séance virtuelle n° 1 du 13/11/12

 

[13/11/12 21:01:29] Olivier Bleys: Bonsoir à toutes et à tous !

[13/11/12 21:02:02] Florian Baroghel: Bonsoir

[13/11/12 21:02:13] Camille: Bonsoir

[13/11/12 21:02:21] Екатерина: Bonsoir

[13/11/12 21:02:25] emma rouan: bonsoir

[13/11/12 21:02:29] Nadin: Bonsoir!

[13/11/12 21:02:53] Clémentine Lamendin: Salutation! (trop de bonsoir)

[13/11/12 21:03:02] Olivier Bleys: Bien vu !

[13/11/12 21:03:05] Olivier Bleys: Je pourrais ajouter : добрый вечер

[13/11/12 21:03:22] Nadin: C'est vrai))))

[13/11/12 21:03:28] Olivier Bleys: … car nous avons deux jeunes femmes russes dans l'atelier d'écriture, ce qui constitue une proportion assez forte

[13/11/12 21:03:33] Olivier Bleys: de l'effectif total

[13/11/12 21:03:50] Olivier Bleys: Le programme de cette première séance est assez chargé.

[13/11/12 21:03:59] Clémentine Lamendin: Oh! Comment vous appelez-vous?

[13/11/12 21:04:12] Екатерина: Оh merci que vous avez note ca)

[13/11/12 21:04:40] Olivier Bleys: C'est une dimension " internationale " que nous allons essayer d'intégrer dans le travail de cette année.

[13/11/12 21:05:16] Olivier Bleys: Ce soir, je vous propose, dans un premier temps, de réfléchir au " thème " de notre publication collective, prévue pour la fin de l'année.

[13/11/12 21:05:46] Olivier Bleys: En effet, ce thème conditionnera l'ensemble des textes à produire et des travaux à faire ensemble.

[13/11/12 21:05:58] Florian Baroghel: A-t-on eu des nouvelles de l'atelier photo à ce sujet ?

[13/11/12 21:06:18] Olivier Bleys: Non, pas jusqu'ici. Je vois qu'Adèle n'est pas encore connectée.

[13/11/12 21:06:26] Olivier Bleys: Elle a peut-être des informations qui nous manquent.

[13/11/12 21:07:00] Екатерина: En fait je pense que dans une liste des themes que vous avez envoye il y avait des sujets vraoment interessants

[13/11/12 21:07:21] Olivier Bleys: Oui, voici la liste, pour mémoire… complétée de nouveaux apports des uns ou des autres :

[13/11/12 21:07:42] Olivier Bleys: L'océan, le fleuve, le cadre urbain, le vignoble, l'art, la dystopie, la paix, la culture, l'écriture à l'âge numérique, les contes, l'hiver, le calme, atlas, le temps, les souvenirs, le bleu, l'exploration, le domaine de l'alimentation, la vie nocturne (imaginaire, romancée ou réelle) ; les étendues sauvages ; les sons, les images et les odeurs de la vie quotidienne, la ville, le carnet de voyage.

[13/11/12 21:08:33] Olivier Bleys: Nous ne pouvons pas les traiter tous. Nous pouvons néanmoins en choisir un nombre limité (deux, trois au maximum), ou nous suffire d'un seul, ce qui aurait le mérite de la clarté.

[13/11/12 21:08:34] Nadin: Et moi, je préfére ce thèmes - atlas, les souvenirs et les sons, les images et les odeurs de la vie quotidienne, le cadre urbain, la ville, le carnet de voyage.

[13/11/12 21:08:41] Clémentine Lamendin: Combien de thèmes doit-on choisir?

[13/11/12 21:08:46] Olivier Bleys: Ok, Nadin

[13/11/12 21:08:54] Olivier Bleys: @Clémentine : voir plus haut !

[13/11/12 21:09:01] Clémentine Lamendin: (oui pardon!)

[13/11/12 21:09:39] Olivier Bleys: S'il y a plusieurs thèmes, il me semble important de les relier entre eux, afin que l'ouvrage présente une certaine unité.

[13/11/12 21:10:20] Olivier Bleys: Pour faire un premier tri, je pense qu'un thème concret est préférable à une notion abstraite.

[13/11/12 21:10:27] Екатерина: Personnellement je prefere deux themes: les odeurs et les sons de la vie quotidienne et aussi l'ecriture a l'age numerique. Plus j'aimerais bien un theme: l'amour a notre epoque

[13/11/12 21:10:44] Olivier Bleys: Entendu.

[13/11/12 21:11:23] Clémentine Lamendin: Comment peut-on procéder à l'élection?

[13/11/12 21:11:34] Florian Baroghel: Ce serait certainement plus facile d'écrire sur un thème concret, et rien n'empêche de le relier à quelque chose de plus abstrait : par exemple, associer la ville et le bleu

[13/11/12 21:11:45] Olivier Bleys: Par " concret ", je ne veux pas désigner nécessairement un objet matériel, quelque chose de visible ou de sensible… Il s'agit seulement d'écarter les idées trop larges, difficiles à traiter.

[13/11/12 21:11:45] Camille: On pourrait procéder par élimination plutôt que par sélection ?

[13/11/12 21:12:02] Olivier Bleys: @Camille : oui, bonne idée.

[13/11/12 21:12:04] Bertille Hollebecque: Ce message a été supprimé.

[13/11/12 21:12:19] Bertille Hollebecque: bonsoir!

[13/11/12 21:12:24] Nadin: "La vie quotidienne" peut etre le theme prinacipal?

[13/11/12 21:12:24] Bertille Hollebecque: Ce message a été supprimé.

[13/11/12 21:12:43] Olivier Bleys: @Adèle / Bertille : bonsoir ! bienvenue !

[13/11/12 21:13:10] Olivier Bleys: Bon, organisons la sélection.

[13/11/12 21:13:18] Clémentine Lamendin: La paix, la culture sont selon moi à retirer

[13/11/12 21:13:34] Olivier Bleys: Je suis d'accord. Trop abstraits.

[13/11/12 21:13:42] Bertille Hollebecque: En ce qui concerne les infos, le thème pour le festival de la création est commun à tous les ateliers du BDA

[13/11/12 21:13:42] Екатерина: je suis d'accord avec Clementine

[13/11/12 21:13:48] Olivier Bleys: Les autres, merci d'indiquer les thèmes selon vous à exclure.

[13/11/12 21:13:52] Bertille Hollebecque: il s'agit de "la nuit bleue"

[13/11/12 21:14:11] Olivier Bleys: La nuit bleue… ce sera donc le thème également de l'atelier photo ?

[13/11/12 21:14:47] Bertille Hollebecque: Exact. Nous avons pensé collaborer pour le festival de la création, ce qui évite le choix d'un thème juste pour nos deux ateliers

[13/11/12 21:15:12] Clémentine Lamendin: les contes, le carnet de voyage aussi sont à exclure

[13/11/12 21:15:40] Nadin: la dystopie et l'hiver sont selon moi à exclure

[13/11/12 21:15:47] Clémentine Lamendin: Oui

[13/11/12 21:15:53] Екатерина: Moi je suis pour les contes, mais je propose l'exploration et la paix a exclure

[13/11/12 21:15:55] Camille: je pense que les arts représent un sujet beaucoup trop vaste. Et personnellement, la ville ne m'enchante pas

[13/11/12 21:15:57] Bertille Hollebecque: Personnellement j'aime beaucoup "les sons, les images et les odeurs de la vie quotidienne"

[13/11/12 21:16:05] Camille: et je suis pour les contes

[13/11/12 21:16:18] Florian Baroghel: Selon moi, il est possible de regrouper la quasi-totalité des thèmes en différents groupes. Il y en a deux qui ne semblent pas se rassembler correctement avec les autres idées : le vignoble et la dystopie

[13/11/12 21:16:20] Olivier Bleys: Pour ma part, je pense que nous ne devrions pas nous limiter au thème de " la nuit bleue ", même s'il peut figurer parmi les deux ou trois thèmes à traiter. Car notre objectif n'est pas uniquement de fournir du " matériau " au festival de la création.

[13/11/12 21:16:23] Nadin: je suis bien d'accord avec Bertille

[13/11/12 21:16:52] Olivier Bleys: "les sons, les images et les odeurs de la vie quotidienne", ce thème tente déjà plusieurs d'entre vous

[13/11/12 21:17:02] Clémentine Lamendin: Oui j'approuve

[13/11/12 21:17:09] Camille: Comme Bertille, j'aime les thèmes des sons et images

[13/11/12 21:17:10] Екатерина: Oui ce theme ca me tente

[13/11/12 21:17:43] Olivier Bleys: Une formulation raccourcie, " la vie quotidienne " (qu'importe comment cela apparaîtra dans la publication), paraît préférable.

[13/11/12 21:17:50] Florian Baroghel: De même, c'est un thème auquel j'avais un peu réfléchi, et j'ai trouvé plein de façons de l'aborder

[13/11/12 21:17:53] Bertille Hollebecque: je suis d'accord

[13/11/12 21:17:58] Clémentine Lamendin: Oui très riche

[13/11/12 21:18:11] Екатерина: Oui tres bien dans ce sens

[13/11/12 21:18:25] emma rouan: je suis d'accord

[13/11/12 21:18:27] Olivier Bleys: On dirait qu'un consensus se dégage !  (clap)

[13/11/12 21:18:32] Bertille Hollebecque: en ce qui concerne "la nuit bleue", je pense aussi qu'on peut prendre ce thème pour le festival de la création mais prévoir une autre production sur le thème qui sera choisi ce soir

[13/11/12 21:18:36] Clémentine Lamendin: Entendons-nous sur "la vie quotidienne" dans ce cas

[13/11/12 21:19:11] Nadin: Ca sera bien

[13/11/12 21:19:17] Olivier Bleys: Très bien !!! Bel effort vers la démocratie sans contraintes ! " LA VIE QUOTIDIENNE " ou, plus synthétique, " LE QUOTIDIEN "

[13/11/12 21:19:37] Clémentine Lamendin: Excellent!

[13/11/12 21:19:48] Camille: ça me parait très banal comme ça, mais j'aime les notions de sons et images qui s'y rapportent

[13/11/12 21:20:05] Clémentine Lamendin: Le sujet recouvre des très nombreuses notions toutefois

[13/11/12 21:20:19] Екатерина: "Le quotidien" c'est vraiment ce qui touche tout le monde je pense

[13/11/12 21:20:27] Clémentine Lamendin: Nous risquons d'obtenir des résultats très hétérogènes

[13/11/12 21:20:42] Bertille Hollebecque: mais il permet de s'inspirer de tout ce qu'on voit/sent/entend dans la rue, le tram, les cafés... J'aime beaucoup ce thème

[13/11/12 21:21:02] Olivier Bleys: Je pense qu'il est possible d'intégrer " La nuit bleue " dans " le quotidien " — en réfléchissant, par exemple, à ce qu'est votre quotidien nocturne. De cette façon, nous conserverions les textes produits pour le festival de la création. Ce serait dommage qu'ils ne servent que dans le cadre de cet événement.

[13/11/12 21:21:04] Florian Baroghel: Si on synthétise le thème, est-ce qu'on ne risque pas de s'égarer un peu dans nos idées ?

[13/11/12 21:21:30] Camille: Je suis d'accord avec Florian

[13/11/12 21:21:40] Olivier Bleys: Attention… thème synthétique, apparemment banal, ne signifie pas " carte blanche " laissée aux écrivains !

[13/11/12 21:22:59] Olivier Bleys: C'est mon travail d'élaborer des exercices et des consignes d'écriture qui, dans ce cadre simple mais riche — comme vous l'avez souligné —, permettront la création de textes à la fois divers et unis.

[13/11/12 21:23:48] Olivier Bleys: Bon… que ce soit " le quotidien " , " la vie quotidienne " , " sons et images de la vie quotidienne ", nous avons élaboré un cadre, où nous pouvons dès ce soir tracer quelques lignes

[13/11/12 21:24:17] Olivier Bleys: Pour cette première séance, je comptais vous parler du STYLE

[13/11/12 21:25:24] Clémentine Lamendin: Vous captez toute notre attention M.Bleys!

[13/11/12 21:25:50] Olivier Bleys: Le style, en effet, c'est généralement ce qui différencie l'écrivant, celui ou celle qui fait un usage commun de l'écriture (lettres administratives, rapports, courriers divers…) et l'écrivain, qui aspire à autre chose, à exprimer sa sensibilité, à traduire son regard sur le monde… par les mots

[13/11/12 21:26:01] Olivier Bleys: @Clémentine :  (blush)

[13/11/12 21:26:26] Olivier Bleys: J'aimerais vous livrer quelques citations de grands auteurs, reflétant différentes conceptions du style…

[13/11/12 21:27:07] Olivier Bleys: Le style est l'homme même.   [Georges-Louis Leclerc de Buffon]

La plus noble pensée ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée. [Boileau]

… ces deux citations marquent simplement l'importance du style

[13/11/12 21:27:44] Olivier Bleys: Le meilleur style est celui qui se fait oublier.   [Stendhal] — du même :

Le style doit être comme un vernis transparent : il ne doit pas altérer les couleurs, ou les faits et pensées sur lesquels il est placé.

Le style, c'est l'oubli de tous les styles.   [Jules Renard]

Le naturel est bien plus sûr : Le mot doit mûrir sur l'idée, Et puis tomber comme un fruit mûr.   [Charles Nodier, in Le style naturel]

Ces auteurs sont partisans d'un du style naturel, voire d’un style transparent, bref d'un style qui se fait oublier

[13/11/12 21:28:20] Olivier Bleys: Le style résulte d'une sensibilité spéciale à l'égard du langage. Cela ne s'acquiert pas, mais cela se développe.   [Paul Valéry]

Le style est la volonté de s'extérioriser par des moyens choisis.   [Max Jacob]

Ces auteurs sont adeptes d’un style travaillé, personnel — d'un certain maniérisme, diraient certains.

[13/11/12 21:28:31] Olivier Bleys: Enfin…

[13/11/12 21:28:54] Olivier Bleys: Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style. [Victor Hugo]

L'originalité d'un auteur dépend moins de son style que de sa manière de penser.   [Anton Tchekhov]

On peut identifier ces auteurs comme contempteurs du style, valorisant plutôt la pensée.

[13/11/12 21:29:12] Olivier Bleys: Où vous situez-vous ?

[13/11/12 21:29:45] Camille: Avec les deux derniers

[13/11/12 21:29:45] Florian Baroghel: Une question : est-ce que le style est réellement personnel à chaque auteur dans le sens où chaque auteur possède sa propre "inclination naturelle" vers un style, ou est-on influencé par un mouvement littéraire, d'une époque ou d'un type de texte ?

[13/11/12 21:30:08] Bertille Hollebecque: je dirais entre Max Jacob et Charles Nodier

[13/11/12 21:30:32] Clémentine Lamendin: Je suis plus de la sensibilité de Valery et Jacob

[13/11/12 21:31:10] Екатерина: Stendhal et Jules Renard -pour moi

[13/11/12 21:31:24] emma rouan: Moi plus Renard également

[13/11/12 21:31:36] Olivier Bleys: @Florian : si le style était personnel à chaque auteur, le niveau général, à mon sens, serait bien meilleur ! Malheureusement, dans le domaine du style, il y a beaucoup d'épigones, de copieurs, de suiveurs… Qu'ils s'inspirent d'autres écrivains ou, comme tu le signales, d'une mode, de l'époque où ils évoluent.

[13/11/12 21:32:15] Nadin: moi plus Jules Renard

[13/11/12 21:32:38] Olivier Bleys: Il semble que Jules Renard et Max Jacob inspirent la plupart d'entre vous !

[13/11/12 21:32:44] Florian Baroghel: D'accord ! Je pense donc que mon style se situerait entre Nodler et Valéry : un mot qui doit être aidé à mûrir, être travaillé, pour capter toute la portée d'une idée

[13/11/12 21:32:48] Clémentine Lamendin: Renard propose une sorte d'universalisme

[13/11/12 21:33:30] Clémentine Lamendin: voire d'impersonnalité, ce qui me gêne

[13/11/12 21:33:57] Bertille Hollebecque: c'est aussi l'aspect impersonnel-donc froid- qui me gêne un peu chez Renard

[13/11/12 21:34:08] Olivier Bleys: Oui. Renard suggère aussi l'idée d'une facilité supérieure, d'un don tellement éminent, ou d'un art si bien possédé que le style devient transparent, naturel. C'est un rêve pour beaucoup d'écrivains, de parvenir à cette aisance suprême.

[13/11/12 21:34:59] Olivier Bleys: Mais d'autres n'hésitent pas à affirmer leur style, à en marquer l'originalité, quitte à perdre un grand nombre de lecteurs

[13/11/12 21:35:31] Olivier Bleys: Après cette liste de citations, j'aimerais vous soumettre deux textes plus longs, que vous connaissez peut-être.

[13/11/12 21:36:14] Olivier Bleys: Ils sont l'œuvre d'auteurs qui ont travaillé leur style jusqu'à l'obsession, jusqu'à l'hermétisme diront certains.

[13/11/12 21:36:34] Olivier Bleys: Texte 1 :

[13/11/12 21:36:35] Olivier Bleys: > Extrait de « La chevelure vol… » chez Mallarmé

 

La chevelure vol d'une flamme à l'extrême

Occident de désirs pour la tout éployer

Se pose (je dirais mourir un diadème)

Vers le front couronné son ancien foyer

[13/11/12 21:37:07] Olivier Bleys: Pardon pour nos amies russes. Ce n'est vraiment pas charitable de leur soumettre du Mallarmé.  :@

[13/11/12 21:37:46] Екатерина: Pas grave) Ca s'entend bien

[13/11/12 21:37:48] Clémentine Lamendin: elles se vengeront avec du pouchkine!

[13/11/12 21:38:00] Clémentine Lamendin: (en russe héhé)

[13/11/12 21:38:04] Bertille Hollebecque: ou du Tolstoï ^^

[13/11/12 21:38:20] Екатерина: Oui on peut tout de suite) ;)

[13/11/12 21:38:42] Екатерина: c'est mieux Mayakovsky pour vous venger

[13/11/12 21:38:54] Olivier Bleys: J'adore entendre le russe. Une vraie musique, à mes oreilles. Mais fermons cette parenthèse pour découvrir le texte n° 2.

[13/11/12 21:39:01] Nadin: C'est ca, Katya

[13/11/12 21:39:06] Olivier Bleys: > Extrait de Francis Ponge

Texte 2 : 

Le cageot (in Le parti pris des choses, 1942)

 

À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme. À tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.

[13/11/12 21:39:55] Clémentine Lamendin: J'aime énormément F.Ponge

[13/11/12 21:40:06] Olivier Bleys: Pour aborder la question du style, je vous suggère deux lectures très fameuses, souvent au programme des lycées français.

[13/11/12 21:40:16] Olivier Bleys: @Clémentine :  (clap)

[13/11/12 21:40:25] Olivier Bleys: > à lire : la rage de l’expression (F. Ponge), vraie méthodologie d’écriture

[13/11/12 21:41:03] Olivier Bleys: Dans ce livre, l'auteur nous ouvre sa " cuisine " ou les " coulisses " du texte. Nous assistons à l'élaboration d'un poème, depuis le premier brouillon jusqu'au texte final.

[13/11/12 21:41:28] Olivier Bleys: Il ne cherche pas à enseigner une " méthode " applicable à tous les textes et à tous les auteurs.

[13/11/12 21:41:46] Olivier Bleys: … mais il démontre, par l'exemple, comment l'on peut conduire le travail d'un texte du début à la fin.

[13/11/12 21:42:09] Olivier Bleys: > à lire (aussi) : exercices de style (R. Queneau), l'un des ouvrages les plus célèbres de l'écrivain français. Paru en 1947, ce livre raconte 99 fois la même histoire, de 99 façons différentes

[13/11/12 21:42:21] Bertille Hollebecque: j'ai adoré ce livre

[13/11/12 21:42:22] Clémentine Lamendin: Je l'ai lu, c'est formidable!

[13/11/12 21:42:28] Olivier Bleys: Conseillé pour nos amies russes, aussi. C'est une lecture assez facile.

[13/11/12 21:42:57] Bertille Hollebecque: je peux le prêter à ceux/celles qui veulent le lire

[13/11/12 21:43:03] Екатерина: Merci, on va acheter ce livre je pense

[13/11/12 21:43:04] Nadin: J

[13/11/12 21:43:11] Екатерина: Moi je veux bien!

[13/11/12 21:43:16] Bertille Hollebecque: pas de souci

[13/11/12 21:43:20] Olivier Bleys: Bon, ce n'est pas tout… mais si nous abordions le travail de votre style, à présent ?

[13/11/12 21:43:28] Bertille Hollebecque: il est chez mes parents mais ils devraient pouvoir l'amener samedi :)

[13/11/12 21:43:39] Olivier Bleys: @ Adèle : bonne idée !

[13/11/12 21:43:47] Clémentine Lamendin: je le conseille à tout le monde

[13/11/12 21:43:50] Nadin: J'ai aussi lu, ca me plait)

[13/11/12 21:44:06] Clémentine Lamendin: Bref

[13/11/12 21:44:49] Olivier Bleys: Pour améliorer son style, il ne faut pas hésiter à faire, de temps à autre, des petits exercices comme en proposaient les manuels des collégiens d'autrefois.

[13/11/12 21:45:05] Olivier Bleys: Par exemple… ceux que j'ai soumis à vos condisciples de l'atelier d'écriture d'il y a deux ans :

[13/11/12 21:45:19] Olivier Bleys: http://eplosionseances.canalblog.com/archives/2010/12/11/19847506.html

[13/11/12 21:46:36] Olivier Bleys: La consigne est claire : dans les phrases du premier exercice, par exemple, les points de suspension représentent des verbes d'usage très courant : est, se trouve, il y a.

Les verbes qu'on emploie le plus spontanément pour décrire une scène, quand on ne consent pas d'effort de formulation.

[13/11/12 21:47:07] Olivier Bleys: L'exercice consiste à remplacer ces verbes un peu ternes, incolores, par des verbes plus définis, plus précis, plus explicites.

[13/11/12 21:47:35] Olivier Bleys: Nous allons commencer ici, pour voir, et si le jeu vous amuse, vous pourrez poursuivre chez vous en faisant les exercices complets.

[13/11/12 21:47:46] Olivier Bleys: Je pense que c'est très formateur.

[13/11/12 21:47:49] Olivier Bleys: Donc…

[13/11/12 21:47:50] Clémentine Lamendin: Oui!

[13/11/12 21:47:53] Camille: Au collège, nous avions fait un exercice similaire : écrire une description sans utiliser les auxilliaires être et avoir

[13/11/12 21:48:37] Olivier Bleys: @Camille : en effet, ce sont généralement des exercices qu'on fait dans le cadre de l'apprentissage puis de la maîtrise élémentaire de la langue mais, à mon avis, un écrivain ou apprenti-écrivain ne doit jamais les perdre de vue.

[13/11/12 21:49:05] Clémentine Lamendin: Qui commence?

[13/11/12 21:49:08] Nadin: Camille, et nous avions aussi les exercises comme ca pour le cours de rhetorique)

[13/11/12 21:49:15] Olivier Bleys: Donc : sur le boulevard… des fiacres.

[13/11/12 21:49:29] Olivier Bleys: Fiacres : voiture à cheval

[13/11/12 21:49:38] Olivier Bleys: voitures à chevaux…

[13/11/12 21:49:54] Clémentine Lamendin: Sur le boulevard circulent

[13/11/12 21:50:11] Bertille Hollebecque: sur le boulevard roulent

[13/11/12 21:50:12] Florian Baroghel: Sur le boulevard patientent des fiacres.

[13/11/12 21:51:36] Olivier Bleys: OK. Intéressant. Mon commentaire de simple lecteur. Roulent : c'est le verbe auquel j'avais pensé, spontanément. Circulent : d'accord, mais ce verbe est plutôt du registre administratif (circulation, véhicule, code), à mon sens. Patientent : original, ce verbe fonctionne aussi bien que " roulent ".

[13/11/12 21:51:46] Olivier Bleys: D'autres idées ?

[13/11/12 21:51:56] Clémentine Lamendin: stationnent!

[13/11/12 21:52:05] Clémentine Lamendin: (toujours administratif oui..)

[13/11/12 21:52:19] Nadin: promenent ?

[13/11/12 21:52:31] Bertille Hollebecque: cahotent

[13/11/12 21:52:36] Clémentine Lamendin: Cavalent

[13/11/12 21:52:38] Florian Baroghel: se croisent

[13/11/12 21:52:46] Olivier Bleys: @Clémentine : exactement ! Mais ça n'est pas grave, ça colore seulement le texte d'une certaine façon. Si le passager du fiacre est un employé de bureau, l'effet peut être amusant.

[13/11/12 21:53:06] Camille: on doit juste mettre un verbe ? "Sur le boulevard, on peut croiser/voir/rencontrer des fiacres" marcherait ?

[13/11/12 21:53:34] Olivier Bleys: Bien sûr, tout est permis. C'est avec une phrase supplémentaire que ça se corse, car il faut préserver une certaine unité.

[13/11/12 21:53:38] Olivier Bleys: Exemple…

[13/11/12 21:53:43] emma rouan: sur le boulevard défilent des fiacres

[13/11/12 21:53:49] Olivier Bleys: Très bien !

[13/11/12 21:53:58] Florian Baroghel: J'aime beaucoup "défiler" !

[13/11/12 21:54:36] Olivier Bleys: Oui, mais il faut rester conscient de l'allitération (répétition de consonnes) : déFilent des Fiacres

[13/11/12 21:54:49] Clémentine Lamendin: Très juste!

[13/11/12 21:55:04] Olivier Bleys: C'est flagrant (F !) si l'on introduit un troisième " F "

[13/11/12 21:55:04] Clémentine Lamendin: filent des fiacres aussi

[13/11/12 21:55:57] Olivier Bleys: Défilent évoque le nombre, peut-être l'encombrement, je pense à un piéton qui a du mal à traverser, tant il y a de fiacres.

[13/11/12 21:56:09] Olivier Bleys: Filent porte l'idée de vitesse, d'un déplacement rapide

[13/11/12 21:56:22] Clémentine Lamendin: et que penser de fulminent?

[13/11/12 21:56:23] Olivier Bleys: Et l'allitération, avec " filent ", est encore plus sonore

[13/11/12 21:57:03] Olivier Bleys: @Clémentine : c'est un autre registre, un parti-pris. Quelle idée mets-tu derrière ?

[13/11/12 21:57:14] Clémentine Lamendin: l'agitation

[13/11/12 21:57:40] Bertille Hollebecque: j'ajouterais la vitesse avec "fulminent", ainsi qu'une certaines impatience

[13/11/12 21:57:48] Clémentine Lamendin: oui

[13/11/12 21:57:48] Bertille Hollebecque: *certaine

[13/11/12 21:57:54] Florian Baroghel: Et si l'on joue sur cette alitération ? Par exemple, en écrivant à la suite : "La fluidité du traffic s'en trouve fortement affectée." Est-ce que cela devient trop lourd ?

[13/11/12 21:58:02] Clémentine Lamendin: et la brutalité peut-être

[13/11/12 21:58:06] Bertille Hollebecque: oui

[13/11/12 21:58:55] Olivier Bleys: @Clémentine : Ça vaut peut-être le coup d'ouvrir un dictionnaire, si l'on s'en tient aux sens existants (car, bien sûr, on peut en créer de nouveaux). " Fulminer ", c'est " Se laisser aller à une violente explosion* de colère, se répandre en menaces, en reproches " (sens figuré) ou " faire explosion " (en chimie)

[13/11/12 21:59:32] Clémentine Lamendin: Oui je suis allée voir

[13/11/12 21:59:43] Clémentine Lamendin: La notion d'explosion m'a plue

[13/11/12 21:59:46] Bertille Hollebecque: Avec "fulminent" j'imagine les chevaux (voire les cochers) la bave aux lèvres et les yeux exorbités

[13/11/12 21:59:47] Olivier Bleys: @Florian : je m'imagine, en te lisant, un agent de la circulation glisser cette phrase dans son rapport du jour. Il pourrait avoir un cheveu sur la langue.

[13/11/12 22:00:40] Florian Baroghel: Oui, j'imaginais un journaliste se promenant en ville, cherchant le "scoop" !

[13/11/12 22:00:43] Olivier Bleys: Les fougueux chevaux fulminaient devant le fiacre tout en flammes… allitération en pagaille !

[13/11/12 22:01:32] Olivier Bleys: Bon, recentrons le débat. Je vous suggère, pour votre plaisir et pour pratiquer un peu, de faire un ou deux exercices de la page que je vous ai indiquée :

[13/11/12 22:01:33] Olivier Bleys: http://eplosionseances.canalblog.com/archives/2010/12/11/19847506.html

[13/11/12 22:01:43] Olivier Bleys: Pas maintenant, chez vous, plus tard…

[13/11/12 22:02:08] Clémentine Lamendin: Entendu

[13/11/12 22:02:13] Bertille Hollebecque: ça me va

[13/11/12 22:02:22] Olivier Bleys: Mais j'aimerais vous donner un exercice plus consistant à faire, un premier texte de création.

[13/11/12 22:02:36] Olivier Bleys: … où vous pourrez déchaîner votre style !  8-)

[13/11/12 22:02:43] Clémentine Lamendin: (rires)

[13/11/12 22:02:50] Екатерина: Ok)

[13/11/12 22:03:09] Nadin: C'est un bonne pratique)

[13/11/12 22:03:12] Clémentine Lamendin: Suspens...

[13/11/12 22:03:19] Florian Baroghel: La furie du frottement du feutre sur la feuille se fera entendre !

[13/11/12 22:03:22] Olivier Bleys: Ce message a été supprimé.

[13/11/12 22:03:43] Clémentine Lamendin: Génial Florian se déchaîne!

[13/11/12 22:04:00] Bertille Hollebecque: c'est pas juste il a le prénom qui va avec l'allitération...

[13/11/12 22:04:07] Olivier Bleys: Fabuleuse fiction de fieffés fendeurs de cellulose !

[13/11/12 22:04:20] Olivier Bleys: Ce message a été supprimé.

[13/11/12 22:05:01] Clémentine Lamendin: M.Bleys nous attendons votre conigne!

[13/11/12 22:05:09] Florian Baroghel: Merci, mais faites attention, cela ne fera que renforcer ma frénésie !

[13/11/12 22:05:10] Clémentine Lamendin: (consigne*)

[13/11/12 22:05:14] Olivier Bleys: Ça arrive !

[13/11/12 22:06:46] Bertille Hollebecque: En attendant pour les autres, n'oubliez pas la vente de nourriture du BDA demain!

[13/11/12 22:07:00] Florian Baroghel: C'est à quelle heure ?

[13/11/12 22:07:06] Clémentine Lamendin: ?!

[13/11/12 22:07:17] Bertille Hollebecque: Quand vous pouvez, le mieux serait dès 9h-9h30

[13/11/12 22:07:39] Bertille Hollebecque: personnellement j'y serai à partir de 13h pour cause de confs

[13/11/12 22:08:32] Olivier Bleys: Texte de création n° 1 > Deux versions d’un même récit 

Version 1 : style clair, vocabulaire simple, public enfantin

Version 2 : style élaboré et personnel, vocabulaire étendu, public adulte initié

> Gabarit (longueur du texte) : à votre convenance, mais pas plus de 900 caractères, espaces compris pour chaque texte

> Argument : évoquer un objet de votre quotidien (téléphone, brosse à dents, gel douche, montre-bracelet, ticket de tram, etc.), du point de vue subjectif de l’objet, comme s'il prenait la parole, se présentait (portrait physique, moral), éventuellement relatait une anecdote où il aurait joué un certain rôle

[13/11/12 22:09:53] Clémentine Lamendin: Excellent!

[13/11/12 22:09:55] Olivier Bleys: Par exemple (phrases jetées spontanément) : " la vie d'un ticket de métro n'est pas toujours simple, vous pouvez me croire. Qui pourrait m'envier d'avoir, chaque matin, chaque midi et chaque soir, la tête pincée dans une machine à poinçonner ? Croyez bien que ça fait mal ! /…/ " Etc. etc.

[13/11/12 22:10:36] Olivier Bleys: Essayez de travailler à ces textes dans la quinzaine qui vient.

[13/11/12 22:10:37] Clémentine Lamendin: Votre spontanéité m'édifie!

[13/11/12 22:10:47] Olivier Bleys: @Clémentine :  :P

[13/11/12 22:11:26] Olivier Bleys: Je vous propose de m'envoyer vos textes, que je publierai sur le blog et auxquels je réserverai un temps de " partage / discussion " lors d'une prochaine virtuelle

[13/11/12 22:11:26] Clémentine Lamendin: (rires)

[13/11/12 22:11:49] Clémentine Lamendin: Très bien

[13/11/12 22:12:06] Olivier Bleys: Ces textes seront très probablement inclus dans la publication de fin d'année.

[13/11/12 22:12:25] Olivier Bleys: J'essaierai de faire en sorte que TOUS les textes créés dans le cadre de l'atelier le soient.

[13/11/12 22:12:31] Florian Baroghel: Petite question : sur la première version, si l'on s'adresse à un public enfantin, est-ce que nous sommes "limités" dans notre choix d'objet ? Je pense à mon pauvre cendrier qui se sentirait fort vexé d'être ainsi rejeté !

[13/11/12 22:12:39] Olivier Bleys: Ah…

[13/11/12 22:12:43] Olivier Bleys: Question pertinente !

[13/11/12 22:13:15] Clémentine Lamendin: @Florian : toi tu ad du talent!

[13/11/12 22:13:27] Florian Baroghel: J'essaie ! Merci ;)

[13/11/12 22:13:45] Olivier Bleys: C'est un travail sur le style, pas sur l'énoncé. Donc, je dirais : non, pas de limitation. C'est à vous, si vous choisissez cette difficulté, de vous montrer assez malins pour la contourner. Comment, par exemple… parler d'un préservatif à des enfants de sept ans ?

[13/11/12 22:14:03] Florian Baroghel: En effet, ça pourrait devenir comique !

[13/11/12 22:14:09] Bertille Hollebecque: Tout dépend de leur éducation ;)

[13/11/12 22:14:11] Olivier Bleys: Faites preuve d'imagination. Inventez un usage tout différent de l'objet.

[13/11/12 22:14:33] Clémentine Lamendin: D'accord

[13/11/12 22:14:41] Olivier Bleys: Ou bien, jouez avec votre propre gêne. " Moi, le préservatif, je suis un bonnet d'aviateur pour les cigognes ".

[13/11/12 22:15:28] Екатерина: :D

[13/11/12 22:15:43] Bertille Hollebecque: on saura quoi dire aux enfants s'ils tombent dessus ^^

[13/11/12 22:15:58] Clémentine Lamendin: Je dois partir chers amis!

[13/11/12 22:16:04] Olivier Bleys: Bon, vous avez du travail, et vos claviers, j'en suis sûr, crépitent déjà de mille idées. Il est temps de lever cette petite séance — ce qui n'empêche pas que la conversation se poursuive entre vous !

[13/11/12 22:16:12] Bertille Hollebecque: bonne nuit clémentine! n'oublie pas la vente ;)

[13/11/12 22:16:20] Florian Baroghel: Bonne soirée / nuit, Clémentine !

[13/11/12 22:16:23] Olivier Bleys: Je vous réécrirai pour vous donner la date de la prochaine séance virtuelle ou présentielle.

[13/11/12 22:16:35] Екатерина: Bonne soiree Clementine

[13/11/12 22:16:35] Clémentine Lamendin: A très bientôt, et merci pour cette première expérience créative!

[13/11/12 22:16:39] Olivier Bleys: Bonne soirée à tous ! Et bon travail !

[13/11/12 22:16:47] Olivier Bleys: (wave)

[13/11/12 22:16:48] Florian Baroghel: Bonne soirée, et merci !!

[13/11/12 22:16:52] Bertille Hollebecque: Bonne soirée, merci!

[13/11/12 22:16:52] Camille: Bonne soirée !

[13/11/12 22:16:54] emma rouan: Bonne soirée a tous!

[13/11/12 22:17:08] Екатерина: Merci bcp, bonne nuit plutot)

[13/11/12 22:17:10] Nadin: Bonne nuit! Merci. et bon courage!

23 mars 2012

Séance virtuelle n° 8 du 22/03/12 Rappel séance

Séance virtuelle n° 8 du 22/03/12

Rappel séance antérieure

[ 21:36:05] Olivier Bleys: Bonsoir à toutes et à tous
[ 21:40:16] atelier_Antoine Beaur: Présent
[ 21:40:19] atelier_Antoine Beaur: Bonsoir
[ 21:40:22] atelier_Jim Charron: Présent
[ 21:40:25] atelier_Jim Charron: Bonsoir

[ 21:41:26] Olivier Bleys: Ce soir, je comptais lire et commenter avec vous les différents textes qui m'ont été livrés sur le thème de l'observation.
[ 21:41:44] atelier_Jim Charron: "vous tous" semble une notion bien vague ce soir
[ 21:42:05] Olivier Bleys: C'est vrai !
[ 21:42:24] Olivier Bleys: Mais bon, qu'il y ait foule ou pas, nous pouvons échanger quelques mots.
[ 21:42:36] atelier_Jim Charron: bien sur
[ 21:42:53] Olivier Bleys: Remettre cette conversation à une date ultérieure risquerait d'embrouiller tout le monde.
[ 21:43:12] Olivier Bleys: Enfin, merci et bravo à ceux qui sont là !  (happy)
[ 21:43:21] atelier_Antoine Beaur: merci
[ 21:43:29] atelier_Thomas LeGuennic: bonsoir
[ 21:43:34] Olivier Bleys: Bonsoir
[ 21:44:53] Olivier Bleys: Pour mémoire, les textes que nous allons lire et commenter se trouvent tous ici, sur le blog : http://eplosiontextes.canalblog.com/
[ 21:45:57] Olivier Bleys: Voici donc le premier :
[ 21:46:19] Olivier Bleys: A bord

Je viens de monter à bord de l'Airbus 777-400 d'Air France qui va me ramener sous les tropiques, loin de mon amour, loin de ma famille...
Inconfortablement calée dans l'étroitesse du siège bleu 34L, mon estomac est noué, mes yeux humides, une moue triste et poisseuse trahit la douleur de m'envoler vers le soleil et les cocotiers réunionnais. Les gens m'observent, interrogateurs, ne comprenant sans doute pas ce qui peut motiver une telle morosité...
A ma droite, le hublot m'offre un dernier coucher de soleil parisien sur l'aile de l'avion maculée de salissures noires...orangé...scintillant...un peu réconfortant...
Mais qu'est ce que je fais dans cet avion ?
Devant moi, le petit écran qui va me divertir et me changer les idées pour les 10 prochaines heures projette l'image d'une femme jeune qui sourit dans son apparat de la compagnie. La tablette en dessous a l'air bringuebalant, le porte verre est cassé, de petites projections brunâtres de je-ne-sais-quoi me font songer que le ménage est plus que douteux et que l’appareil est vétuste...
Et si on s’écrasait ?
La pince qui ramène mes cheveux en arrière me gène pour me reposer sur l'appui tête lui aussi bleu...je la retire pour la clipper à l’anse de mon petit sac laissé à mes pieds, ramenant ainsi ma tignasse sur un visage fermé,  ce qui va peut être dissimuler mon chagrin...
Je veux descendre...je veux courir le retrouver...
Je reste assise, stoïque, figée, les deux bras sur les accoudoirs, attachée avec lâcheté pour être à l’aise, ma petite couverture beige et mon oreiller rouge offerts par la compagnie soigneusement posés sur mes genoux qui butent dans le siège devant...promenant mon regard du tarmac qui plonge peu à peu dans l’obscurité à mon annulaire gauche nouvellement embelli par mon amoureux à la dame de l’écran aux insolents qui m’entourent avant de retourner au tarmac…
 Tiens, mon jean est troué à droite…ça fait négligé…
Les larmes s'arrêtent pour reprendre de plus belles, incontrôlables…
Heureusement que je ne me suis pas maquillée…quelle anticipation !
...alors qu'autour de moi, c'est l'effervescence d'un grand départ pour l'aventure pour les uns, d'un grand retour à la maison pour les autres...
Et moi, pourquoi je suis là ? Pourquoi je m'envole vers cet inconnu désespérément familier ? A quoi ça rime ?
A ma gauche, le siège est vide. Maigre consolation que de pouvoir étendre mes jambes pendant le voyage...La dame du bout de la rangée en a l'air ravi et y expose ses deux gros sacs, ses journaux et son gilet en me souriant gentiment.
[ 21:46:31] Olivier Bleys: Merci de prendre quelques minutes pour le lire
[ 21:48:42] atelier_Antoine Beaur: Je l'ai lu, et trouvé plutôt intéressant, mais je ne sais pas si le thème de l'observation était tout à fait adapté à l'évenement narré
[ 21:49:34] Olivier Bleys: Je comprends ta remarque, Antoine, mais l'excès de détails participe selon moi de l'angoisse distillée par le texte.
[ 21:49:51] atelier_Antoine Beaur: c'est vrai
[ 21:49:51] atelier_Jim Charron: je suis plutôt d'accord pour ce qui de l'observation mais j'ai bien aimé le côté "vrai", on ressent assez bien ce qu'elle ressent
[ 21:49:57] Olivier Bleys: On a le sentiment que le personnage cherche à s'accrocher à une réalité physique, qu'il puisse maîtriser, pour évacuer son angoisse
[ 21:50:31] Olivier Bleys: La phrase " et si on s'écrasait ? " par sa position médiane, au milieu du texte, et sa briéveté, a beaucoup d'impact
[ 21:50:35] Olivier Bleys: Elle m'a saisi à la lecture
[ 21:51:21] atelier_Antoine Beaur: effectivement, j'étais passé à côté
[ 21:51:53] atelier_Thomas LeGuennic: Oui c'est vrai pour le "Et si on s'écrasait ?" Par ailleurs, je trouve qu'il y a une forme d'analogie entre la "banalité" de l'environnement décrit (une cabine d'avion) et la banalité/famaliarité ("désesespérante") que le narrateur va retrouver et qu'il semble regretter.
[ 21:52:52] Olivier Bleys: Oui, thomas. C'est un texte aux nombreuses alternances : descriptions concrètes / évocations de sentiments et d'impressions ; ici que je quitte / là-bas où je vais ; moi / les autres, etc.
[ 21:53:54] Olivier Bleys: Je dois reconnaître qu'à la toute première lecture, ou plutôt à la lecture des toutes premières lignes, ça m'a semblé un peu bancal. J'étais peu convaincu par le style, par l'expression. En revanche, j'ai rapidement été saisi par l'efficacité du récit
[ 21:55:07] atelier_Thomas LeGuennic: Est-ce que le fait qu'il s'agisse d'une description signifie automatiquement que la description offerte soit "réaliste" ; je veux dire : est-ce que la description "à bord" est juste celle d'un avion ou d'un autre environnement, peut être élargie à un sentiment plus général (une sorte de métaphore…). Ou bien est-ce qu'élargir à ce point l'analyse sape toute force au récit ?
[ 21:56:01] Olivier Bleys: Il n'est absolument pas nécessaire que la description soit réaliste.
[ 21:56:54] Olivier Bleys: Au contraire, des détails incongrus glissés dans une description (objet qui ne devrait pas se trouver là, ou détail sur lequel le regard de l'auteur s'arrête inexplicablement) peuvent, de façon assez élégante, transmettre les impressions de l'auteur.
[ 21:58:39] Olivier Bleys: Sans quitter le domaine physique et sans y mêler aucun sentiment, aucune pensée, il y a mille façons de décrire un fauteuil d'avion, par exemple : mettez l'accent sur la ceinture et les consignes de sécurité, lues dans les moindres détails, et vous soulignerez l'angoisse du passager ; insistez sur le hublot ou le petit oreiller, vous suggérerez, au contraire, le plaisir qu'il prend à ce voyage
[ 21:58:59] Olivier Bleys: En résumé : une description n'est jamais neutre.
[ 21:59:09] Olivier Bleys: Ce texte, assez habile, permet de nous le rappeler.
[ 22:00:01] Olivier Bleys: Bon
[ 22:00:06] Olivier Bleys: Il est temps de lire autre chose…
[ 22:00:09] Olivier Bleys: Voici donc :
[ 22:00:24] Olivier Bleys: Les rayons de ce soleil de midi qui tombent droit devant moi m'éblouissent en glissant sur les dalles lisses de la rue Sainte-Catherine. Mon regard ainsi empli de lumière ne se retrouve que dans l'ombre de la massive arche de pierres, une porte, donnant sur la place de la Victoire. Mais à contrejour ce sont les soucis qui m'égarent — un repère est une ancre, il vous maintient solidement arrimé dans un présent qui n'est pas toujours assez long pour vous.
Lentement, en traînant les pieds, je me suis avancé dans le monde des responsabilités, où je sens peser sur moi, partout, à chaque pas, le spectre des choses à faire, et à refaire. Tout le paradoxe est contenu dans ce lieu, dans cette salle et ses ombres légères, ces tables à l'alignement strict, rectiligne, ce grand tableau noir et vide et ses quelques traits à la craie : nous cherchons à nous libérer l'esprit dans une prison. Mais au moins, le temps d'une heure, j'ai oublié.
Oublié que l'heure suivante j'allai y replonger. L'oubli. Ouvrez les écoutilles et emplissez-vous de lumière.
[ 22:01:39] Olivier Bleys: Il y a dans ce texte, me semble-t-il, une forme d'égarement
[ 22:01:43] Olivier Bleys: Egarement spatial, je veux dire
[ 22:01:55] Olivier Bleys: On ne sait précisément ce qui est décrit
[ 22:02:16] Olivier Bleys: Le cerveau, à la lecture, peine à se composer une image juste et proportionnée de ce que l'auteur veut dépeindre
[ 22:02:38] Olivier Bleys: Le lieu, finalement, n'apparaît qu'à la fin
[ 22:02:55] Olivier Bleys: J'entends, ne se révèle en vraies formes et vraies couleurs
[ 22:03:18] Olivier Bleys: Auparavant, nous oscillons entre intériorité et extériorité, monde physique et psychique parfaitement intriqués
[ 22:03:27] atelier_Thomas LeGuennic: Je trouve ce texte plus analytique (sans jugement de valeur). Il y a une forme d'évancescence. Une chose de me gêne : la généralisation du je ("il vous maintient", "nous cherchons"), qui force l'identification du lecteur au narrateur.
[ 22:05:36] Olivier Bleys: @Thomas. C'est un texte analytique et sensible à la fois.
[ 22:06:37] Olivier Bleys: L'auteur cherche à cerner ses impression et émotions au plus près et, ce faisant, peut-être sacrifie-t-il une part de l'élan, de la dynamique nécessaire du texte
[ 22:07:53] atelier_Thomas LeGuennic: À la relecture je trouve qu'il y a une forme de télescopage entre la géographie et les sentiments qui surgissent chez l'auteur (la progression de la rue St Catherine et la sienne dans l'existence). En même temps c'est peut-être l'effet produit par l'observation…
[ 22:08:39] Olivier Bleys: Oui, je crois que c'est volontaire.
[ 22:09:03] atelier_Antoine Beaur: la confusion spatiale traduit pour moi la confusion mentale du narrateur
[ 22:09:34] Olivier Bleys: Il faut toujours, me semble-t-il, avoir cela à l'esprit : un texte est une onde, un cours d'eau qu'une légère pente précipite vers aval. Si cette pente est trop faible, l'intérêt du lecteur diminue et, au pire, s'éteint. Si la pente est trop forte, on lit vite sans se laisser imprégner par les lieux, les sentiments, les personnages
[ 22:09:40] Olivier Bleys: C'est un équilibre délicat à trouver
[ 22:09:52] Olivier Bleys: Dans le texte que nous avons lu, la pente, me semble-t-il, est un peu faible
[ 22:10:05] Olivier Bleys: Par excès de précision ou de recherche, l'auteur ralentit la lecture
[ 22:10:11] Olivier Bleys: … et risque, éventuellement, de perdre ses lecteurs
[ 22:10:46] atelier_Antoine Beaur: en même temps, c'est plutôt court, le manque de pente n'est pas si décourageant
[ 22:10:57] Olivier Bleys: Bien sûr
[ 22:11:11] Olivier Bleys: Mais c'est la matière sur laquelle nous devons nous forger une opinion !
[ 22:11:21] atelier_Antoine Beaur: bien sur
[ 22:11:27] Olivier Bleys: Il est certains livres qui trouvent leur rythme à la page 100 !
[ 22:11:41] Olivier Bleys: La question : gardera-t-on le lecteur jusque-là ?
[ 22:12:07] atelier_Thomas LeGuennic: Peut-être qu'ici un des problèmes vient de ce que certaines phrases s'étirent jusqu'à s'effilocher.
[ 22:14:31] Observer. Figer le temps et l’espace sur une simple feuille de papier. Ciseler les alentours le regard alerte, chercher à magnifier le commun qui nous encercle. Flirter avec la finesse des tissus que portent nos voisins de table et humer l’air à la recherche d’un parfum qui provoquerait en nous l’irrépressible envie d’écrire. Observer, simplement. Sans un geste, sans une parole, juste les yeux rêveurs à l’idée de dénicher l’inspiration qui se terre sous la crasse des vitres abandonnées au temps qui passe. Sentir son cœur s’accélérer. Impatient, enragé d’être ainsi privé de tout autre effort que celui d’observer. Entendre son écho à l’intérieur de soi, ressentir son poids venir cogner contre notre poitrine et toujours, lui imposer le silence comme ordonnance. L’obscurité de la salle dicte une atmosphère glaciale presque religieuse que le bleu azur du ciel n’arrive que trop peu à compenser. Là, sur le tableau noir de la classe, la poussière de craie a dessiné au fil des phrases effacées à la brosse, de larges vagues grisâtres rappelant étrangement les remous de la Garonne s’écoulant non loin de là. La salle semble avoir son humeur, son caractère propre. Elle grince sous le poids de ses penseurs qui la déshabillent, elle se renferme de honte à l’idée qu’ils puissent s’attarder sur les lézardes qui galopent le long de ses murs. Mais leur présence la rassure, la comble au propre comme au figuré alors, elle s’abandonne à leur regard, à leur indiscrétion, à leur curiosité malsaine mais aussi à leur angoisse de la feuille blanche, à leur peur de ne pas avoir su la contempler correctement. Dans cet endroit clos, aucun bruit ne vient perturber le silence de cathédrale qui s’y est installé hormis le vrombissement de quelques pots d’échappements et l’éclat de voix masculine que les vitres obligent à rebrousser chemin. Les mains s’agitent, brutalisent le papier du bout de leur doigt, s’empressent de faire glisser leur crayon en d’innombrables jongleries stylistiques, espérant nerveusement que leur sensibilité vaille la peine d’être lue et écoutée. Elles se dépêchent de saisir l’instant qui s’enfuit, l’instant qui se cache sous la courbure d’une épaule, sur le rouge d’un barreau de chaise, sur la tirette d’une trousse. L’instant qui dégringole sur les cheveux d’une femme, sur la sueur d’une peau. L’instant qui se meurt au pied d’une porte en bois et qui plus jamais ne sera observée.
[ 22:14:38] Olivier Bleys: Notre troisième lecture, ce soir…
[ 22:17:02] Olivier Bleys: Le texte commence comme une légère, et assez virtuose digression autour de l'énoncé et du verbe qui le résume : " observer "
[ 22:17:21] Olivier Bleys: Il se conclut de même, avec le verbe " observer "
[ 22:18:23] Olivier Bleys: Entre les deux, une rêverie bien calibrée
[ 22:18:23] atelier_Thomas LeGuennic: Je trouve ce texte assez fort.
[ 22:18:43] Olivier Bleys: Moi aussi. Ce qui en donne l'indice, c'est l'espèce de frisson ressenti au dernier mot
[ 22:18:53] Olivier Bleys: Il y a là d'indéniables qualités d'observation !
[ 22:19:30] atelier_Thomas LeGuennic: Il donne à réfléchir sur l'exerice d'écriture concernant l'observation : réifier le mouvant et le fugace, fixer et restituer ce qui est fort parce que c'est justement fuyant.
[ 22:24:08] Olivier Bleys: En effet. Dans ce récit à l'intensité immédiate (on est d'emblée au cœur du sujet, pas de gradation ni de montée en puissance), le thème de la fuite est central. L'auteur décrit avec minutie, mais aussi élan et vitesse, les efforts fournis pour retenir ce qui s'échappe — des impressions évanescentes, des presque-rien que l'œil ou l'oreille a captés, et qu'il faut fixer d'urgence dans l'écriture.
[ 22:25:14] Olivier Bleys: En vous proposant le thème de l'observation, je n'avais pas songé à cela : la sauvegarde, la conservation par le mot d'une réalité qui se dérobe. C'est donc un apport très personnel et très judicieux de cet auteur…
[ 22:27:31] atelier_Thomas LeGuennic: Il y a quelque chose qui semble assez difficile dans la description. Je veux dire dans l'économie de l'écriture : doser les adjectifs et les qualificatifs. Parfois, je trouve que certaines phrases de ces trois textes (et d'autres sans doute) semblent déséquilibrée, un peu "bancales" (rien de méchant) ; j'ai l'impression que ça tient à ce dosage : ne pas trop qualifier ce que l'on décrit.
[ 22:28:28] Olivier Bleys: Il me semble, en général, que les écrivains ne se servent pas assez de leur oreille.
[ 22:29:06] Olivier Bleys: Quand j'ai commencé à écrire, j'avais — ou je croyais avoir, ne soyons pas présomptueux — une conscience très nette et très aiguisée de la longueur optimale pour une phrase, comme s'il s'agissait de vers comptant un certain nombre de pieds.
[ 22:29:32] Olivier Bleys: Idem, je sais par quelle sonorité, quelle syllabe devait s'achever la phrase.
[ 22:30:02] Olivier Bleys: Ce sens musical de l'écriture est un soutien, je crois, lorsqu'on cherche à réaliser l'équilibre que tu décris.
[ 22:31:02] Olivier Bleys: Il faut parfois s'abstraire de l'idée pour embrasser la phrase dans toute sa matérialité : comment elle sonne, quelle musique elle rend, si les mots, à l'oreille, donc, sont bien accordés les uns aux autres ?
[ 22:31:45] atelier_Thomas LeGuennic: Je suis d'accord. Ce rythme est fondamental. D'ailleurs, je trouve que certains textes gagnent une toute autre dimension une fois lus à voix haute.
[ 22:32:14] Olivier Bleys: Les lire à voix haute (rouvrir le " gueuloir " cher à Flaubert) est très révélateur
[ 22:32:58] Olivier Bleys: Et puis, ce peut être une bonne école d'écrire de la poésie versifiée, même à titre de simple exercice, pour s'habituer à manier des sons plutôt (ou autant) que des concepts
[ 22:33:13] Olivier Bleys: Je le faisais souvent, adolescent
[ 22:33:52] Olivier Bleys: Et, voici deux ans, j'ai publié avec un ami peintre un texte entièrement versifié, de diffusion assez confidentielle, " Pilori " (ed. Elytis).
[ 22:34:00] atelier_Antoine Beaur: C'est interessant, à l'opposé, je crois me souvenir que l'auteur américain Douglas Kennedy avait dit quelques choses à propos d'un équilibre et d'une harmonie visuelle des mots dans la phrase.
[ 22:34:33] Olivier Bleys: … ce qui conduit vers les jeux typographiques (textes ordonnés comme un dessin, etc.) dont une certaine poésie est familière
[ 22:34:44] atelier_Antoine Beaur: exact
[ 22:35:02] Olivier Bleys: Mais, qu'il s'agisse de sons ou d'images, les mots peuvent être trahis par une traduction.
[ 22:35:26] Olivier Bleys: Tout le savoir-faire d'un auteur dans sa langue risque de disparaître dans ce transport vers un autre idiome
[ 22:35:57] Olivier Bleys: C'est d'ailleurs une grande inquiétude des auteurs : leur éventuel talent est-il reconnu, ou seulement perceptible en italien, en allemand, en russe ?
[ 22:36:01] atelier_Antoine Beaur: Il faut se traduire sois même, comme Nabokov
[ 22:36:20] Olivier Bleys: Position enviable !
[ 22:36:25] Olivier Bleys: Mais combien s'y risqueraient ?
[ 22:36:26] atelier_Thomas LeGuennic: Mais quel niveau de langue ne faut-il pas avoir !
[ 22:36:31] atelier_Antoine Beaur: n'est ce pas ?
[ 22:36:52] Olivier Bleys: Bon, un autre petit texte ?
[ 22:36:55] Olivier Bleys: Une consigne, quelques sons émis dans une salle de cours et mon esprit vagabond. Je songe, j'imagine, j'illustre un moment qui n'existe pas encore. Le présent est ailleurs, dans une petite salle de cours, un amphi plus précisément, qui ne ressemble en rien à un amphithéâtre. Une petite extrade pouvant se référer à une scène faisant à peine 1m 50 de profondeur, sur lequel se tiennent un bureau et une chaise, le décor indispensable pour le rôle que joue celui qui tente de nous tenir conscient, présent, attentif, quand l'automne se fait encore beau et rayonnant. Les deux fenêtres qui donnent sur la rue Paul Broca aux huit carreaux par battant sont pour la plupart opaques et sales, ce qui n’empêche en rien la lumière de rentrer. Elle se diffuse silencieusement, rien ne se fait entendre, pas même le bruit des stylos sur les feuilles. Chut, on compose, on réfléchit, on songe. Le visage incliné sur les feuilles on compose. 24 étudiants installés délibérément un peu partout donnant face au tableau, fixé à hauteur raisonnable. Il a servi, pour indiquer une adresse et des mots. L'éponge laissée sur le plateau en bas du tableau, fait penser à ces années passées où école rimait avec éclat de rire.
[ 22:37:49] Olivier Bleys: C'est, à première lecture (qu'il faudra dépasser), une composition assez scolaire.
[ 22:38:30] Olivier Bleys: La description, par moments, emprunte son style aux écrits scientifiques : les chiffres et les mesures précises ne manquent pas.
[ 22:38:44] atelier_Juliette Porte: heu, bonjour à tous (toutes?)
[ 22:38:49] Olivier Bleys: Bonsoir !
[ 22:39:07] Olivier Bleys: Il n'y a pas foule, ce soir, mais les discussions n'en sont pas moins riches
[ 22:39:20] Olivier Bleys: Nous sommes en train de lire ensemble différents textes soumis sur l'observation.
[ 22:39:24] Olivier Bleys: Le dernier en date :
[ 22:39:26] Olivier Bleys: Une consigne, quelques sons émis dans une salle de cours et mon esprit vagabond. Je songe, j'imagine, j'illustre un moment qui n'existe pas encore. Le présent est ailleurs, dans une petite salle de cours, un amphi plus précisément, qui ne ressemble en rien à un amphithéâtre. Une petite extrade pouvant se référer à une scène faisant à peine 1m 50 de profondeur, sur lequel se tiennent un bureau et une chaise, le décor indispensable pour le rôle que joue celui qui tente de nous tenir conscient, présent, attentif, quand l'automne se fait encore beau et rayonnant. Les deux fenêtres qui donnent sur la rue Paul Broca aux huit carreaux par battant sont pour la plupart opaques et sales, ce qui n’empêche en rien la lumière de rentrer. Elle se diffuse silencieusement, rien ne se fait entendre, pas même le bruit des stylos sur les feuilles. Chut, on compose, on réfléchit, on songe. Le visage incliné sur les feuilles on compose. 24 étudiants installés délibérément un peu partout donnant face au tableau, fixé à hauteur raisonnable. Il a servi, pour indiquer une adresse et des mots. L'éponge laissée sur le plateau en bas du tableau, fait penser à ces années passées où école rimait avec éclat de rire.
[ 22:39:46] atelier_Juliette Porte: Oui, je suis désolée d'être en retard, j'essaie de rattraper
[ 22:40:11] Olivier Bleys: Pour revenir au texte, donc, et malgré mes réserves précédentes, je ne lui en reconnais pas moins une certaine fraîcheur
[ 22:40:20] Olivier Bleys: Il pourrait traduire le regard d'un enfant
[ 22:41:04] Olivier Bleys: Vocabulaire simple, tournures rassurantes, images un peu convenues mais solides…
[ 22:41:22] Olivier Bleys: Une fraîcheur, oui, dans la lignée d'un Prévert ?
[ 22:41:26] atelier_Thomas LeGuennic: C'est peut-être bête mais je trouve que le fait que ce texte soit livré en un seul paragraphe nuit à sa lecture. J'ai essayé de le relire en découpant un je trouve qu'il révèle un dynamisme qui ne m'avait pas frappé.
[ 22:41:53] atelier_Juliette Porte: J'ai bien aimé l'alexandrin en plein milieu, c'est une technique classique mais ça marche bien, l'ettention du lecteur est retenue. D'ailleurs vous parliez tout à l'heure de la musicalité des mots.
[ 22:43:39] atelier_Juliette Porte: En parlant de ça justement, je ne pense pas qu'à la poésir mais aussi aux discours des hommes politiques ou autres, les textes qui n'ont de force que l'orsqu'ils sont pronocés, alors que c'est le contraire pour la fiction. C'est juste une remarque sans grand rapport, je reviens au texte ;)
[ 22:44:47] Olivier Bleys: La rhétorique était un art que nous avons perdu, mais dont les enseignements se sont diffusés, sans y paraître, chez tous ceux qui font usage d'une parole.
[ 22:45:08] Olivier Bleys: En effet, un discours écrit vaut rarement grand-chose. Il a besoin de l'incarnation d'une langue et d'une voix !
[ 22:45:47] Olivier Bleys: Ce texte m'évoque les ouvrages de jeunesse de Colette, souvent des textes de commande, telle la série cosignée avec Willy.
[ 22:47:36] Olivier Bleys: La langue diffère, bien sûr, mais un même sentiment printanier, primesautier, comme, j'insiste, si nous devions ce texte à un très jeune auteur, imprègne cette observation et les tout premiers romans de Colette.
[ 22:47:49] Olivier Bleys: Passons à un autre texte, pour finir la soirée ?
[ 22:48:03] atelier_Antoine Beaur: ouep
[ 22:48:15] Olivier Bleys: Voici…La petite salle était toute baignée d'un étrange clair-obscur. Il n'y avait nulle lumière au plafond; nul rayon de soleil : juste une timide lueur qui filtrait par les carreaux sales des grandes fenêtres. Les murs, le tableau, les chaises, tout me semblait si gris qu'aucune couleur vive ne voulait percer mon oeil de sa douceur. Le haut jaune aux fibres cotonneuses de ma voisine, juste sous mon nez, devenait terne et d'une couleur pataude sous cette ambiance blafarde.

A l'image de la pièce, mon pull noir d'ordinaire si confortable piquait mes bras nus, comme parcourus par les courses de centaines de fourmis de laine. Le silence s'était fait, seulement brisé par quelques rires étouffés deçà la grande porte de bois, quelques froissements de feuilles, grincements de stylos, éternuements, quintes de toux. Non, tout compte fait, le silence était parti depuis bien longtemps déjà; seul régnait ce léger bruitage lancinant aux accents de respirations étouffées et de cerveaux en création.

Tandis que les mots s'enfuyaient, je me mordillais l'intérieur de la lèvre, déjà amochée par quelques coups de dents agacés. Mes yeux fatigués rendaient la scène floue et mes lignes imprécises; mais mes lunettes restaient sagement sur mon bureau, car leur monture noire intransigeante semblait brider mon univers. La maladie qui depuis quelques temps déjà me taquinait m'assoupissait. J'en rêvais éveillée, de ce sommeil échappé. Cette pièce, ce pull, tout était à l'image de mon esprit désabusé : Triste, passif et malade.

Je ne pouvais m'y endormir, car cette pièce à l'air gris me renvoyait mes pensées désordonnées, au beau milieu de ce silence assourdissant.
[ 22:50:29] Olivier Bleys: " triste, passif et malade ": cette combinaison de mots vient comme une révélation
[ 22:50:35] Olivier Bleys: … et donne un sens à tout ce qui précède
[ 22:50:47] Olivier Bleys: … un sens qui, jusque-là, n'était pas évident.
[ 22:50:59] atelier_Thomas LeGuennic: Ambiance très cotoneuse, sourde, avec un travail sur l'écriture de la lumière qui contrastent avec l'évocation de sentiments assez sombres.
[ 22:51:29] Olivier Bleys: @Thomas : c'est vrai. Tu as raison d'insister sur la lumière, car nous sommes dans un clair-obscur de facture clairement picturale
[ 22:51:36] Olivier Bleys: On songe à Goya ?
[ 22:51:42] atelier_Antoine Beaur: S't'un rembrandt
[ 22:51:45] Olivier Bleys: Aussi
[ 22:51:58] Olivier Bleys: Les impressions sont majoritairement visuelles, mais pas seulement.
[ 22:52:13] Olivier Bleys: J'aime les notations kynestésiques (sens du toucher), assez rares en littérature.
[ 22:52:31] Olivier Bleys: kinesthésiques !
[ 22:52:36] Olivier Bleys: … sans y !
[ 22:53:15] atelier_Thomas LeGuennic: Finalement, dans tous ces textes, nous n'avons pas vraiment affaire à des descriptions "naturalistes" (je ne sais pas si le terme est bon) : les choses ne sont jamais décrites pour elles-même. Ce sont systématiquement des stimulus qui réveillent les sensations de l'écrivain, à partir desquels des réflexions, des songes, s'élaborent.
[ 22:53:42] atelier_Juliette Porte: J'aime bien le pull noir associé aux fourmis (rouges!). Un mélange de couleurs et de toucher, je dirais presque synesthésique moi
[ 22:54:11] atelier_Thomas LeGuennic: Ici, de façon générale, la description ne semble pas évoquer des états intérieurs très joyeux.
[ 22:54:41] Olivier Bleys: @Thomas : oui, mais d'autres textes que je garde sous le manteau, et que nous n'aurons pas le temps de lire ce soir sont assez naturalistes. Je pense à un, en particulier, que son auteur a lu en séance, et qui décrivait " par le menu " l'état et le fonctionnement de son stylo. Seule la dernière phrase rattachait une impression à ce pur dessin technique…
[ 22:55:08] atelier_Juliette Porte: je vais peut-être paraître cynique, mais dans un temps limité je trouve souvent plus facile d'acrire un texte triste que joyeux
[ 22:55:16] atelier_Thomas LeGuennic: Au temps pour moi.
[ 22:55:21] Olivier Bleys: Pas faux !
[ 22:55:33] atelier_Juliette Porte: ah oui c'est moi le stylo!
[ 22:55:53] Olivier Bleys: Le stylo sera pour une autre fois
[ 22:55:58] Olivier Bleys: Il y aurait pourtant beaucoup à en dire
[ 22:56:13] Olivier Bleys: Je pense que tu as bien fait de le lire à haute voix
[ 22:57:02] atelier_Juliette Porte: en fait j'ai fair exprès de ne  pas décrire ce que je ressentais, justement pour ne pas me sentir gênée de le lire à haute voix,
[ 22:57:21] atelier_Juliette Porte: mais ça ne gêne pas du tout qu'on en parle une prochaine fois!
[ 22:59:16] Olivier Bleys: S'agissant de la prédominance des textes " tristes ", Il faut considérer certains éléments culturels… Vous appartenez à une génération (c'était déjà mon cas) qui se méfie des bons sentiments et cultive, parfois jusqu'à la nausée, les états dégradés du corps et de l'âme. Certes, ce n'est pas neuf. Mais la figure inverse, celle, solaire, du héros s'est pratiquement absentée de la littérature. Dans les livres, beaucoup plus que dans les films, on ne rencontre plus que des " losers ", des esprits torturés.
[ 22:59:22] Olivier Bleys: L'avez-vous observé ?
[ 22:59:41] atelier_Thomas LeGuennic: Tout à fait.
[ 23:00:02] atelier_Juliette Porte: des esprits torturés oui, des loser, je le dirais pas comme ça
[ 23:00:16] Olivier Bleys: Autre explication : une règle dramatique, selon laquelle pour qu'il y ait drame (et donc, intérêt du lecteur), il faut qu'il y ait conflit. Si tout va bien dans un monde heureux, avec des gens parfaits, on s'ennuie ferme.
[ 23:00:28] atelier_Juliette Porte: c'est aussi le cas dans les films, séries (pour ce que je regarde en série ahem)
[ 23:00:44] atelier_Juliette Porte: et les BD aussi
[ 23:01:14] Olivier Bleys: oui, mais le cinéma hollywoodien cultive encore quelques héros, quelques surhommes… la littérature le fait moins qu'au temps de Jules Verne, quand il fallait servir des figures positives à la jeunesse de ce temps !
[ 23:02:01] Olivier Bleys: La BD, en France, accompagne la littérature. Beaucoup de récits introspectifs (Pedrosa, par exemple, parmi les récentes parutions), d'autobiographies, rarement souriantes.
[ 23:02:16] atelier_Juliette Porte: oui, je suis d'accord en partie, Hollywood cultive les héros américains, mais ce sont quand même des héros américains hérités des séries BDs de Marvel etc., des années 50-60's
[ 23:02:28] atelier_Kassandra: atelier_Kassandra a quitté la conversation
[ 23:02:57] Olivier Bleys: Jules Verne était notre Marvel… ou Tintin…
[ 23:03:03] atelier_Thomas LeGuennic: C'est peut-être aussi parce qu'il y a "recentrage" du discours sur un sujet individuel. Particulièrement dans une certaine tendance de la littérature française contemporaine. Les figures collectives, les récits picaresques, etc. me paraissent assez absent. Du coup, c'est vrai que les éléments problématiques doivent être cherchés dans les états intérieurs du narrateur.
[ 23:03:53] atelier_Juliette Porte: Oui, et quand je disais BD, je pensais par exemple aux différences entre Tintin ou je ne sais pas, le héros de formule 1 comment il s'appelle déjà (peu importe) et Largo Winch, XIII, Thorgal
[ 23:04:18] Olivier Bleys: @Thomas : littérature française, c'est bien de le préciser. Nous avons abandonné aux Anglo-Saxons (pour l'essentiel) les récits picaresques, les épopées remuantes dont, un ou deux siècles plus tôt, les lecteurs d'ici faisaient aussi leur miel.
[ 23:04:19] atelier_Thomas LeGuennic: (Michel Vaillant)
[ 23:04:32] atelier_Juliette Porte: aaaah merci!
[ 23:05:05] atelier_Thomas LeGuennic: C'est vrai que les anglo-saxons ont une capacité à écrire des textes "barrés" que je n'imaginerai pas en France (Pynchon par ex.)
[ 23:05:32] Olivier Bleys: Je crains de ne pas me montrer héroïque, ce soir. Il se fait tard et mon ventre crie famine. Nous lirons d'autres textes la prochaine fois…
[ 23:05:56] atelier_Antoine Beaur: pas de problème.
[ 23:06:00] Olivier Bleys: … peut-être pas tous, car votre production est abondante !
[ 23:06:06] atelier_Thomas LeGuennic: Très bien.
[ 23:06:21] Olivier Bleys: Je vous souhaite donc une bonne fin de soirée, j'espère accompagnée d'un livre !
[ 23:06:33] atelier_Antoine Beaur: of course
[ 23:06:40] Olivier Bleys: A bientôt, bonne nuit  (wave)
[ 23:06:43] atelier_Antoine Beaur: Bonne soirée
[ 23:06:47] atelier_Thomas LeGuennic: Bonne soirée
[ 23:07:09] atelier_Juliette Porte: d'accord (remarque en passant: considérons qu'on est un héros collectif. Même dans ce groupe, les individus ont des failles qui se révèlent au cours de la lecture! ;)
[ 23:07:17] atelier_Juliette Porte: bon appétit!

 

 


8 mars 2012

Séance virtuelle n° 7 du 08/03/12 Déroulé

Séance virtuelle n° 7 du 08/03/12

Déroulé intégral de la séance du 08/03/12

[08/03/12 20:59:33] Olivier Bleys: Bonsoir

[08/03/12 21:27:22] atelier_Karoliina Vesa: Bonsoir!

[08/03/12 21:31:05] atelier_Juliette Porte: Bonsoir!

[08/03/12 21:31:49] Olivier Bleys: Ce soir, je voulais vous inviter à travailler (jouer, plutôt) un peu avec les titres.

[08/03/12 21:32:16] Olivier Bleys: tout d'abord, un livre que je vous recommande, dont je vais tirer certains exemples de ce soir

[08/03/12 21:32:40] Olivier Bleys: Il s'agit de " le Nouveau Nouveau Magasin d'écriture " de Hubert Haddad, aux éditions Zoé.

[08/03/12 21:33:01] Olivier Bleys: Ce livre fait suite au… " Nouveau Magasin d'écriture " de Hubert Haddad, chez le même éditeur.

[08/03/12 21:34:05] Olivier Bleys: C'est une sorte de fourre-tout, de pêle-mêle littéraire qu'il serait un peu long de décrire ici. Mais, ce qui nous intéresse surtout ce soir, c'est qu'on y trouve du " matériel pour écrire " : des idées de récits, des propositions de titres ou de situations.

[08/03/12 21:34:16] Olivier Bleys: Ce soir, je vous propose de nous concentrer sur les TITRES !

[08/03/12 21:34:46] Olivier Bleys: A partir de certains titres que je vais vous donner (tirés de ce livre, donc), il s'agira d'inventer en quelques lignes l'histoire, ou la scène qui va avec.

[08/03/12 21:34:55] Olivier Bleys: Ça vous tente ?

[08/03/12 21:35:26] atelier_Karoliina Vesa: Oui, ca semble une exercice intéressante, à part!

[08/03/12 21:36:40] Olivier Bleys: Pas si " à part " que ça, en réalité, car, quand vous publierez des livres (  :) ), vous découvrirez que pour la plupart des auteurs, trouver le titre est extrêmement difficile !!!!!

[08/03/12 21:36:49] atelier_Juliette Porte: C'est vrai que c'est super important les titres, des fois j'en prends un en librairie juste parce que le titre est tentant. Et puis inventer un scène à partir d'un titre me changera parce que d'habitude je choisi mes titres après avoir écrit au moins plusieurs pages de ce que j'écris et des fois, je trouve le titre seulement après avoir écrit tout mon texte

[08/03/12 21:37:06] Olivier Bleys: Tant mieux, si ça répond à une attente !

[08/03/12 21:37:11] Olivier Bleys: Voilà une première sélection.

[08/03/12 21:37:27] Olivier Bleys: Vous pouvez piocher le titre qui vous intéresse dans cette liste… et travailler un peu dessus.

[08/03/12 21:40:31] Olivier Bleys: L'escalier mouvant aux marches croissantes

Petite paranoïa pour un lecteur choisi

Le phare aux dix-sept naufrages

Le gardien des tempêtes

Pourquoi je m'étais trompé d'enfer

[08/03/12 21:40:45] Olivier Bleys: D'autres… :

[08/03/12 21:41:38] Olivier Bleys: Je ne sais plus où mourir

Le promeneur de la nuit

Le lecteur et son ombre

L'abattoir galant

La fenêtre aux adieux

Où donc est le barbare ?

[08/03/12 21:41:51] Olivier Bleys: Y en a-t-il un ou plusieurs dont vous voudriez vous emparer ?

[08/03/12 21:42:10] atelier_Karoliina Vesa: "Pourquoi je m'étais trompé d'enfer" me tente

[08/03/12 21:43:14] atelier_Juliette Porte: "Petite paranoïa pour un lecteur choisi"

[08/03/12 21:44:11] Olivier Bleys: Alors voilà, les rôles sont attribués ! Au travail ! Un petit texte de quelques lignes suffira. Je vois plutôt un résumé du livre à venir qu'un vrai texte littéraire. Ce qui constitue l'exercice, c'est de refléter le titre dans une trame narrative.

[08/03/12 21:49:09] Olivier Bleys: Inspirés ?

[08/03/12 21:49:15] atelier_Juliette Porte: C'est un bouquin entre deux autres sur une étagère d'une bibliothèque, et en fonction du caractère du lecteur qui va le prendre, il lui raconte une histoire à sa mesure. Au début, les pages sont toutes blanches et ensuite les lettres s'affichent au fur et à mesure que le lecteur "lit". Pour quelqu'un qui aime les romans d'amour, ce sera une histoire d'amour, pour quelqu'un qui aime la SF, ce sera SF, etc.

[08/03/12 21:51:14] atelier_Juliette Porte: Mais au bout d'un moment le livre se rend compte que seuls une certaines catégorie de lecteur est inspiré par son titre et le choisit sur l'étagère: les lecteurs d'histoires absurdes par exemple. Du coup il ne raconte que des histoires absurdes. Au bout d'un moment il en a marre et fait des histoires sous forme de paranoïa

[08/03/12 21:52:05] atelier_Juliette Porte: On n'a qu'à dire qu'au début son titre est "histoire pour un lecteur choisi". Et après il change son titre en "petite paranoïa pour un lecteur choisi"

[08/03/12 21:52:06] Olivier Bleys: @Juliette : prometteur. J'aime cette idée du livre-miroir, qui reflète son lecteur. D'une certaine façon, c'est une métaphore du livre numérique dont les pages-écrans sont blanches avant de se remplir de ce qu'attend le lecteur !

[08/03/12 21:52:48] Olivier Bleys: En revanche, je crois un peu moins à la conversion du titre. Peut-être faut-il trouver autre chose ? Insister sur le " choix " du lecteur par le livre, puisqu'on parle de " lecteur choisi " ?

[08/03/12 21:53:22] Olivier Bleys: Un livre qui se dérobe, qui fuit, qui brûle les doigts, qui se referme en claquant et en pinçant les mains du lecteur, s'il ne lui plaît pas ?

[08/03/12 21:53:49] Olivier Bleys: Et dès lors, les lecteurs développeraient un sentiment de persécution (de paranoïa) envers ces romans mal embouchés.

[08/03/12 21:56:36] atelier_Juliette Porte: Ah oui, ça serait drôle! Je ne le voyais pas comme ça, je me disais que le livre voulait raconter plein d'histoires différentes et finalement, à force de raconter toujours la même chose, décidait de se "venger" en faisant peur aux lecteurs qui le lisaient. C'est drôle comme l'approche d'une histoire en fonction d'un titre peut être différente. On peut peut-être trouver un mixte?

[08/03/12 21:57:44] Olivier Bleys: Bien sûr !

[08/03/12 21:57:47] Olivier Bleys: A quoi penses-tu ?

[08/03/12 21:59:25] atelier_Juliette Porte: La paranoïa peut être des deux côtés: pour le lecteur qui a peur en lisant des histoires qui reflètent exactement son caractère, ou qui a peur du livre qui brûle, claque les doigts etc (le sentiment de persécution), et pour le livre qui développe aussi la paranpïa de devoir raconter toujours la même chose, et qui du coup devient méchant (et brûle et claque les doigts, etc. -j'adore cette image!)

[08/03/12 22:01:57] Olivier Bleys: En effet, ça peut marcher des deux côtés. Je pense que c'est assez neuf et porteur de présenter le livre comme un objet dangereux, physiquement tel. On oublie trop souvent qu'un livre tombé d'une étagère haute peut assommer, que les feuilles parfois coupent, que les coupe-papiers utilisés autrefois pour diviser les feuilles d'imprimerie peuvent devenir poignards ! C'est amusant de se représenter une bibliothèque ou une librairie, lieu paisible et pacifié, comme un endroit dangereux !

[08/03/12 22:04:16] atelier_Juliette Porte: Oui, c'est vrai! On part d'un seul livre et du coup, c'est comme si toute la librairie devenait inquiétante, alors que tous les autres livres sont inoffensifs. L'amour des livres peut triompher, et le libraire finit par vendre son bouquin qui continuera de sévir ailleurs, et ainsi de suite.

[08/03/12 22:06:10] Olivier Bleys: Un livre maudit ? Il me semble que cette ficelle, pour le coup, a déjà été utilisée. Le livre qui tue son propriétaire, le livre qu'on ne doit pas acquérir ni posséder sous peine de mort !

[08/03/12 22:08:21] Olivier Bleys: Et toi, Karoliina, tu avances ?

[08/03/12 22:08:30] atelier_Juliette Porte: Je crois que je suis tombée dans le piège de cette idée et que j'ai même compris pourquoi: incapable d'assumer que toute une librairie soit perçue comme dangereuse.

[08/03/12 22:08:58] atelier_Karoliina Vesa: Oui, j'ai encore à finir la dernière phrase (et ne pas à ajouter une dernière phrase après cette phrase!)

[08/03/12 22:09:47] Olivier Bleys: @Juliette : pourtant, dans certaines périodes sombres de notre histoire, entrer dans une librairie ou la fréquenter assidûment, c'était très subversif ! Et je ne parle de certains livres délicats dont la possession pouvait valoir la mort à leur lecteur…

[08/03/12 22:12:13] atelier_Juliette Porte: Eh oui! Du coup, je préfère qu'on reste à la librairie "dangereuse" avec les dictionnaires qui assoment les clients pendant que le libraire dort à l'entrée (pas besoin de veiller, les livres sont là! :D)

[08/03/12 22:13:27] Olivier Bleys: Et puis, les livres sont-ils à ce point désirables, aujourd'hui, qu'on veuille les voler ? Pour un auteur, de nos jours, c'est presque un compliment d'être volé !

[08/03/12 22:16:23] atelier_Juliette Porte: Les livres ont à ce point perdu leur attrait? Je suis restée dans l'idée que quand on vole un livre c'est parce qu'on ne le trouve justement pas suffisamment attrayant pour l'acheter. C'est une vision old-fashion?

[08/03/12 22:17:35] Olivier Bleys: Tu peux répondre à cette question mieux que moi ! C'est dans ta génération surtout que ces tensions s'affirment. J'appartiens encore à la culture de l'écrit, même si enfant, comme tous ceux de mon âge, je regardais beaucoup le petit écran.

[08/03/12 22:18:54] atelier_Karoliina Vesa: Finalement mon "résumé d'histoire" est achevé!

[08/03/12 22:19:03] atelier_Karoliina Vesa: Sinéad, étudiante en médecine à Mumbai, se trouve dans une situation perdant-perdant lorsque son frère reçoit le diagnose d'une maladie rare sont la cure n'est pas disponible qu'aux pays développés. Persuadée par les possibilités infinies de "l'Ouest dorée" et seul gardien de son frère, elle met toute son espoir et son argent pour s'installer à New York. Une femme éduquée et intelligente, Sinéad ne s'attendait pas à une vie facile - problèmes d'adaptation à une culture à part, racisme, problèmes économiques... Pourtant, le cauchemar le plus flagrant avère être son frère.  Pour avoir tout sacrifié - futur carrière, son pays natal, son fiancé -, il devient de plus en plus dur à Sinéad de voir son frère, persuadé de ne plus avoir beaucoup de temps de vie devant lui, sombrer dans une vie remplie par les plaisirs éphémères et sans direction de son frère. Au même temps que l'amertume de Sinéad envers son frère la pousse vers une dépression, elle tente de gagner d'argent en spéculant sur des marchés financières et, à son surprise, en a un vraie talent. Lorsque l'argent pour la remède est réuni, Sinéad n'a plus que de mépris pour son frère et, sa raison devenue flou par son état d'esprit dépressif, laisse des centaines de messages d'au secours dans un journal. C'est alors qu'elle fait connaissance de Gareth, séduisant mais curieusement prêt à aider des inconnus - de vraie souffrant d'une addiction et souhaitons s'y guérir à l'aide de Sinéad, mais finalement l'emportant avec lui dans ce monde. Comme appartnenat à plusieurs cercles de l'enfer de Dante, Sinéad s'est trompé aussi bien de ses adversaires que de la manière de s'en sortir de sa situation.

[08/03/12 22:20:00] atelier_Karoliina Vesa: Je l'imaginerai peut-être dans une forme de soit journal intime, soit tout simplement une narration au 1er personne du singulier

[08/03/12 22:23:01] Olivier Bleys: Intéressant, de mêler un échec patent (celui de la jeune femme qui a tout abandonné pour s'expatrier, et ne parvient à reconstruire aussitôt sa vie) et un succès inespéré, celui des opérations financières qu'elle entreprend.

[08/03/12 22:23:10] Olivier Bleys: Mais que devient le frère ?

[08/03/12 22:23:37] Olivier Bleys: A-t-il son traitement, ou meurt-il — peut-être non de sa maladie, mais de ses nouveaux abus ?

[08/03/12 22:25:44] atelier_Karoliina Vesa: Peut-être un peu cliché, mais après se rendre compte que sa vie continue, il se trouve stupéfait et pour un moment "sur le vide". Peut-être qu'il réussit à se créer une vie tout à fait riche et digne de respect, davantage aggravant le regret et la rancune de sa soeur

[08/03/12 22:27:07] Olivier Bleys: Idée intéressante, que celle d'un " transfert " de la sœur vers le frère, comme s'il lui avait volé sa vie, voire pompé son énergie vitale (mythe du vampire). Deux personnages aux destins croisés, et presque symétriques. Elle commence en haut, finit en bas ; lui, c'est l'opposé.

[08/03/12 22:27:40] Olivier Bleys: Mais en quoi, pour faire écho au titre, ces personnages se " trompent-ils d'enfer " ?

[08/03/12 22:28:26] atelier_Juliette Porte: Sinead s'est trompée d'enfer, je crois. C'est bien ça que tu voulais dire, Karolina?

[08/03/12 22:30:12] atelier_Karoliina Vesa: Pour Sinéad, l'enfer lui était les conditions extérieures qu'elle doit supporter pour trouver la remède pour son frère. Pourtant, elle se rend compte que l'enfer c'est sa relation avec son frère, qu'aussi bien les difficultés qu'elle rencontre avec son état d'esprit

[08/03/12 22:31:10] Olivier Bleys: DEs enfers imbriqués ! Comme, en effet, les différents cercles de Dante…

[08/03/12 22:31:27] atelier_Karoliina Vesa: Juliette: en effet! C'est vraie qu'il demeure le problème du frère qui n'adhère pas au titre en tant qu'une personnage active, plutôt comme un "objeT2

[08/03/12 22:31:52] atelier_Juliette Porte: Pas besoin que le frère adhère au titre.

[08/03/12 22:32:54] atelier_Juliette Porte: Le titre dit bien "je" et tu dis bien toi-même que tu vois le récit sous forme de journal intime ou de récit à la première personne. En tout cas, il me semble que ce n'est pas important, ça reste cohérent.

[08/03/12 22:34:34] Olivier Bleys: Il me semble qu'un autre enfer pourrait se développer autour des opérations financières. La jeune femme découvrirait dans sa relation aux " traders " et autres banquiers voyous qu'il existe des hommes vraiment sans scrupule, et qu'auprès d'eux son frère, malgré tous ses défauts, reste une " personne bien ". Cette prise de conscience tardive, alors qu'ils sont déjà fâchés, serait le citron sur la plaie…

[08/03/12 22:34:53] Olivier Bleys: Ça va mal finir, cette histoire !

[08/03/12 22:35:09] atelier_Karoliina Vesa: Oui, ca semble ainsi...

[08/03/12 22:35:12] Olivier Bleys: Le journal ou le récit à la 1ere personne serait donc signé de la jeune femme ?

[08/03/12 22:35:42] atelier_Karoliina Vesa: Puis ca serait intéressant de voir si la culture indienne (évidemment aucune homogène) a des ambiguités envers l'argent

[08/03/12 22:36:01] atelier_Karoliina Vesa: *aucunement

[08/03/12 22:36:22] Olivier Bleys: Je l'ignore. Beaucoup d'Indiens prient Ganesh pour en gagner !

[08/03/12 22:36:46] Olivier Bleys: Il ne me semble pas qu'il y ait, en Inde, un complexe de l'enrichissement comme dans l'Occident chrétien.

[08/03/12 22:37:26] Olivier Bleys: Sur ces bonnes paroles, je m'apprête à vous quitter. Bonne nuit ! Vous pouvez renouveler cet exercice des titres chez vous, quand il vous plaira. Il stimule beaucoup l'imagination…

[08/03/12 22:38:04] atelier_Karoliina Vesa: Oui, certainement une exercice à refaire

[08/03/12 22:38:05] atelier_Karoliina Vesa: Bonne nuit!

[08/03/12 22:38:28] atelier_Juliette Porte: Merci, je me suis bien amusée! Bonne nuit !

2 février 2012

Séance virtuelle n° 6 du 02/02/12 Déroulé

Séance virtuelle n° 6 du 02/02/12

Déroulé intégral de la séance du 02/02/12


[02/02/12 21:03:47] Olivier Bleys: Bonsoir
[02/02/12 21:03:53] atelier_Slakh: Bonsoir
[02/02/12 21:04:02] atelier_Karoliina Vesa: Bonsoir
[02/02/12 21:05:26] Olivier Bleys: L'hiver s'installe à Bordeaux, un hiver rigoureux dont ces latitudes atlantiques sont peu familières. Cela incite à une certaine réclusion, feu de bois, lectures… Bon temps pour les écrivains ! Et, peut-être, à la contemplation de la nature dont les impressions peuvent être rendues sous une forme d'inspiration japonaise que vous connaissez bien, le HAÏKU.
[02/02/12 21:05:58] Olivier Bleys: Vous le savez, le haïku est un genre très codifié dans son pays natal.
[02/02/12 21:08:00] Olivier Bleys: Sa brièveté fait partie des contraintes imposées. Il en existe d'autres : un thème lié à la nature, exprimant la fragilité, la vulnérabilité des êtres, l'évanescence des choses. C'est une sorte de " vanité " littéraire orientale, mais point toujours sombre.
[02/02/12 21:08:26] Olivier Bleys: Je vous invite, ce soir, à composer quelques haïkus ; - )
[02/02/12 21:09:47] Olivier Bleys: Les haïkus se prêtent bien au support électronique. Ils sont courts, donc épousent sans difficulté le format d'écran des smarphones et la cadence de lecture rapide de nos contemporains technophiles.
[02/02/12 21:10:42] Olivier Bleys: Cependant, il me semble inutile de chercher à dupliquer les haïkus traditionnels. Notre langue n'est pas structurée comme le japonais, nos sensibilités diffèrent… Pas besoin d'élaborer un mauvais pastiche.
[02/02/12 21:11:11] Olivier Bleys: Nous pouvons appeler haïkus (ou e-haïkus) des textes conçus selon les modalités suivantes :
[02/02/12 21:11:47] Olivier Bleys: > trois vers, d'un nombre de pieds indifférent mais faible (si possible cinq ou sept)
[02/02/12 21:12:09] Olivier Bleys: > une écriture sensible, portée aux détails, d'une extrême concision
[02/02/12 21:12:42] Olivier Bleys: > une inspiration libre. Toutefois, je vous suggère celle-ci : la solitude studieuse de l'étudiant(e), par un soir d'hiver rigoureux
[02/02/12 21:12:54] Olivier Bleys: Qui veut se lancer ?
[02/02/12 21:15:18] atelier_Jim Charron: bonsoir à tous
[02/02/12 21:15:21] Olivier Bleys: Bonsoir Jim
[02/02/12 21:15:37] Olivier Bleys: Tu peux jeter un œil au texte de présentation de l'atelier, ci-dessus !
[02/02/12 21:16:40] Olivier Bleys: Je commence avec ces quelques lignes, improvisées ici :
[02/02/12 21:16:53] Olivier Bleys: Au coin de la fenêtre
[02/02/12 21:17:02] Olivier Bleys: L'étoile de givre taille
[02/02/12 21:17:18] Olivier Bleys: Un angle à mon regret
[02/02/12 21:17:35] Olivier Bleys: Premier e-haïku de la soirée !
[02/02/12 21:17:45] Olivier Bleys: D'autres amateurs ?
[02/02/12 21:19:53] Olivier Bleys: Etes-vous lecteur / lectrice de poésie ? Et, spécifiquement, de haïkus ?
[02/02/12 21:20:36] atelier_Jim Charron:Meurtris de froid
Mes pensées s'exilent
Vers d'autres contrées
[02/02/12 21:21:23] atelier_Jim Charron: j'aime beaucoup la poésie mais j'avoue ne pas avoir souvent lu de haïkus
[02/02/12 21:21:33] Olivier Bleys: Est-ce délibéré que " meurtris " soit orthographié sans " e " ? Si ce sont les pensées qui sont meurtries, il en faudrait un. Mais ce peut être aussi un effet !
[02/02/12 21:21:39] atelier_Karoliina Vesa: C'est la même chose pour moi
[02/02/12 21:22:01] Olivier Bleys: Moi, non plus, je n'en avais jamais lu, jusque très récemment. C'est une amie qui m'a fait découvrir.
[02/02/12 21:22:21] Olivier Bleys: J'avoue qu'en lire plusieurs, à la suite, peut être un peu fastidieux. Et même contre-productif.
[02/02/12 21:22:31] atelier_Jim Charron: Pour "meutris" je pensais à moi et non aux pensées même si cela aurait été mieux
[02/02/12 21:22:46] atelier_Slakh: J'avais lu il y a quelques années un numéro spécial d'une revue consacrée aux haïkus
[02/02/12 21:24:04] Olivier Bleys: @Jim : alors, c'est peut-être " meurtri " sans " s " ! En tout cas, j'aime le contraste entre le premier vers, plutôt statique, introverti, centripète, et les suivants qui marquent au contraire un essor, une envolée, même si les trois sont porteurs d'une souffrance et font entendre le même gémissement.
[02/02/12 21:24:53] Olivier Bleys: @Slakh : qu'as-tu retenu de ce numéro ? Je suppose qu'il contenait des exemples. T'en rappelles-tu certains ?
[02/02/12 21:26:13] atelier_Slakh: J'ai retenu la rigidité du haïku dans le rythme des syllabes (5/7/5) ; c'était surtout pour expliquer l'histoire du haïku. Je ne me souviens plus d'exemple, par contre.
[02/02/12 21:26:34] Olivier Bleys: Autre e-haïku improvisé :
[02/02/12 21:26:42] Olivier Bleys: Au pli de la pendule
[02/02/12 21:26:47] Olivier Bleys: Les aiguilles froides
[02/02/12 21:26:52] Olivier Bleys: Entaillent la peau.
[02/02/12 21:27:01] Olivier Bleys: … réflexion sur les rigueurs de l'âge !
[02/02/12 21:27:48] Olivier Bleys: Je ne sais pas si cette cadence de 5 / 7 / 5 a vraiment du sens. Si c'est une convention orientale importée, ça n'est pas très utile.
[02/02/12 21:28:10] Olivier Bleys: Nous pourrions essayer d'autres formules, par exemple de resserrer le nombre de pieds, de vers en vers.
[02/02/12 21:28:22] Olivier Bleys: L'effet pourrait être intéressant.
[02/02/12 21:29:24] atelier_Jim Charron: là?
[02/02/12 21:29:34] atelier_Jim Charron: désolé
[02/02/12 21:29:41] atelier_Jim Charron: mauvaise manipulation
[02/02/12 21:31:15] Olivier Bleys: Exemple avec vers décroissants :
[02/02/12 21:31:18] Olivier Bleys: A la pointe des tiges (7)
[02/02/12 21:31:27] Olivier Bleys: La rosée bleue (4)
[02/02/12 21:31:42] Olivier Bleys: pleut (1)
[02/02/12 21:32:23] Olivier Bleys: @Jim : je ne comprends pas ton dernier message. Tu as posté un texte qui ne s'est pas affiché ?
[02/02/12 21:33:29] atelier_Jim Charron: je tentais, oui, mais je l'ai marqué ailleurs
[02/02/12 21:33:46] atelier_Jim Charron: Perdu dans la tempête
L'envol d'un flocon
unique
[02/02/12 21:33:54] Olivier Bleys: Intéressant !
[02/02/12 21:34:32] Olivier Bleys: " unique " a vraiment une présence, et son isolement au bout du poème lui donne beaucoup d'élan et de clarté.
[02/02/12 21:34:47] Olivier Bleys: … mais peut-être le mot est-il un peu technique.
[02/02/12 21:35:17] Olivier Bleys: " unique ", à mon oreille du moins, possède une terminaison dure, minérale
[02/02/12 21:35:39] Olivier Bleys: Ne pourrais-tu trouver un synonyme aussi expressif, mais plus fluide ?
[02/02/12 21:35:58] Olivier Bleys: Notre fidèle dico des synonymes est là pour t'aider :
[02/02/12 21:35:59] Olivier Bleys: http://www.crisco.unicaen.fr/cgi-bin/cherches.cgi
[02/02/12 21:36:09] atelier_Jim Charron: merci;)
[02/02/12 21:36:52] Olivier Bleys: Parmi les synonymes que j'ai trouvés, " inouï " par exemple, serait surprenant et assez intéressant.
[02/02/12 21:36:59] Olivier Bleys: Perdu dans la tempête
L'envol d'un flocon
[02/02/12 21:37:02] Olivier Bleys: Inouï
[02/02/12 21:37:20] Olivier Bleys: ou " parfait ", " idéal "
[02/02/12 21:37:21] atelier_Jim Charron: Inouï marque un vrai décalage je trouve, c'est intéressant
[02/02/12 21:38:05] atelier_Jim Charron: et "parfait" a quelque chose de poétique
[02/02/12 21:38:09] Olivier Bleys: oui, et dans le mot " inouï " même, dans sa sonorité, il y a quelque chose de touffu, de hérissé, de velu, qui m'évoque le flocon.
[02/02/12 21:38:37] Olivier Bleys: Et, en même temps, un scintillement, lié sans doute à la symétrie du " i ", en début et en fin de mot.
[02/02/12 21:38:43] Olivier Bleys: Une vraie trouvaille, me semble-t-il.
[02/02/12 21:39:10] Olivier Bleys: Comme le miroitement d'un flocon de neige dans une vive clarté…
[02/02/12 21:40:01] atelier_Jim Charron: oui, cela marche vraiment bien je trouve
[02/02/12 21:40:23] Olivier Bleys: Je mettrai en ligne un petit florilège de ces haïkus, pour que les autres puissent en profiter.
[02/02/12 21:40:32] Olivier Bleys: Essayons autre chose ?
[02/02/12 21:41:08] atelier_Jim Charron: oui
[02/02/12 21:41:46] atelier_Slakh: Dans la chaleur de l'étui
Repose le violon
Sommeil d'hiver
[02/02/12 21:41:48] atelier_Slakh: (J'essaie)
[02/02/12 21:43:07] Olivier Bleys: @Slakh : tu fais bien d'essayer ! Belle inspiration, je trouve. C'est une bonne idée d'ouvrir l'étui avant de décrire l'instrument à l'intérieur. " La chaleur " renvoie à " repose ", pour décrire ce qui est presque un lit.
[02/02/12 21:43:26] atelier_Jim Charron: j'aime beaucoup
[02/02/12 21:44:10] Olivier Bleys: @Slakh : d'où, cependant, une petite confusion possible ? Car un étui (ma femme est violoniste), malgré le rembourrage intérieur, c'est assez rigide, c'est une empreinte tapissée.
[02/02/12 21:44:32] Olivier Bleys: Je me demande si nous pourrions remplacer " chaleur " par un autre mot.
[02/02/12 21:44:54] Olivier Bleys: Beaucoup de candidats :
[02/02/12 21:44:56] Olivier Bleys: http://www.crisco.unicaen.fr/cgi-bin/trouvebis2?requete=chaleur&refer=&proc=2144_3685
[02/02/12 21:46:12] atelier_Slakh: Je réfléchis…
[02/02/12 21:47:49] atelier_Slakh: J'avais pensé à un mot qui évoquait l'idée de foyer, de maison (home)
[02/02/12 21:50:17] Olivier Bleys: … tu veux dire, pour remplacer " chaleur " ?
[02/02/12 21:50:31] atelier_Slakh: C'est en pensant à ça que j'avais choisi "chaleur"
[02/02/12 21:53:14] Olivier Bleys: Oui, bien sûr, ça fonctionne, mais ne crois-tu pas que ça fait partie des mots qui viennent les premiers à l'esprit, et qu'on pourrait aller plus loin, en cherchant d'autres effets ? Le problème, c'est qu'à travers nos lectures, mais aussi la télévision et tous les canaux médiatiques, nous avons acquis des tournures, des expressions toutes faites qui désormais s'imposent à nous : " la chaleur d'un foyer ", " un cœur solitaire ", " etc. La poésie permet précisément de troubler, délibérément, ce langage acquis. Cela fait partie de ses enjeux les plus nobles.
[02/02/12 21:53:47] Olivier Bleys: Bon… on ne risque rien à essayer ! Testons d'autres mots, juste pour voir.
[02/02/12 21:54:06] atelier_Jim Charron: cocon?
[02/02/12 21:54:12] atelier_Slakh: ah oui !
[02/02/12 21:54:28] atelier_Slakh: ou Enfermé dans l'étui,

[02/02/12 21:54:28] Olivier Bleys: Pourquoi pas ?
[02/02/12 21:54:38] Olivier Bleys: Dans le cocon de l'étui
Repose le violon
Sommeil d'hiver
[02/02/12 21:54:42] Olivier Bleys: Il y a un effet de rime
[02/02/12 21:54:53] Olivier Bleys: Ou simplement :
[02/02/12 21:55:07] Olivier Bleys: Dans la tiédeur de l'étui
Je berce le violon
Sommeil d'hiver
[02/02/12 21:55:49] Olivier Bleys: … juste pour tenter de faire ressortir ce que le poème a de doux, d'enveloppant, de maternel
[02/02/12 21:56:01] Olivier Bleys: On cherche une autre base ? Un autre e-haïku ?
[02/02/12 21:56:52] atelier_Slakh: j'aime bien l'effet de tiédeur, emrci
[02/02/12 21:56:53] atelier_Slakh: merci*
[02/02/12 21:57:59] Olivier Bleys: tiédeur, c'est plus doux et un peu moins usité que chaleur. Et puis, il y a un petit effet d'allitération entre Tiédeur et éTui
[02/02/12 21:58:44] atelier_Slakh: oui, ça s'entend, c'est plus joli
[02/02/12 21:59:30] atelier_Slakh: Jim, tu as des idées ?
[02/02/12 22:00:33] atelier_Jim Charron: pour ton haïkus, il me semble que tièdeur est un choix judicieux, il met bien en valeur, l'image de départ que tu as voulu décrire
[02/02/12 22:03:32] atelier_Jim Charron: Dictature du silence
Le vent qui hurle
Rebelle
[02/02/12 22:04:56] Olivier Bleys: Il y a quelque chose de très âpre, de dur et de violent dans ce poème. Cela tient aussi, me semble-t-il, aux sonorités tranchantes, heurtantes.
[02/02/12 22:05:29] Olivier Bleys: Mais auprès des deux premiers vers, qui sont à l'unisson de ce sentiment, le troisième me semble un peu… comment dire… abstrait.
[02/02/12 22:05:42] Olivier Bleys: C'est une impression personnelle.
[02/02/12 22:06:14] Olivier Bleys: Je crois qu'en général, le mot " rebelle " ne me parle pas trop !
[02/02/12 22:07:04] Olivier Bleys: C'est curieux comme, en changeant seulement un mot ou deux, comme on appuierait sur telle ou telle branche d'un mobile de Calder, on change l'équilibre entier de la construction !
[02/02/12 22:07:12] Olivier Bleys: Par exemple :
[02/02/12 22:07:17] Olivier Bleys: Âpreté du silence
[02/02/12 22:07:22] Olivier Bleys: Le vent qui hurle
[02/02/12 22:07:23] Olivier Bleys: Bestial
[02/02/12 22:07:28] atelier_Karoliina Vesa: Et hop, je me lance aussi (mon 1er haïku depuis très longtemps!)
[02/02/12 22:07:36] Olivier Bleys: On t'écoute, K !
[02/02/12 22:07:44] atelier_Karoliina Vesa: Bouquins ancrés
Alignés
Chuchotent
[02/02/12 22:08:40] Olivier Bleys: Pas mal. Le cerveau hésite à se figurer des livres ou des bateaux à l'ancre, dans un port brumeux ! Qu'est-ce qui t'a inspiré le choix de ce mot, " ancré " ? quelle image voulais-tu rendre ?
[02/02/12 22:09:37] Olivier Bleys: @Jim : en me relisant, je trouve qu' " âpreté du silence " manque son objectif. Il faut garder " dictature ", mais travailler, je crois, sur le dernier mot / vers.
[02/02/12 22:09:47] Olivier Bleys: Dictature du silence
[02/02/12 22:09:48] Olivier Bleys: Le vent qui hurle
[02/02/12 22:09:51] Olivier Bleys: A la nuit
[02/02/12 22:10:42] Olivier Bleys: [ question technique : comment faites-vous pour revenir à la ligne sans sauter une ligne ? Y a-t-il une manipulation à faire ? Je n'y parviens pas. ]
[02/02/12 22:11:27] atelier_Slakh: (shift + entrée)
[02/02/12 22:12:21] Olivier Bleys: Merci pour le tuyau !
[02/02/12 22:12:45] atelier_Jim Charron: @ Olivier: pour le dernier vers: " a la nuit" me convient vraiment, cela me fait penser à un échos. Mais alors "dictature" me semble inapproprié
[02/02/12 22:12:51] atelier_Karoliina Vesa: C'était pour donner l'image que les livres sont immobiles mais pas de leur propre volonté - au sens figuré, pour faire partie de la vie des gens et avoir effet, les gens doivent les saisir, les livres ne peuvent pas "prendre le premier pas". Une image un peu déterministe, aussi
[02/02/12 22:14:53] Olivier Bleys: @Jim : ou même " à la lune ", ce qui introduirait une confusion entre le vent et le loup.
Meute des silences
Le vent qui hurle
A la lune
[02/02/12 22:16:14] Olivier Bleys: @Karoliina : je comprends. Tu avais d'autres choix pour exprimer la même idée.

Bouquins aux arrêts     [ terme de discipline militaire, un genre de punition infligée à un soldat qui a fauté ]
Alignés
Ils murmurent
[02/02/12 22:16:59] atelier_Jim Charron: "Meute des silences
Le vent qui hurle
A la lune"
[02/02/12 22:17:05] atelier_Jim Charron: j'approuve totalement
[02/02/12 22:17:12] Olivier Bleys: @Jim : cool !
[02/02/12 22:17:14] atelier_Karoliina Vesa: Le terme des arrêts me paraît très juste (et un nouveau mot dans mon vocabulaire du francais, c'est toujours un joie!)
[02/02/12 22:17:55] Olivier Bleys: Extrait du dictionnaire, concernant les arrêts :
[02/02/12 22:17:57] Olivier Bleys: sanction disciplinaire infligée à un officier ou un sous-officier. | Mettre qqn aux arrêts. | Être aux arrêts. | Garder les arrêts. | Rompre les arrêts. | Lever les arrêts.
[02/02/12 22:18:24] Olivier Bleys: Les trois dernières expressions sont peu communes, mais les deux premières, oui.
[02/02/12 22:18:49] atelier_Karoliina Vesa: Ah je vois, merci!
[02/02/12 22:19:17] Olivier Bleys: Je m'aperçois que jouer sur deux registres (par exemple, dans le poème de Jim, le vent / les loups) confère une certaine richesse au poème.
[02/02/12 22:19:29] Olivier Bleys: Le sens se nourrit de l'ambiguïté
[02/02/12 22:19:53] Olivier Bleys: Idem : les livres, les soldats dans le poème de Karoliina
[02/02/12 22:21:58] Olivier Bleys: Un petit dernier pour la route ?
[02/02/12 22:22:04] Olivier Bleys: Qui a encore l'inspiration ?
[02/02/12 22:22:26] Olivier Bleys: Sur les yeux qui se ferment, justement, les paupières lourdes, les bâillements irrépressibles, la nuit qu'il faut habiter de tout son long !
[02/02/12 22:25:25] atelier_Karoliina Vesa: Grâcieusement
Les fleurs
Fanent
[02/02/12 22:28:07] Olivier Bleys: Ce petit poème nous permet d'imaginer, dans leur chute délicate, silencieuse, les pétales détachés après que la fleur a fané. On sent aussi la tige qui se courbe, la fleur brunie qui rapetisse, se froisse.
[02/02/12 22:29:40] Olivier Bleys: Si on voulait l'améliorer, je pense que l'adverbe " gracieusement " (s'écrit sans accent circonflexe sur le " a ", à l'inverse de " grâce ", encore une bizarrerie du français !) pourrait être remplacé par un autre, ou par une tournure mieux appropriée.
[02/02/12 22:30:07] Olivier Bleys: " gracieusement ", par exemple, pourrait-il devenir " galamment, que propose le dictionnaire des synonymes ?
[02/02/12 22:32:02] Olivier Bleys: ou, si l'on renonce à tout adverbe (forcément un peu long, un peu lourd, pour remplir le vers)… " peu à peu "

Peu à peu
Les fleurs
Fanent

Assez délicat, je trouve.
On peut trouver mieux.
[02/02/12 22:32:31] Olivier Bleys: Jouons sur les " f ", par exemple ?

Fil à fil
Les fleurs
Fanent
[02/02/12 22:32:35] atelier_Karoliina Vesa: En effet, l'omission de l'adverbe le rend beaucoup plus délicat
[02/02/12 22:34:14] Olivier Bleys: Il y a quelque chose à trouver du côté de " peu à peu ", " plus ou moins " (jolie ambiguïté), " pas à pas ", etc.
Le français propose beaucoup de ces constructions, qui me paraissent acclimatables, ici, car elles marquent souvent l'écoulement du temps qui est le motif central de ce poème.
[02/02/12 22:34:48] Olivier Bleys: Belles et pâles
Les fleurs
Fanent
[02/02/12 22:35:20] Olivier Bleys: Je te laisse y réfléchir, Karoliina ! L'heure tourne, je vais devoir me retirer de notre petite conversation.
[02/02/12 22:36:08] Olivier Bleys: En tout cas, je reste persuadé qu'il y a une voie pour des " e-haïkus " quotidiens s'affichant sur les écrans des smartphones.
Une bouffée de poésie numérique dans ce monde d'illettrés ?
[02/02/12 22:36:25] atelier_Slakh: Oh oui, il faudrait une application !
[02/02/12 22:37:09] Olivier Bleys: J'y réfléchirai de mon côté. Si des idées vous viennent (avec la fraîcheur et l'audace qui, n'est-ce pas ? caractérisent la jeunesse), parlons-en !!!
Ce serait formidable si l'atelier débouchait sur une micro-entreprise littéraire non périssable !
[02/02/12 22:37:13] atelier_Karoliina Vesa: Ca serait superbe!
[02/02/12 22:37:24] Olivier Bleys: Allez, gardons cela dans un coin de nos têtes.
[02/02/12 22:37:37] Olivier Bleys: … et reparlons-en au fil de la toile, ou lors d'un prochain atelier !
[02/02/12 22:37:51] atelier_Jim Charron: avec plaisir
[02/02/12 22:38:29] atelier_Karoliina Vesa: Bonne nuit à tous, à la prochaine!
[02/02/12 22:38:38] atelier_Slakh: Bonne nuit !
[02/02/12 22:38:41] atelier_Jim Charron: bonne nuit à tous également, à bientôt
[02/02/12 22:39:38] Olivier Bleys: Oui, bonne nuit ! Séance très sympathique ! En ligne très prochainement…

21 janvier 2012

Séance virtuelle n° 5 du 19/01/12 Déroulé

Séance virtuelle n° 5 du 19/01/12

Déroulé intégral de la séance du 19/01/12

[19/01/12 21:00:26] Olivier Bleys: Bonsoir
[[19/01/12 21:04:20] atelier_Thomas LeGuennic: oui, bonsoir
[19/01/12 21:08:23] Olivier Bleys: Ce soir, je voudrais commencer par évoquer ce projet de " livre collectif " qu'un des vôtres, Alexandre, a proposé lors de la dernière séance présentielle.
[19/01/12 21:09:17] atelier_Thomas LeGuennic: Je me souviens… à propos d' "étranges voyageurs"
[19/01/12 21:10:05] atelier_Antoine Beaur: Bonsoir
[19/01/12 21:10:12] atelier_Thomas LeGuennic: Bonsoir
[19/01/12 21:10:47] atelier_Antoine Beaur: et bonne année
[19/01/12 21:10:55] Olivier Bleys: Bonsoir Antoine, tous mes vœux également !
[19/01/12 21:10:58] atelier_Antoine Beaur: merci
[19/01/12 21:10:59] atelier_Thomas LeGuennic: Merci, toi aussi
[19/01/12 21:11:22] Olivier Bleys: J'évoquais le projet de " livre collectif " soumis par Alexandre, un des étudiants participants, lors de la dernière présentielle.
[19/01/12 21:11:48] Olivier Bleys: Je crois l'idée intéressante mais, avant d'y engager les étudiants volontaires, avant aussi de solliciter les institutions partenaires de l'atelier pour un éventuel soutien financier, il faut nous assurer… que le projet " accrochera " et sera mené à terme.
[19/01/12 21:12:23] Olivier Bleys: En deux mots, voilà ce dont il s'agit, ou plutôt l'état de nos réflexions…
[19/01/12 21:13:01] Olivier Bleys: Un vrai petit livre, publié en quelques dizaines d'exemplaires, réunissant l'ensemble des contributions de l'atelier au cours de l'année.
[19/01/12 21:13:30] Olivier Bleys: Mais un livre " pensé " dont la forme, le fond, le contenu, la structure fassent l'objet de concertations et de réflexions entre nous.
[19/01/12 21:14:14] atelier_Karoliina Vesa: Bonjour, et meilleurs voeux à tous (et désolée de mon retard)!
[19/01/12 21:14:27] Olivier Bleys: Bonjour ! Bienvenue Karoliina ! Tous mes vœux également !
[19/01/12 21:14:36] atelier_Antoine Beaur: merci, de même.
[19/01/12 21:14:37] atelier_Thomas LeGuennic: Bonne année !
[19/01/12 21:14:46] Olivier Bleys: Je poursuis sur le livre.
[19/01/12 21:15:09] Olivier Bleys: Pour ma part, je crois qu'un fil directeur, éventuellement narratif, s'impose.
[19/01/12 21:15:41] Olivier Bleys: Alexandre proposait un thème, qui permette l'unité de lieu : Bordeaux.
[19/01/12 21:15:53] Olivier Bleys: La ville, le territoire, concret ou imaginaire…
[19/01/12 21:18:11] Olivier Bleys: De mon côté (les deux propositions ne sont nullement rivales, plutôt complémentaires, et j'entendrai les vôtres avec plaisir), je songeais à une ethnographie à la fois fantaisiste, voire farfelue, et très méthodique, s'appliquant aux univers personnels dont nous sommes tous porteurs. Un personnage : l'ethnographe, un scientifique chargé d'explorer notre intimité, jusqu'aux moindres replis de notre imaginaire.
[19/01/12 21:18:59] Olivier Bleys: Un livre comme " ailleurs " d'Henri Michaux, est un exemple de cette ethnographie littéraire.
[19/01/12 21:19:13] Olivier Bleys: Mais, avant tout, est-ce que l'idée d'une publication collective vous stimule ?
[19/01/12 21:20:49] atelier_Thomas LeGuennic: Je trouve que c'est une bonne idée. Cela permet d'avoir un objectif, quelque chose de collectif et de créatif. Toutefois je suis plutôt réservé quant à ma capcité à m'impliquer (concours, etc.)
[19/01/12 21:22:12] Olivier Bleys: C'est un peu la difficulté de l'atelier, je crois : les étudiants affrontent de lourdes échéances, notamment scolaires, ce qui leur laisse peu de temps et de disposition d'esprit pour suivre un projet dans la durée. Au final, les sympathisants sont plus nombreux que les participants effectifs. Ce n'est nullement leur faute !
[19/01/12 21:23:28] Olivier Bleys: Bon. Je sais qu'Alexandre prépare un courriel dans lequel il vous exposera ce projet. Nous aurons l'occasion d'y revenir, et d'y réfléchir plus avant.
[19/01/12 21:24:03] Olivier Bleys: Ecrivons un peu.
[19/01/12 21:24:39] Olivier Bleys: Dans la lignée de l'exercice sur l'attention que je vous ai proposé la dernière fois, j'aimerais vous soumettre une idée d'activité, ce soir.
[19/01/12 21:25:24] Olivier Bleys: Pour commencer, rendons-nous sur le site Internet du Monde : http://www.lemonde.fr/
[19/01/12 21:26:03] Olivier Bleys: … et choisissons un article en une, le premier qui accroche notre regard…
[19/01/12 21:26:44] Olivier Bleys: … dans cet article, piochons une phrase au hasard, assez courte (une seule contrainte : qu'elle soit intelligible et ne soit pas extraite du " chapeau ", l'en-tête de l'article)…
[19/01/12 21:27:15] Olivier Bleys: Nous allons broder autour de cette phrase en nous livrant à une rapide, mais rigoureuse association d'idées.
[19/01/12 21:28:21] Olivier Bleys: Il s'agit, en quelque sorte, de nous livre à l'écriture automatique et de concurrencer les générateurs automatiques de texte apparus dans les années 1980 qui, à partir d'un extrait comme celui-ci, pouvait produire des lignes presque à l'infini.
[19/01/12 21:28:39] Olivier Bleys: Qui voudrait prendre part à l'expérience ?
[19/01/12 21:29:36] atelier_Juliette Porte: Bonsoir, bonne année, j'ai lu ce que j'ai manqué, et je veux bien prendre part à cette expérience! =)
[19/01/12 21:29:47] Olivier Bleys: Bonsoir Juliette, bonne année à toi aussi !
[19/01/12 21:30:17] Olivier Bleys: Nous sommes très peu, mais quelques-uns quand même, de quoi nous amuser avec les mots.
[19/01/12 21:30:33] Olivier Bleys: Bien, Juliette, quelle est ta phrase, prélevée dans le Monde ?
[19/01/12 21:31:07] atelier_Thomas LeGuennic: (Je n'avais pas compris que c'était un exercice collectif)
[19/01/12 21:31:29] atelier_Juliette Porte: "100 voix contre zéro" , c'est citation en plein milieu de l'article de une
[19/01/12 21:32:46] Olivier Bleys: @Thomas : je pensais plutôt à plusieurs exercices, simultanés. Chacun prélève une phrase, mais l'on peut intervenir sur les textes des autres. Si nous travaillons tous sur le même texte, ça deviendra très vite (trop vite) polyphonique, et l'on risque de s'y perdre.
[19/01/12 21:34:12] Olivier Bleys: @Juliette : ok, " 100 voix contre zéro ". Je te propose de définir d'emblée un cadre compatible avec cet énoncé. Il y a différentes voies (sic) : un article politique sur les élections, un score de match, un concert vocal, ou autre chose. As-tu une idée ?
[19/01/12 21:35:17] atelier_Juliette Porte: Dans l'article, le contexte est le vote d'une loi au Sénat, donc je suppose qu'on écarte le contexte d'un vote (quel qu'il soit)?
[19/01/12 21:37:01] atelier_Juliette Porte: ou alors un vote quand même? (j'avoue que cette phrase me fait tout de suite penser à un vote)
[19/01/12 21:37:02] Olivier Bleys: @Juliette : tu peux choisir d'épouser le cadre ou de t'en affranchir.
[19/01/12 21:37:20] Olivier Bleys: Sens-toi libre !
[19/01/12 21:39:09] atelier_Juliette Porte: le contexte d'un tout petit village de 100 électeurs, qui votent tous pour le même candidat à la mairie, politiquement orienté à (là je réfléchit)
[19/01/12 21:39:22] atelier_Juliette Porte: un parti extrême, droite ou gauche
[19/01/12 21:39:32] Olivier Bleys: Bien. Je suis.
[19/01/12 21:39:42] atelier_Juliette Porte: genre le Parti de France
[19/01/12 21:40:04] Olivier Bleys: Essaie de trouver un mobile commun à tous ces électeurs.
[19/01/12 21:40:13] atelier_Juliette Porte: pardon, Parti de la France (de Carl Lang)
[19/01/12 21:40:26] Olivier Bleys: Pourquoi votent-ils tous la même chose ? Le maire est-il très charismatique ? En place depuis quarante ans, et connaissant tout le monde ?
[19/01/12 21:41:02] Olivier Bleys: Ou, démagogue, proposant le doublement des salaires, la suppression des taxes et un éclairage public multicolore ?
[19/01/12 21:41:07] Olivier Bleys: D'abord, qui habite ce village ?
[19/01/12 21:43:51] atelier_Juliette Porte: Un tout petit village, je le voies plutôt à la campagne, bien rural, avec plus de vaches que de gens, donc... il faut défendre l'agriculture française, et le maire propose de moderniser l'agriculture, enfin les électeurs votent tous pour le même pour ses propositions politiques
[19/01/12 21:44:30] Olivier Bleys: Pourtant, je suppose que les autres candidats sont aussi des ruraux et donc, qu'ils défendent un programme plus ou moins convergent ?
[19/01/12 21:44:37] Olivier Bleys: Qu'est-ce qui distinguerait celui-ci ?
[19/01/12 21:45:19] Olivier Bleys: Et s'il notait plutôt le droit de vote aux animaux ?
[19/01/12 21:45:27] Olivier Bleys: Plus de vaches que de gens, ça pourrait aider.
[19/01/12 21:45:47] Olivier Bleys: Un agriculteur voterait au prorata du nombre d'animaux dans son cheptel
[19/01/12 21:48:27] atelier_Juliette Porte: C'est un vieux réac' qui propose une "protection" du village par une taxe sur les produits. Tous ceux qui voudraient acheter les produits, et qui ne seraient pas habitants, devraient payer une taxe en plus, ce qui permettrait (dans l'idée du maire) de gagner des sous et d'augmenter les rendements, etc. Alors que les autres candidats (disons deux candidats), l'un serait déjà maire depuis 40 ans et les gens en ont marre, et l'autre, à l'opposé de celui élu, serait plutôt un jeune qui ne vit pas dans le village depuis très longtemps et souhaitait une ouverture, une modernité qui ne convenait pas aux habitants
[19/01/12 21:48:45] atelier_Juliette Porte: ça fait plein de clichés d'un coup sur la France rurale! :D
[19/01/12 21:49:37] atelier_Juliette Porte: ah oui le droit de vote aux vaches, ça c'est sympa, mais seulement à partir de leur majorité (y'a pas de raison!)
[19/01/12 21:50:30] Olivier Bleys: C'est bien parti !
[19/01/12 21:50:34] atelier_Antoine Beaur: Le nombre restreint de votant me fait penser que cette histoire pourrait prendre place à une époque où le suffrage universelle n'est pas encore instauré.
[19/01/12 21:50:55] atelier_Antoine Beaur: Par exemple, en france sous la restauration.
[19/01/12 21:51:26] Olivier Bleys: Pour que la taxe ait une chance d'être appliquée, il faut que les produits du village aient quelque chose de spécial, qu'on ne trouve pas ailleurs, qu'ils soient supérieurement attractifs. Quelle pourrait être leur spécificité ?
[19/01/12 21:52:20] atelier_Juliette Porte: Les fromages sont faits avec du lait de vache QUI VOTENT, alors ça c'est la classe, ça explique tout!
[19/01/12 21:53:49] atelier_Juliette Porte: Mais sinon, c'est justement la faiblesse de l'argumentation du maire, qui croit que les gens vont continuer à acheter les produits sans se laisser décourager par la taxe, alors que finalement il propose tout simplement un repli sur lui même du village, une sorte de protectionisme enclavé dans la France
[19/01/12 21:54:19] atelier_Thomas LeGuennic: (comme un air de déjà vu…)
[19/01/12 21:54:33] atelier_Antoine Beaur: Les vaches qui votent?
[19/01/12 21:55:00] atelier_Antoine Beaur: et la marmotte, elle met le bulletin dans l'urne. Etonnant non?
[19/01/12 21:55:08] atelier_Juliette Porte: Je veux bien que ça se passe sous la restauration (mais alors le PDF n'existe pas encore). Bah oui évidemment je suis influencée par un certain programme dévoilé la semaine dernière. Mais c'est ça le principe de l'écriture automatique non?
[19/01/12 21:55:45] atelier_Antoine Beaur: (c'était une simple proposition)
[19/01/12 21:56:03] atelier_Juliette Porte: Oui oui les vaches qui votent. Un "meuh", je vote intel. Deux "meuh", je vote pour l'autre, c'est très simple :D
[19/01/12 21:56:18] atelier_Antoine Beaur: 'fectivement, j'avais pas vu çà comme çà^^
[19/01/12 21:57:15] Olivier Bleys: Ça pourrait être (assez) sérieux. Un parti très extrême soutiendrait que, puisqu'on donne le droit de vote aux étrangers, on pourrait l'offrir aussi aux animaux, dont certains (peut-être pas les vaches mais, tiens, les chiens de chasse) sont réputés pour leur intelligence.
[19/01/12 21:57:44] Olivier Bleys: Ce parti prônerait l'amour des bêtes, leur reconnaîtrait les mêmes droits qu'aux humains.
[19/01/12 21:57:47] atelier_Antoine Beaur: Peut être qu'un progrès scientifique est à l'origine de cette décision
[19/01/12 21:57:58] Olivier Bleys: Oui, plausible, d'ailleurs.
[19/01/12 21:58:40] atelier_Thomas LeGuennic: Ce sont des anti-spécistes ?
[19/01/12 21:58:57] Olivier Bleys: Des savants seraient parvenus à la conclusion que les animaux, non seulement parlent, mais conspuent ouvertement l'humanité dans leur langage. S'ils ont décidé de ne pas interférer avec la civilisation humaine, c'est par sagesse, non par soumission.
[19/01/12 21:59:13] Olivier Bleys: J'ai entendu une thèse approchante au sujet des baleines.
[19/01/12 21:59:45] Olivier Bleys: Bref, Juliette, maintenant qu'un décor est planté, nous pourrions accompagner la petite phrase prélevée dans l'article d'autres de ton invention ?
[19/01/12 22:00:57] Olivier Bleys: Exemple : " 100 voix contre zéro. C'était le résultat du premier dépouillement, achevé à vingt-heures quarante-cinq dans la salle du conseil municipal de la Grande Vareuse. " etc.
[19/01/12 22:02:57] atelier_Juliette Porte: "Aujourd'hui, votez pour la modernité, pour la nouveauté et le changement!" clamait M. Lemaire, élu à 100% des voix dans un petit village de campagne. Les habitants, séduits par sa philantropie et son amour des bêtes, l'ont en effet élu à  l'unanimité."
[19/01/12 22:03:30] atelier_Juliette Porte: heu plutôt "dans ce petit village"
[19/01/12 22:04:44] Olivier Bleys: Oui, tu peux cerner encore géographiquement, sinon le décor est un peu pâle. Soit en apportant des précisions géographiques : " dans ce petit village rural du Perche. ", soit en décrivant ce qui l'entoure : " dans ce petit village environné de champs de colza en fleurs. "
[19/01/12 22:06:04] Olivier Bleys: N'hésite pas à donner encore la parole au maire, c'est plus vivant. Par exemple " Je n'ai jamais douté de ma victoire. Ce qui se passe entre les Verdiens et moi, ce n'est pas de la politique, c'est une histoire d'amour. Et elle dure depuis onze ans ! "
[19/01/12 22:06:16] atelier_Juliette Porte: Les 101 vaches majeures plaisiblement installées dans les plaines qui entourent le village sur plus de 40 hectares à la ronde, se sont immédiatement vues reconnu le droit de vote, dès les prochaines élections.
[19/01/12 22:07:01] Olivier Bleys: L'idée qu'une vache dispose du droit de vote n'est pas commune. Donc, il faut l'introduire.
[19/01/12 22:08:19] Olivier Bleys: Avec une formule qui marque l'incongruité de la situation : " Le suffrage universel s'applique-t-il aux animaux ? Le nouveau maire est de cette opinion qui, compte bien, dès le début de sa magistrature, introduire dans le code municipal cette réforme d'ampleur. " etc.
[19/01/12 22:09:27] atelier_Juliette Porte: "Il me semble extrêmement important d'accorder ce droit aux animaux qui nous accompagnent si fidèlement depuis tant d'années, clamait M. Lemaire encore un jour avant les élections. Elles sont douces, calmes, et bien plus intelligentes que les citadins de visite, tel que mon concurrent, le pensent. Elles sauront faire le bon choix lors des élections à venir, qui rappelons-le, seront cette fois des élections nationales, puisqu'il s'agira d'élire notre président de la République."
[19/01/12 22:10:00] Olivier Bleys: Ça fonctionne ! Et c'est drôle !
[19/01/12 22:10:27] atelier_Juliette Porte: Le journal poursuit: "Le conseil constitutionnel a déjà aggréé à la mise en acte de cette proposition, qu'il trouve en parfaite compatibilité avec la constitution et particulièrement en avance sur son temps
[19/01/12 22:10:31] Olivier Bleys: Il faudrait reprendre tous ces éléments pour aboutir à un texte uni, et travailler alors les transitions.
[19/01/12 22:12:02] Olivier Bleys: Pour dramatiser le sujet, introduire du conflit et donc fixer l'intérêt du lecteur, je suggère de créer des opposants, d'ouvrir une polémique. Le conseil constitutionnel ne peut immédiatement donner son aval, ou alors, il doit affronter la lever de boucliers de certains parlementaires, ainsi que d'associations comme l'Union rationaliste.
[19/01/12 22:12:36] Olivier Bleys: Notamment, l'allusion du maire aux " citadins en visite " pourrait être un point de crispation.
[19/01/12 22:13:04] Olivier Bleys: Et s'il évoquait directement les Parisiens qui ne respectent rien, qui garent leurs grosses berlines n'importe où et nous parlent comme à des demeurés ?
[19/01/12 22:19:05] atelier_Juliette Porte: Dans ce cas, l'article poursuivrait: " Le principal ex-concurrent de M. Lemaire, dont le nom échappe au rédacteur du présent article (nous espérons que les lecteurs voudront bien nous pardonner ce regrettable oubli), s'est senti particulièrement offensé par l'attaque de notre nouveau le décrivant comme un "parigot du 18è", arguant qu'il vient du 19è, et plus encore par l'attaque concernant sa voiture qui ne compte pas 15 places, mais 12. Extrêmement vexé, il a à son tour répliqué en traitant M. Lemaire de "Monsieur "Meuh"", ce qui est, avouons-le en toute équité, fort peu élégant
[19/01/12 22:19:40] atelier_Juliette Porte: Bon je travaille pas les transitions, mais pour revenir sur le conseil constitutionnel:
[19/01/12 22:19:47] Olivier Bleys: oui…
[19/01/12 22:21:18] Olivier Bleys: Ce pourrait être intéressant de donner une dimension européenne, voire internationale à cette affaire. La décision du conseil constitutionnel pourrait servir à fonder un nouveau droit des animaux. Le petit maire de ce village perdu deviendrait une vedette, un porte-parole de la gent animale !
[19/01/12 22:21:25] Olivier Bleys: Voire le nouvel époux de Bardot ?
[19/01/12 22:21:39] atelier_Juliette Porte: "Les tensions parmi les parlementaires étaient aussi bien présentes: les plus réactionnaires d'entre eux ont bien insité sur le fait que les vaches devaient non seulement être majeures, mais également vaccinées, avant de se voir accorder le droit de vote.
[19/01/12 22:24:21] Olivier Bleys: Quelqu'un pourrait soulever la question des maladies animales, particulièrement la maladie de la vache folle qui, note-t-il, menace la lucidité du vote.
[19/01/12 22:24:30] atelier_Juliette Porte: Ils ont aussi exprimé leur point de vue à propos des autres mesures phares de M. Lemaire, notamment à propos de la taxe qui doit être imposée sur les produits villageois à tous les acheteurs non-verdois. Le montant de cette taxe initialement prévu était de 25%, mais ils estimaient ce pourcentage trop élevé et il a été réduit, à la satisfaction générale et grâce à l'extrême complaisance du nouveau maire, à 24'5%
[19/01/12 22:25:03] Olivier Bleys: Très drôle !
[19/01/12 22:25:38] Olivier Bleys: Tu devrais cibler plus précisément ces produits, voire les énumérer, pour qu'on s'en fasse une image. De quoi s'agit-il ? Seulement produits agricoles ?
[19/01/12 22:26:24] atelier_Juliette Porte: L'argent ainsi collecté par le village permettra à celui-ci de moedrniser son agriculture mais surtout d'acquérir des vaccins contre la vache folle, fabriqués en Ethiopie par des salariés qui ne sont pas majeurs puisqu'ils ont 12 ans.
[19/01/12 22:26:36] Olivier Bleys: Ou reste-t-il une manufacture de quelque chose (prothèses mammaires ? préservatifs ? crucifix en plastique moulé ?) qui fait encore travailler une dizaine de personnes, et possède des clients dans le monde entier ?
[19/01/12 22:31:19] atelier_Juliette Porte: Du coup, par philantropie pure, M. Lemaire a décidé de faire importer ses vaccins non pas d'Ethiopie mais du japon. Il s'est heurté à un nouveau problème: les japonnais, ignorant ce qu'est une vache (encore des citadins), ont tout bonnement refuser l'exportation de leur vaccins. Il semble que le droit des animaux ne soit pas une valeur encore universellement reconnue partout dans le monde. Alors, en désespoir de cause, M. Lemaire s'est tourné vers un partenaire européen, la Suède. La Suède a prêté une oreille attentive aux réclamations de M. lemaire et a bien volontier vendu les vaccins -nos vaches bien aimées pourront mourir en paix dans nos champs de colzat.
[19/01/12 22:32:18] Olivier Bleys: En outre, les Japonais pêchent la baleine au mépris du droit international, ce que M. Lemaire, bafoué, n'a pas manqué de leur rappeler — source d'un grave incident diplomatique entre nos deux pays.
[19/01/12 22:32:59] Olivier Bleys: Le temps va nous manquer pour travailler les transitions mais, après avoir réuni toutes ces idées, comme tu prendrais des notes en vrac sur un carnet, je te propose d'établir une sorte de plan pour les mettre en ordre.
[19/01/12 22:33:11] Olivier Bleys: Ce serait le plan de l'article.
[19/01/12 22:35:06] Olivier Bleys: Pour information, dans les années 1980 est paru un livre, " L'écriture créative " de Louis Timbal Duclaux, aux éditions Retz, qui indiquait plusieurs méthodes destinées à stimuler la créativité rédactionnelle. Cet ouvrage inclut quelques propositions intéressantes — comment, par exemple, former une " galaxie de mots ", à la fois ouverte et ordonnée, autour d'une idée-germe.
[19/01/12 22:35:14] Olivier Bleys: C'est un peu ce que nous faisons ce soir…
[19/01/12 22:35:27] Olivier Bleys: Nous stimulons nos cerveaux droits !
[19/01/12 22:35:41] Olivier Bleys: Mais revenons à ton texte, Juliette.
[19/01/12 22:35:52] Olivier Bleys: Voilà une ébauche de plan, ou plutôt un début :
[19/01/12 22:37:08] Olivier Bleys: 1 / description " mise en scène " du premier contact avec le maire, rencontré pour l'interview. " Au seuil d'une vieille ferme délabrée, un homme entre deux âges, moustache gauloise et œil rieur, nous accueille en bleu de travail "
[19/01/12 22:38:13] Olivier Bleys: 2 / début du témoignage du maire, livrant ses sentiments après l'élection : " ma vie a changé. Rien ne sera plus comme avant. Mes amis sont devenus des administrés. L'avenir nous appartient mais maintenant, il faut relever nos manches ! "
[19/01/12 22:40:09] Olivier Bleys: 3 / on élargit le cadre en introduisant un rapide portrait géographique et économique de la région et du village : " Les mots de M. Lemaire résonnent avec une particulière acuité dans cette région rurale, où plus de la moitié de la population travaille aux champs. Ici, tous les jeunes veulent reprendre l'exploitation familiale, qui… "
[19/01/12 22:40:27] Olivier Bleys: … que verrais-tu ensuite ? Tu peux l'exposer de façon plus concise que moi !
[19/01/12 22:42:42] atelier_Juliette Porte: 4/ le déroulement de l'élection, avec un bref retour sur le clash entre ruraux/citadins, et une transition "M. J'ai-oublié-son-nom proposait une politique qui ne vaut même pas la peine d'être exposée, à l'opposée de M. Lemaire qui, en amoureux des bêtes, a accordé le droit de vote aux vaches de notre belle contrée"
[19/01/12 22:42:59] atelier_Juliette Porte: 5/ L'histoire avec le conseil constitutionnel
[19/01/12 22:43:13] Olivier Bleys: Ok
[19/01/12 22:45:59] atelier_Juliette Porte: 6/ Une conclusion sur l'incident diplomatique qui prend une tournure mondiale, avec les japonnais pas contents, l'europe qui se réunit et qui est divisée, finalement, il est encore trop tôt pour dire comment finira cette histoire mais l'article peut faire des hypothèses comme "une probable sortie de l'union de la France et de la Suède, qui serait peut-être suivie par un éclatement de la zone entière"
[19/01/12 22:46:39] Olivier Bleys: Oui, j'aime beaucoup cette fin cataclysmique. Comment, partant d'un village sans histoire, on met la planète en ébullition !
[19/01/12 22:47:05] atelier_Thomas LeGuennic: ça veut dire qu'il ne faut pas que les vaches acquièrent le droit de vote ?
[19/01/12 22:47:26] Olivier Bleys: Ce peut être amusant de donner une ampleur extra-humaine à cette histoire : faire parler les vaches, leur confier des responsabilités, c'est remettre la nature en jeu.
[19/01/12 22:47:31] Olivier Bleys: ou plutôt dans le jeu
[19/01/12 22:48:49] Olivier Bleys: @Thomas : je ne sais pas si les vaches doivent voter ! Il me semble qu'elles ne voteraient pas plus légèrement que certains de nos concitoyens. On lit tous les jours des choses étonnantes au sujet des vaches. J'ai appris récemment que, dans les champs, elles s'alignaient sur les champ magnétique terrestre, ce que révèlent, paraît-il, les prises de vue aériennes.
[19/01/12 22:49:21] atelier_Thomas LeGuennic: Diantre !
[19/01/12 22:50:11] Olivier Bleys: Une chose est sûre (conclusion humoristique possible pour l'article de Juliette) : avec deux ou trois taureaux de son côté, M. Lemaire dispose d'un parti viril qui ne craint plus les bagarres après l'annonce des résultats, et d'un service d'ordre à toute épreuve.
[19/01/12 22:50:23] atelier_Antoine Beaur: héhé
[19/01/12 22:50:52] Olivier Bleys: Mais quelqu'un pourrait lancer un nouveau : " mort aux vaches " !
[19/01/12 22:51:45] atelier_Juliette Porte: Et l'année prochaine, les vaches pourraient faire basculer le vote d'un côté ou de l'autre.
[19/01/12 22:52:15] atelier_Juliette Porte: Ou alors, lors des élections à la mairie suivante, elles pourraient voter contre M. Lemaire
[19/01/12 22:52:18] atelier_Antoine Beaur: L'Inde prendra probablement une position radicale sur la scène internationale
[19/01/12 22:53:02] Olivier Bleys: @Juliette : oui, et du coup, les éleveurs les soigneraient comme des bêtes à concours. Etables chauffées, pâturages climatisés, nourriture abondante, massages des pis…
[19/01/12 22:53:23] atelier_Juliette Porte: Pour un candidat qui leur retire aussitôt ce droit, ce qui prouverait qu'en fait, elle ne votent pas plus intelligemment que les gens, et que la fin de l'UE a eu pour origine une polémique qui n'avait pas lieu d'être
[19/01/12 22:54:10] Olivier Bleys: Vous êtes en train de transformer l'article en fable animalière, digne de la Fontaine ! Curieux comme avec les bêtes, la morale s'invite tout naturellement…
[19/01/12 22:54:40] atelier_Juliette Porte: Antoine: Oui et les Etats Unis, qui seraient pour la France (obligés, ils gracient bien une dinde tous les ans!)
[19/01/12 22:55:02] Olivier Bleys: @Juliette : si le candidat trahit sa parole, les vaches pourraient se venger d'une façon plus brutale que les électeurs humains, rôdés à la trahison de leurs édiles, et qui en ont vu d'autres.
[19/01/12 22:55:38] Olivier Bleys: Avec les Etats-Unis, se poserait la question des vaches transgéniques.
[19/01/12 22:55:45] Olivier Bleys: Et de l'eugénisme animalier
[19/01/12 22:56:03] Olivier Bleys: … jusqu'au jour, bien sûr, où une vache se présenterait aux élections humaines !
[19/01/12 22:56:16] Olivier Bleys: Comme pour certaines maladies, la barrière inter-espèces serait franchie !
[19/01/12 22:56:31] Olivier Bleys: Ce n'est plus un article, c'est un livre que nous sommes en train de développer !
[19/01/12 22:56:39] atelier_Juliette Porte: ça dépend, si on imagine qu'en fait, les vaches ne sont pas intelligentes: en fait elles votent au pif, sans comprendre ce qu'on leur demande, et il s'avère qu'elles élisent sans le vouloir ni le savoir, un candidat qui n'en a rien à faire du droit de vote des vaches
[19/01/12 22:57:19] atelier_Juliette Porte: Mais l'idée des vaches intelligentes est sans doute plus intéressante puisqu'elle permet d'aller plus loin
[19/01/12 22:57:43] atelier_Antoine Beaur: Faut pas aller trop loin non plus si çà doit loger dans un article
[19/01/12 22:58:28] Olivier Bleys: Ce pourrait être un dossier. Le sujet est assez étonnant pour mériter un développement plus long !
[19/01/12 22:58:32] atelier_Juliette Porte: Mais imaginons que les hommes croient deviner leur "langage", et croient que l'une d'elle veut se présenter, et interprètent leur vote comme pour la vache: la vache devient maire du village
[19/01/12 22:59:05] atelier_Juliette Porte: en fait on peut aller très loin même en restant dans l'idée de vaches tout à fait normales
[19/01/12 22:59:14] atelier_Antoine Beaur: Le vrai défi serait d'essayer de résumer tout cela en une seule dépêche AFP
[19/01/12 22:59:23] Olivier Bleys: Chiche ?
[19/01/12 22:59:36] Olivier Bleys: quelle longueur standard pour les dépêches AFP ?
[19/01/12 23:00:30] atelier_Juliette Porte: entre 5 et 10 paragraphes de 3 à 5 lignes
[19/01/12 23:00:53] atelier_Antoine Beaur: Je pensais cela plus court.
[19/01/12 23:00:57] atelier_Juliette Porte: je crois que c'est à peu près la moyenne
[19/01/12 23:01:40] atelier_Juliette Porte: Oui, je viens d'en voir plusieurs c'est vrai en fait c'est plus court
[19/01/12 23:02:10] atelier_Juliette Porte: les paragraphes font 3 lignes, et il y en a 6 ou 7
[19/01/12 23:02:43] Olivier Bleys: Il est un peu tard, ce soir, pour entamer ce travail de synthèse. Du moins de mon côté. Mais si quelqu'un veut relever le défi, c'est volontiers !
[19/01/12 23:03:10] atelier_Juliette Porte: Je veux bien, mais pour moi c'est pareil, pas ce soir
[19/01/12 23:04:01] atelier_Juliette Porte: C'est à dire qu'il faut enlever toutes les fioritures, le texte ne sera pas du tout semblable à celui qu'on vient d'écrire
[19/01/12 23:04:21] Olivier Bleys: Au demeurant, l'objectif de la petite construction mentale à laquelle nous nous sommes livrés, ce soir, n'était pas d'ordonner nos idées — ou très superficiellement —, plutôt de les laisser courir, de sonder le plus loin possible les thèses qui émergeaient spontanément…
[19/01/12 23:05:15] Olivier Bleys: Bref, d'exercer l'hémisphère du droit du cerveau, qu'un assez large consensus scientifique désigne comme celui des activités créatives, de l'imagination, de la fantaisie…
[19/01/12 23:06:34] atelier_Antoine Beaur: oui. En y réflechissant, c'est un exercice que je pratique déjà régulièrement grâce au Jeu de Rôle, création/improvisation de scénario oblige.
 [19/01/12 23:11:16] Olivier Bleys: C'est une idée, pour une prochaine séance virtuelle. Le jeu de rôle est une construction narrative modulaire, avec des choix opérés par les personnages qui affectent l'histoire… Tout à fait dans nos cordes.
 [19/01/12 23:15:04] Olivier Bleys: Sur ces bonnes paroles, je m'apprête à vous quitter. Passez une excellente fin de soirée.
[19/01/12 23:15:13] atelier_Antoine Beaur: de même
[19/01/12 23:15:17] atelier_Antoine Beaur: et merci
[19/01/12 23:15:27] atelier_Juliette Porte: merci, bonne soirée!
[19/01/12 23:15:28] atelier_Thomas LeGuennic: Bonne soirée, merci !


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